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Arts et culture

Art de rue : Des tags pour « un moment de paix »

Web-Rotonde
26 janvier 2015

– Par Marc-André Bonneau –

Une série de tags faits par pochoir ont intrigué les étudiants qui gravitent autour du campus. L’image d’un homme en méditation en face de l’édifice Fauteux ainsi que devant la bibliothèque a pu capter l’attention des passants. Bien qu’ils aient été effacés après quelques jours, La Rotonde a rencontré l’artiste, étudiante en arts visuels, pour dresser un portrait de son parcours et découvrir pourquoi elle expose l’art à la rue.

La Rotonde : Comment as-tu commencé à faire de l’art de rue?

Rad Child : Ça l’a commencé par une soirée où je suis sorti [pour taguer] avec un habitué. Il m’a enseigné la base. La première fois qu’on est sorti, il m’a dit « les règles, c’est de ne pas taguer sur des propriétés privées, et de respecter les autres tags. » […] J’ai commencé en écrivant This is Art partout.

LR : Les tags résistent-ils longtemps?

RC : J’en ai fait un sur le campus à côté de l’édifice de génie. […] Mais ils les font disparaître assez rapidement. Celui-là, on l’a fait un vendredi soir, et quand je suis retourné lundi, c’était plus là. […] Après, j’ai continué avec cette idée d’art public. Les choses ont changé quand je suis parti pour faire du Tree Planting.

LR : Comment cette expérience t’a-t-elle influencée?

RC : Là-bas, j’avais envie de peinturer et quelqu’un m’a suggéré de peinturer des arbres. C’est ce que j’ai commencé à faire. […] Mais la peinture ne s’absorbait pas bien. J’ai commencé à mettre plus de peinture, et la peinture dégouttait. […] Je me suis dit « ça, c’est de la sève ». Quand la peinture descend avec la gravité et que les couleurs se mélangent, c’est comme si ça prend vie. Je l’ai fait sur plein d’arbres, et j’ai réalisé que ça allait être un gros projet. Je vais appeler ça sapping. Après, j’ai fait un road trip jusqu’en Colombie-Britannique, en faisait du sapping un peu partout. […] Quand je suis revenue à Ottawa, j’ai fait une exposition avec mes photos de sapping. Après, j’ai senti que c’était la fin de ce projet-là.

LR : Après, tu t’es tournée vers quoi?

RC : Quand j’étais en Colombie-Britannique, j’ai rencontré un ami avec qui je suis revenue à Ottawa. On a commencé à faire des tags ensemble. […] Mon ami utilise des pochoirs, ça fait un travail très précis. […] J’ai aussi commencé à utiliser des pochoirs. Après la fusillade, à Ottawa, on entendait le mot « radical » partout. C’est peut-être parce que mon nom d’artiste est Rad que j’ai ai plus prêté attention. Mon ami a fait un pochoir [avec l’inscription] « radicalized love », il voulait changer la connotation du mot. […] Après, il a commencé à taguer un homme en pleine méditation.

LR : Cela fait partie du même projet, suite à la fusillade?

RC : Oui. À certains endroits, on a aussi commencé à utiliser le hashtag #lovepropaganda à côté de nos tags. […] Il n’y a pas si longtemps, j’haïssais les médias sociaux. Mais là, j’ai réalisé le pouvoir d’un hashtag. […] C’est la démocratie d’aujourd’hui et c’est comme ça qu’on exprimer notre liberté. […] L’art touche les gens d’une façon ou d’une autre, et c’est ce que j’aime avec l’art de rue.

LR : Et le mettre sur les médias sociaux est une façon de le préserver?

Rad : Oui, complètement. Il faut documenter son art pour le partager.

LR : Quel a été l’influence de tes études en arts visuels?

RC: Avant, je n’avais pas confiance en mon art. C’est une des premières fois que le l’avoue. Je pense que je ne m’étais pas encore trouvée comme une artiste. C’est pour ça que mon nom d’artiste est Rad. […] Un de mes professeurs dont j’avais ce qu’il faut pour devenir un artiste. […] Les gens stressent à cause de l’école, mais ma préoccupation, c’est trouver comment je pourrais faire un chef-d’œuvre. C’est vraiment chill. J’adore l’école, ça m’a appris beaucoup. […] L’école m’a rendue plus critique, et j’ai maintenant plus conscience de pourquoi l’art est intéressant.

LR : Selon toi, à quoi pensent les étudiants quand ils voient tes tags?

RC : Personnellement, quand je les vois, ça me donne un moment de paix. Une occasion de respirer et d’être dans un état d’esprit un peu plus contemplatif. J’espère que ça donne ce moment de paix.

LR : Plusieurs édifices, comme la bibliothèque, incarnent une architecture brutaliste. Quelle influence ça a sur ton art?

RC : C’est une grosse raison pourquoi je fais des tags sur le campus. C’est pour ça que je veux continuer à en faire ici.

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