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Le sexe: un emploi comme les autres?

Web-Rotonde
11 février 2013

– Par Camille Lhost – 

Stigmatisés et dénigrés, les travailleurs et travailleuses du sexe se cachent pour effectuer leur travail. D’autant plus à l’université, où certains étudiants proposent des services sexuels, des massages érotiques ou des services d’escorte pour payer leurs études sans s’endetter. Une façon de gagner en une soirée ce que d’autres empochent en une semaine.

« La prostitution est le plus vieux métier du monde, mais il est stigmatisé et tabou, c’est pour cette raison qu’on en parle très peu », affirme Frédérique Chabot, membre de l’Association POWER (Prostitué-e-s d’Ottawa-Gatineau, travaillent, éduquent et résistent). Elle explique la difficulté pour ces travailleurs de se faire accepter et respecter. « Nous agissons pour défendre leurs droits comme tout travailleur et nous combattons la violence dont certains sont victimes », poursuit-elle.

Légal ou illégal?

Au Canada, la prostitution est illégale. Les maisons privées ne peuvent pas faire office de lieux de travail. Un travailleur du sexe ne peut pas non plus louer un condo ou un motel pour y proposer ses services et y inviter des clients. Il est également illégal de dépenser les revenus récoltés par la prostitution dans des frais liés aux enfants ou au conjoint. « C’est-à-dire que le travailleur ou la travailleuse du sexe doit uniquement dépenser l’argent qu’il gagne dans ses propres affaires », explique Mme Chabot.

Depuis plusieurs années, un projet de loi concernant la prostitution est discuté par le gouvernement. Mais ce dernier « fait des lois sans consulter les intéressés », poursuit-elle. Les membres de l’Association POWER espèrent qu’une réelle décision sera mise sur pied dans la prochaine année.

Un tabou social

Les travailleurs et travailleuses du sexe cachent souvent leur situation à leurs proches et leur racontent qu’ils ou elles travaillent dans des restaurants, comme le rapporte un article du blog Madmoizelle.com.

Avec l’aide du club Students for Sex Worker Rights de l’Université d’Ottawa (U d’O), POWER organise régulièrement des conférences et des ateliers de sensibilisation et d’éducation à la question des travailleurs et travailleuses du sexe. Céline Courchesne, membre du club, note que ces journées sont enrichissantes et pertinentes car « des membres sont des travailleurs et des travailleuses du sexe et ils racontent leurs expériences personnelles. » Elle encourage tous les citoyens à « essayer de comprendre leurs motivations et à les respecter comme tout autre travailleur. »

Se prostituer pour payer ses études

Aucun chiffre, ni aucune statistique sur le travail du sexe ne sont rendus officiels par le gouvernement. Comme le trafic humain ou le marché de la drogue, tous les citoyens connaissent le phénomène de la prostitution, mais personne ne sait exactement combien de personnes sont concernées. Toutefois, Mme Chabot croit que  « plus de monde que l’on imagine » sont des travailleurs et travailleuses du sexe.

Quelles sont les motivations qui poussent ces étudiants à se prostituer? Payer ses études est la réponse qui arrive spontanément aux lèvres de Mme Courchesne. « C’est une source de revenu très rapide. En une soirée, un travailleur ou une travailleuse du sexe gagne le salaire que ses collègues empochent en une semaine. » Mme Chabot renchérit en précisant que « parfois, cette solution est meilleure que les autres car elle ne nécessite pas un horaire fixe et correspond aux modes de vie des étudiants. »

Une seconde réponse vient appuyer la première: « Tout simplement parce que les travailleurs et travailleuses du sexe aiment cela », ajoute Mme Chabot. « Quand on prend l’habitude de travailler dans le marché du sexe, c’est difficile de retourner faire des heures de bureau ensuite. »

« Il faut considérer le travail du sexe comme une question morale plutôt que comme une pratique sociale », conclut Mme Courchesne.

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