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États généraux du postsecondaire francophone : Plusieurs options à l’étude

Web-Rotonde
2 décembre 2013

– Par Samuel Lafontaine –

La dernière étape des consultations régionales des États généraux sur l’éducation postsecondaire en Ontario français se tenait samedi dernier à La Cité collégiale d’Ottawa. Environ 200 personnes étaient présentes à cette consultation pour discuter de l’avenir des Franco-Ontariens en matière éducationnelle. Les commentaires des participants furent variés, mais un consensus semble se créer autour du besoin d’un plus grand nombre de programmes d’études postsecondaires en français dans la province.

Après une petite heure de discours tenus par les coprésidentes du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), Geneviève Latour et Isabelle Gagnon, ainsi que par Denis Vaillancourt, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), la militante francophone de longue date Jacqueline Pelletier et le coordonnateur du RÉFO, Alain Dupuis, les discussions entre les participants ont pu commencer.

Il y avait trois thématiques sur lesquelles pouvaient s’exprimer les participants, soit l’accès aux programmes en français, la gouvernance des institutions postsecondaires et le recrutement et la rétention des jeunes du secondaire vers le collège ou l’université.

Les gens présents étaient pratiquement tous et toutes d’accord pour dire qu’il manque de programmes d’études postsecondaires en français en Ontario. La réflexion a donc surtout porté sur la bonne façon de créer des programmes en français afin de répondre aux besoins en main-d’œuvre de la communauté, ainsi que sur l’offre de ces programmes en régions et sur la manière de créer un milieu de vie enrichissant en français pour les étudiants.

Il a été dit des institutions bilingues que même une majorité bien intentionnée ne peut pas combler à 100 % les besoins d’une minorité. Puisque les francophones restent les plus à même de comprendre les difficultés que vivent les autres francophones, la gouvernance d’une institution universitaire par la communauté franco-ontarienne s’est imposée sous un second consensus. Le président du Collège Boréal, Pierre Riopel, a même affirmé que « les douze conseils scolaires et les deux collèges prouvent que la communauté peut gérer [ses propres] institutions scolaires ».

Puisque la gouvernance par la communauté elle-même de son institution universitaire a fait consensus, quatre modèles ont été soumis aux commentaires des participants. Ainsi furent proposées, la création d’un réseau d’universités avec une direction provinciale commune, l’autonomisation d’une université déjà existante, la création d’une nouvelle université autonome avec plusieurs campus en régions et la transformation d’un des deux collèges existants en collège universitaire. Une cinquième option laissait la porte ouverte aux propositions des gens dans la salle.

Cependant, certains participants au groupe de discussion ne trouvent pas assez inclusive la formule « gérer pour et par les francophones ». Ils ont illustré leurs propos en citant l’Université d’Ottawa par exemple, où des étudiants francophiles ou francophones de l’extérieur de la province viennent augmenter le nombre de demandeurs et par conséquence contribuent à augmenter l’offre de cours en français.

Le nombre croissant de familles dans lesquelles l’un des deux parents n’est pas francophone présente aussi plusieurs difficultés pour le projet d’une université franco-ontarienne. Notamment, la transmission du français aux enfants par les parents y est plus faible que dans les familles où les deux parents sont francophones, et ceux-ci inscrivent en moins grand nombre leurs enfants à l’école en français. Ainsi, le bassin de futurs étudiants au postsecondaire en Ontario français s’en trouverait fortement réduit.

L’accessibilité à La Cité collégiale en transport en commun a également été présentée comme une difficulté pour la poursuite des études en français au-delà de la douzième année pour les francophones de l’ouest de la ville d’Ottawa. Il a été souligné que le Collège Algonquin est beaucoup mieux desservi, avec notamment un trajet d’autobus qui sur son chemin traverse l’ensemble du campus.

Madeleine Meilleur se concentre sur Toronto

Présente en après-midi à la séance de consultation, Madeleine Meilleur, ministre de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels, ministre déléguée aux Affaires francophones et députée provinciale d’Ottawa-Vanier, a accepté de nous accorder un court entretien. En début d’entrevue, elle a reconnu le problème du manque de programmes et affirme « on veut du postsecondaire en français [mais] il va falloir aller là où les besoins sont les plus criants et la population francophone augmente rapidement dans le sud de la province ». Interrogée sur la possibilité d’établir un réseau d’universités présentes dans différentes régions de la province, une proposition plusieurs fois évoquée durant la séance de consultation, Mme Meilleur juge la proposition « pas réaliste », mais dit vouloir « attendre le rapport des États généraux », tout en réaffirmant que « les besoins sont les plus criants dans la région de Toronto et on va y aller selon les priorités ». Le gouvernement libéral a d’ailleurs annoncé récemment l’investissement de 15 millions de dollars pour l’éducation postsecondaire en français dans la ville reine. Cet argent vise à créer six nouveaux programmes en français au Collège Glendon de l’Université York. Un programme de droit, un autre de pharmacie et un troisième en dentisterie devraient être accessibles dès la rentrée 2014. Il s’agit d’une promesse présentée par la première ministre Kathleen Wynne dans son discours au trône du mois de février dernier. Avec le risque d’une élection générale au printemps, l’éducation postsecondaire en Ontario français pourrait bien devenir un enjeu électoral, ce à quoi Mme Meilleur répond, sourire en coin, que « ça [se] pourrait ». Les libéraux se sont engagés à augmenter le nombre de programmes en français dans le centre-sud-ouest de la province sans pour autant promettre une université franco-ontarienne. Les progressistes-conservateurs, quant à eux, n’ont pas encore fait connaitre leur position sur le sujet.

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