Inscrire un terme

Retour
Actualités

Austérité et flexibilité des ressources humaines, l’U d’O poursuit son virage néolibéral

Web-Rotonde
3 juillet 2017

Actualités

Par : Nicolas Hubert – Journaliste 

À la fin de la dernière session d’hiver, l’Université d’Ottawa (U d’O) a annoncé qu’elle ne renouvellerait pas les contrats de certains professeurs en raison du déficit budgétaire et des mesures d’austérité récemment adoptées. Particulièrement touché.e.s par la situation, plusieurs étudiant.e.s de l’École de développement international et de mondialisation (EDIM) se sont mobilisé.e.s pour s’opposer au non-renouvellement de deux de leurs professeurs et ont initié une pétition en ligne adressée au recteur de l’U d’O, Jacques Frémont.    

« Ces professeurs sont des piliers du programme de l’EDIM »

Étudiant.e.s à l’EDIM, Yasmine Rashad et Guillaume Constantineau sont à l’origine de l’initiative de la pétition en ligne pour s’opposer au départ des professeurs Raphaël Canet et Pierre Beaudet de l’U d’O. Alors que la pétition souligne les liens ténus entre ces professeurs et les étudiant.e.s du département, elle attire également l’attention sur la place centrale qu’ils occupent au sein du programme de l’EDIM et notamment pour les étudiant.e.s francophones.

À ce sujet, la présidente de l’Association des professeurs de l’U d’O (APUO), Jennifer Dekker, rappelle que Beaudet a été initialement engagé pour prendre part à la conception du programme de développement international et déplore qu’il le fût en tant que professeur remplaçant.  

Une situation concernant un nombre important de professeur.e.s

Oublié par la pétition de soutien aux professeurs Canet et Beaudet, un troisième professeur de l’EDIM, Mahmoud Masaeli, serait également concerné par cette situation. Ce dernier aurait accepté de continuer à enseigner pour l’U d’O à titre de professeur à temps partiel, un arrangement qui l’amènerait à effectuer un travail équivalent pour une rémunération presque deux fois moins importante.

Alors que la Gestionnaire de relations avec les médias de l’U d’O, Isabelle Mailloux-Pulkinghorn, fait savoir que « par respect pour la confidentialité et la protection des renseignements personnels, l’Université ne peut malheureusement pas émettre de commentaires sur ce genre de dossiers » et que l’administration de l’EDIM précise que les questions relatives aux ressources humaines ne relèvent pas de ses attributions, la présidente de l’APUO souligne que cette situation n’est pas spécifique à l’EDIM, mais concerne un grand nombre de professeurs de l’U d’O.

Austérité et management néolibéral des ressources humaines

Dekker explique d’ailleurs que la position du professeur remplaçant représente un aspect positif puisqu’elle favorise la continuité d’un enseignement adéquat lorsque les professeurs réguliers sont amenés à exercer temporairement leurs activités académiques à l’extérieure de l’U d’O. L’APUO remarque cependant que depuis une dizaine d’années, « l’université a commencé à engager de plus en plus de professeurs remplaçants » et que ces derniers tendent à ne remplacer aucune position, mais sont utilisés comme des professeurs réguliers.

Pour l’APUO, il est indéniable que cette pratique est devenue une stratégie de flexibilité dans la gestion des ressources humaines de l’U d’O. « Ce que nous voyons, c’est que plusieurs de nos membres ont postulé pour des concours et ont gagné des positions qui en théorie devaient mener à la permanence, mais ont continué sur des contrats de remplaçant au lieu de leur position initialement gagné », explique Dekker. « L’APUO veut que nos membres aient des positions qui mènent à la permanence et non être sujets à des abus comme utiliser le travail des professeurs remplaçant de la sorte », poursuit-elle en évoquant la situation des professeurs Beaudet et Canet.

« La position de nos professeurs remplaçants est uniquement liée à l’austérité », affirme Dekker en ajoutant qu’au sein de la Faculté des arts il y a également trois départements qui ne possèdent plus de personnel de soutien et que suite au départ en retraite et au non-remplacement de son dernier professeur à temps plein, l’Institut d’études canadiennes et autochtones est désormais uniquement assumé, géré et porté par des professeurs à temps partiel.  

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire