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Actualités

Le Québec se révolte; où est l’Ontario?

Web-Rotonde
19 mars 2012

Dossier pauvreté étudiante

Mathieu Gauthier | Journaliste Actualités

Au Québec, la hausse des frais de scolarité proposée de 75 % sur un horizon de cinq ans n’as pas manqué de mobiliser les étudiants. La grève générale illimitée (GGI) regroupe aujourd’hui 145 associations étudiantes dans l’ensemble de la province, soit plus de 200 000 étudiants. Manifestations, appropriation de la rue, assemblées générales et grève, la virulence de la solidarité étudiante québécoise frappe à nouveau à la porte du gouvernement Charest. C’est ainsi que le vacarme protestataire de nos voisins a totalement dissimulé la micromanifestation annuelle « À bas les frais » orchestrée conjointement par la FEUO et la FCEE, qui a eu lieu le 1er février.

Comprendre l’inaction ontarienne au sujet de la hausse des frais

La présidente de la FEUO, Amalia Savva, croit qu’on peut comprendre et expliquer la disparité des modalités d’action collective entre l’Ontario et le Québec au sujet de la hausse des frais de scolarité par l’appréciation des différences sociales et culturelles.

« Le Québec bénéficie d’une culture de grève », explique-t-elle. Bien que les étudiants du Québec assument des coûts d’admission moins importants que ceux des étudiants de l’Ontario, « la culture protestataire bien ancrée dans la société québécoise fait en sorte qu’ils s’approprient plus aisément la rue pour défendre leurs intérêts », poursuit Mme Savva.

Culture d’action collective

Membre de l’Observatoire des nouvelles pratiques symboliques (ONOUPS) et professeur d’études politiques à l’U d’O, Jean-Pierre Couture avance que le cégep est l’une des causes principales de cette distinction culturelle. Selon M. Couture, les études collégiales obligatoires au Québec agissent comme une « formation précédant l’université où les jeunes étudiants peuvent changer de programme, s’impliquer dans les comités et les associations à prix moindre qu’à l’université ».

Dimitri Karmis, également membre de l’ONOUPS et professeur d’études politiques à l’U d’O, et proche collègue de M. Couture, avance que le cégep est un « lieu de maturation » qui permet à l’étudiant de développer sa réflexion critique. Ce serait grâce à cette réflexion critique que les étudiants comprendraient rapidement la puissance et les bienfaits de la mobilisation solidaire comme moyen de défense institutionnel.

Culture de soumission à la dette

M. Karmis, croit que les Ontariens qui poursuivent leurs études sont plongés dans un monde compétitif rempli de responsabilités financières dès l’âge de 17 ans, une réalité qu’il caractérise « d’écrasante ». « Les jeunes, débordés et surpassés par les évènements entourant la rentrée universitaire – quitter le foyer familiale, autonomie, responsabilité économique, pression entourant la performance académique – cherchent plus à se trouver une voie qu’à se mobiliser », soutient le professeur, originaire du Québec.

L’architecture institutionnelle du monde postsecondaire ontarien créerait donc une apathie envers les enjeux sociopolitiques et économiques parmi les étudiants obnubilés et distraits par cette nouvelle réalité contraignante, résument les professeurs.

En définitive, selon M. Couture, la « mémoire des luttes » contre la hausse des frais n’aurait pas autant de racines en Ontario, ce qui lui conférerait un caractère de dissolution rapide.

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