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Éditorial

M. Rock, nous cacheriez-vous des choses?

Web-Rotonde
25 février 2013

– Comité éditorial de La Rotonde – 

L’Université d’Ottawa (U d’O) a grandement profité, ces dernières années, d’un relatif silence médiatique autour de toute l’affaire Denis Rancourt. Et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, il s’agit d’un cas plutôt complexe s’étalant sur plusieurs années, avec divers acteurs, de multiples implications et plusieurs coups de théâtre. Ensuite, l’U d’O a fait preuve d’une grande habileté à minimiser cette affaire par la promotion d’une version officielle où le professeur Rancourt serait un mélange entre un fauteur de trouble en crise de la cinquantaine et un savant fou. Nous exagérons à peine, puisque quelques mois avant son congédiement, M. Rancourt recevait une lettre du doyen de la Faculté des sciences, André Lalonde, où ce dernier exprimait des inquiétudes sérieuses quant à l’état de santé mentale du professeur de physique. Finalement, quand l’U d’O emploie une employée du Fulcrum, Maureen Robinson, pour espionner un individu envers qui elle reconnaît avoir un ressentiment personnel, on peut légitimement en déduire que M. Rancourt n’aura pas droit à un traitement de faveur dans les pages du journal anglophone. Jusqu’à tout récemment, La Rotonde a également peu couvert les épisodes de l’affaire Rancourt.

BIPP!

Après toutes ces années, peut-être une certaine lassitude s’installe autour de toute cette affaire, mais cela ne devrait pas nous distraire du fait que des enjeux majeurs sont mobilisés par tout ceci. Denis Rancourt accuse l’U d’O d’avoir entrepris un BIPP, un bâillon imposé à la parole publique, à son encontre. Un BIPP, pratique illégale au Québec depuis 2009, mais toujours légale en Ontario, est l’une des stratégies juridiques les plus odieuses qui soit. En lançant ainsi un BIPP, l’U d’O cherche à étouffer financièrement et tuer politiquement un Rancourt trop gênant qui encouragerait un peu trop à remettre en question la structure hiérarchique universitaire, l’oppression systémique ou encore la corporisation du savoir.

Allan Rock, le recteur de l’U d’O, et ses collègues ont carrément été répugnants dans leur gestion de tout ceci, non seulement à l’égard de M. Rancourt, mais aussi en raison de l’exploitation qu’ils font de la question du racisme. Si M. Rock et sa bande se souciaient vraiment du racisme sur notre campus, ils auraient pris le temps de lire sérieusement le contenu du rapport du Centre de recours étudiant (CRÉ), plutôt que de passer en mode panique pour sauver la face de l’U d’O. Le racisme subsiste dans nos sociétés en raison de gens comme Joanne St. Lewis, ces native informants qui banalisent et légitiment l’oppression en la niant.

Et puisque cette administration est sans gêne, elle a accordé à Mme St. Lewis un budget illimité pour poursuivre, avec notre argent, M. Rancourt. Ils se sont même chargés de lui trouver un avocat. L’un des plus chers et des plus réputés d’Ottawa. De fait, pas n’importe qui, puisque Me Richard Dearden a déjà représenté Stephen Harper. Et l’U d’O a été malhonnête en dissimulant la vérité sur son implication dans cette poursuite. Et aujourd’hui, cet avocat fier-à-bras fait la loi et est au-dessus de celle-ci en distillant les menaces et en répandant un terrorisme juridique sur notre campus. Joseph Hickey, pour avoir osé demander que le recteur s’explique publiquement sur le financement d’une poursuite privée, et Mireille Gervais, pour avoir voulu rétablir des faits, ont pu y goûter.

Et on nous explique éventuellement que ce budget illimité, provenant en grande partie de nos frais de scolarité, est justifiable au nom de l’antiracisme. Parce que tout le monde sait que M. Rancourt est un agent dormant du Klu Klux Klan et que M. Rock mène ici une croisade sincère pour nous débarrasser de ce fléau. Quelle noblesse! Non, mais de qui se moque-t-on ici? Surtout que, rappelons-le, tout ceci a commencé par le refus de l’U d’O de prendre les recommandations du rapport du CRÉ au sérieux.

Allan Rock is watching you

Il est un peu inquiétant de voir si peu de gens s’indigner du fait que l’U d’O ait payé une étudiante pour espionner M. Rancourt et ses étudiants. Comme si les efforts de l’U d’O en vue de marginaliser M. Rancourt avaient donné des résultats. On a de la difficulté à comprendre que ce qui est arrivé à M. Rancourt peut nous arriver aussi. Même le Syndicat canadien de la fonction publique section locale 2626, une organisation soi-disant progressiste et dont certains membres étaient sous surveillance, ne conteste pas l’essence du principe de surveillance et s’est contenté de demander à ce que les résultats de cette surveillance ne se retrouvent pas dans les dossiers des employés

L’U d’O a créé une culture de délation où ce genre de pratique est désormais légitime. La vie privée? La liberté académique? Ce ne sont pas les priorités de l’administration.

Que ce soit au niveau du BIPP entrepris contre M. Rancourt que des pratiques d’espionnage de l’U d’O, le fil conducteur demeure l’absence de transparence de l’U d’O, l’obsession à vouloir toujours tout dissimuler et la politique du « sans commentaires ». On pourrait rêver de voir M. Rock reconnaître publiquement toutes ces pratiques douteuses, mais, comme nous l’avons vu, la transparence n’a jamais été son point fort.

Nous sommes étudiants. Nous sommes ici pour nous donner les moyens de réaliser nos rêves. Nous payons toujours plus, nous nous endettons toujours plus. Et pourquoi, M. Rock? Poursuivre ainsi M. Rancourt après une situation créée par vous-même en raison de votre obstination dans le déni. Trouvez-vous cet usage des ressources responsable et justifié, M. Rock ?

Et qu’allez-vous faire maintenant M. Rock? Nous envoyer vos avocats, que nous payons pour vous, ou bien prendre vos responsabilités et, pour une fois, faire preuve de transparence!

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