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Vers une université franco-ontarienne?

Web-Rotonde
25 novembre 2013

– Par Samuel Lafontaine –

Lancés le 23 mai 2013, les États généraux sur l’éducation postsecondaire en Ontario français, organisés par le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) et l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), arrivent à la fin d’une période cruciale. En effet, le 30 novembre prochain se terminera à Ottawa la tournée de consultations régionales entamée le 19 octobre dernier. Avec cette tournée, les organisateurs ont tenu des séances de consultations à Timmins, Sudbury, Toronto, Windsor, Thunder Bay et Ottawa afin d’entendre ce qu’avait à dire la communauté franco-ontarienne sur l’accessibilité à des programmes de niveau collégial et universitaire dans la langue de la minorité. Si au niveau provincial 22 % des programmes postsecondaires sont offerts en français, il existe un grand écart entre les régions. Par exemple, dans l’Est et le Nord ontarien, plus du tiers des programmes sont disponibles en français, alors que seulement 3 % des programmes sont disponibles dans cette langue dans la région du centre-sud-ouest de la province. De plus, certains programmes n’offrent qu’une ou deux années de baccalauréat en français, le reste du bac devant être complété en anglais ou à l’extérieur de la région.

Il s’agit de la première consultation de grande envergure auprès de la communauté franco-ontarienne sur l’avenir du postsecondaire en Ontario français et sur la possibilité de créer une université entièrement francophone dans la province, depuis plus de vingt ans.

Les participants à cette dernière consultation régionale se réuniront le samedi 30 novembre à Ottawa sur le campus de La Cité collégiale entre 9 h et 17 h. Alors que 70 personnes s’étaient déplacées pour la consultation à Timmins, 85 pour celle à Sudbury, et 105 pour celle à Toronto, la consultation de la région de la capitale nationale aurait atteint « près de 200 personnes déjà inscrites », selon Diego Elizondo, membre du  Conseil d’administration du RÉFO. Aucun frais d’inscription n’est exigé pour participer à cet évènement ouvert au public.

Au cours des consultations précédentes, l’accessibilité aux études postsecondaires en français ainsi que la gouvernance ont été les thématiques les plus abordées. L’idée de créer une université entièrement francophone, avec plusieurs campus à travers différentes villes, une idée inspirée du réseau des Université du Québec, a été particulièrement débattue par les participants des régions du nord et du centre-sud-ouest. Le président de l’AFO, Denis Vaillancourt, a affirmé à plusieurs reprises dans les médias que « comme le Nouveau-Brunswick, l’Ontario mérite d’avoir son institution universitaire [en français] » et qu’après avoir obtenu les Conseils scolaires pour l’éducation élémentaire et secondaire ainsi que pour les collèges en français, la communauté franco-ontarienne devrait aller chercher « le dernier maillon » de son système éducatif.

Pour sa part, Joël Boisvert, étudiant francophone originaire de Plantagenet et étudiant de l’Université d’Ottawa (U d’O), souhaite voir une meilleure accessibilité à l’éducation postsecondaire francophone. « Je suis francophone et j’ai une préférence pour étudier en français, même si je suis bilingue. J’aurais été prêt à déménager ailleurs en Ontario ou au Québec pour étudier dans ma langue maternelle. » Lorsqu’interrogé sur le manque de programmes en français en Ontario, il répond que « c’est plutôt le peu de choix de section qui [le] dérange. Les étudiants anglophones à l’U d’O ont un plus grand choix pour faire leur horaire et pour choisir leurs professeurs » et il se montre intéressé à l’idée d’une université franco-ontarienne.

De son côté, Carolle McLean, étudiante en travail social au Collège Boréal à Timmins, se montre enthousiaste à propos d’une université de langue française. « [C’est une] très bonne idée! », lance-t-elle. « Je m’exprime et je comprends beaucoup mieux en français ». Après ses deux ans au Collège Boréal, Mme McLean souhaite poursuivre au baccalauréat en travail social à l’Université de Hearst, le seul établissement offrant seulement des programmes universitaires dans la langue de Molière en Ontario. Hearst est affilié à l’Université Laurentienne, un établissement bilingue.

Les États généraux font suite au rapport d’un comité d’experts indépendants qui avait recommandé au gouvernement de l’Ontario en janvier 2013 d’investir dans l’ouverture d’un collège et d’une université autonome de langue française dans le sud de l’Ontario pour résoudre le problème du peu de programmes offerts en français dans la région. Ce rapport du comité faisait lui-même suite à un rapport du commissaire aux services en français, François Boileau, datant de juin 2012.

Après la tournée de consultations régionales, se tiendra un sommet provincial à Toronto au début de l’année 2014 en prévision de la remise d’un plan d’action au gouvernement provincial de l’Ontario concernant l’avenir de l’éducation postsecondaire pour la communauté franco-ontarienne. Le plan d’action vise à développer des politiques concrètes pour les années 2015 à 2025.

Loin d’être une idée récente, la création d’une université franco-ontarienne avait notamment été proposée en 1990 par les néo-démocrates de Bob Rae, lors de la campagne électorale provinciale, mais ils n’ont pas réalisé leur promesse lors de leur passage au gouvernement entre 1990 et 1995. L’actuelle première ministre libérale, Kathleen Wynne, s’est engagée à s’intéresser au problème sans pour autant promettre la construction d’une université. Une possibilité qu’elle semble exclure, à moins qu’un consensus ne se développe dans la communauté. C’est ce consensus que recherchent les groupes derrière l’organisation des États généraux.

Les prévisions démographiques prédisent qu’en 2020, la moitié des Franco-Ontariens vivront dans le sud de la province. Il s’agit de la région ontarienne dans laquelle la portion démographique de francophones croit le plus rapidement.

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