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voiture et pompe à essence sur fond de drapeau russe
Éditorial

Actualités et durabilité : il faut ouvrir les yeux et agir

Rédaction
28 mars 2022

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Éditorial rédigé par le comité éditorial de La Rotonde

Catastrophes naturelles, pandémie, guerres, sommets contre le réchauffement climatique… Ce sont des nouvelles qu’on a entendues en boucle ces dernières années. Si ces quelques exemples ne sont pas du même type, ils ont tous un point commun : ils nous rappellent l’urgence d’investir dans le développement durable, ainsi que le rôle clé que nos gouvernements peuvent jouer. 

Il suffit d’allumer la télévision ou de lire le journal pour parfois se croire dans un film dystopique. Depuis 2020, nous avons été touché.e.s par beaucoup de choses, notamment la COVID-19, une pandémie meurtrière à laquelle nous avons toujours affaire. Nous avons aussi, depuis peu, les yeux rivés sur la guerre en Ukraine. Nous devons utiliser ces exemples pour comprendre ce qui nous entoure et ainsi changer nos habitudes de vie. Nous devons être plus durables.

Pour rappel, le développement durable comprend trois piliers, interreliés : l’environnement, le social et l’économique. Ainsi, il ne suffit pas d’être respectueux.euse de l’environnement pour être durable.

Le local

C’est sans surprise que, malgré certains effets positifs, la COVID-19 a eu aussi des effets néfastes pour notre durabilité : déchets médicaux, masques et gants, difficultés de s’approvisionner. Si nous devons retenir une chose vis-à-vis de la pandémie, c’est que nous devons encourager la production locale, et moins dépendre des marchés extérieurs. Il faut l’encourager en raison de l’impact environnemental (du transport et de l’importation), mais aussi social et économique. Ainsi on supporte les producteur.ice.s locaux.ales et leur service, et on rend l’approvisionnement plus accessible.

En parlant de marchés extérieurs et de dépendance, nous tombons sur un autre sujet d’actualité qui pose aussi la question de la durabilité : la guerre en Ukraine. Comme nous l’avons compris très rapidement ces dernières semaines avec la guerre, nous sommes dépendant.e.s des hydrocarbures. Même si le Canada produit suffisamment de pétrole pour alimenter les besoins de son pays, c’est tout un marché qui est perturbé et qui va anticiper une baisse de production, causant une augmentation directe du prix du pétrole, partout, explique Jean-Thomas Bernard, professeur auxiliaire d’économie spécialisé dans les énergies à l’Université d’Ottawa. 

Même si le réflexe des producteur.ice.s au Canada est d’augmenter la production « locale », en l’occurrence ici la production pétrolière, ce n’est pas pour rendre service aux consommateur.ice.s canadien.ne.s, puisque nous ne sommes pas, de toute façon, dépendant.e.s des marchés extérieurs à ce sujet. Il s’agit ici de se faire une plus grande marge de profit, car il y a de l’espace pour telle chose. Dans le contexte actuel, oui, il faut privilégier le local, mais pour être plus durable, il faut que les raisons de cette concession soient bénéfiques pour les trois piliers du développement durable.

Les énergies fossiles, un gros problème

D’après le professeur, notre consommation d’énergie est à 80 % d’origine fossile (pétrole, gaz, charbon, etc). L’actualité nous le rappelle encore une fois : cela devient problématique quand le troisième fournisseur de cet or noir, la Russie, est à l’origine d’une guerre non soutenue par des gros consommateurs de pétrole. Le professeur indique que 100 millions de barils de pétrole sont consommés par jour, et la Russie en fournit 10 millions. Il va sans dire que nous sommes trop dépendant.e.s du pétrole, encore beaucoup trop pour s’aligner avec les objectifs que nous nous sommes donnés.

Cela devient problématique, et a une ampleur telle parce que nous avons été trop lent.e.s à investir dans les énergies renouvelables. Le professeur explique que nous, les pays industrialisés, nous sommes fixés comme objectif de réduire nos émissions de 40 à 50 % d’ici 2030 et d’être neutres au carbone d’ici 2050. Pourtant, Bernard est sceptique face à ces résultats, et il n’est pas le seul. « Les années 2020 doivent être celles de l’action », a affirmé Patricia Espinosa, la patronne de l’ONU-Climat, et qui a ajouté que « si les dirigeant.e.s mondiaux.ales, public.que.s et privé.e.s, ne font pas de progrès pour mettre en place des plans climat clairs dans les deux prochaines années, les plans (de neutralité carbone) pour 2050 pourraient être hors sujet ».

Nous n’y sommes pas. Les hydrocarbures ont une trop grande importance dans nos vies, et les instincts de nos gouvernements ne sont clairement pas les meilleurs. Certes, d’un point de vue économique, cela paraît être la solution la plus facile sur le court terme, qui va aussi appuyer les utilisateur.ice.s de cette ressource. Mais, sur le long terme, nous allons en souffrir, car les énergies fossiles ne sont pas renouvelables, c’est-à-dire qu’elles sont limitées. Nous devons donc changer nos façons de consommer pour appuyer le développement durable.

Le réflexe des gouvernements

On aurait pu penser que la montée des prix pétroliers aurait eu une influence positive sur la transition énergétique dont on parle tant depuis des dizaines d’années, chaque année. Cela aurait pu être une porte de sortie, incitant les gouvernements à enclencher la vitesse supérieure, et à réellement faire ce qu’ils promettent à chaque COP.

Il est clair que, si tel était le cas et que cette réalisation avait encouragé le renouvelable, la transition énergétique n’aurait pas eu d’incidence immédiate sur les usager.e.s puisque celle-ci prendrait plusieurs années avant de se faire ressentir. Mais elle aurait pu être l’élément déclencheur d’une réelle transition si attendue. 

Investir dans le renouvelable prendrait du temps, mais investir dans le fossile prendrait aussi du temps. À la place, on dirait que nous adoptons les mauvais réflexes, ou bien nous sommes tenté.e.s de le faire. Il suffit de regarder le projet de la Bay du Nord, lui aussi très actuel. Il consisterait en une « installation flottante de production de pétrole et de gaz extracôtière dans la passe Flamande » à Terre-Neuve. D’après le professeur Bernard, si le projet était approuvé, il ne pourrait être mis en production que dans minimum cinq ans, et produirait 150 000 barils par jour pour une durée de 25 ans. Cependant, il semblerait que le gouverneur en conseil ait prolongé la prise de décision pour le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, et ce, alors que la production pétrolière russe a baissé de force. Coïncidence ? On ne peut vraiment le savoir. 

On pourrait croire que Steven Guilbeault, seul, aurait refusé ce projet très rapidement en raison de ses actions et de son expertise. Il suffit d’avoir un minimum de conscience et de connaissance environnementale pour se rendre compte que ce projet doit être aboli, car il n’est pas durable et n’appuie pas un développement durable sur le long terme. Le ministre Guilbeault le dit lui-même : « Il faut bien comprendre que si le projet de Bay du Nord va de l’avant, il ne pourrait pas produire du pétrole avant 2028, alors je doute que nos amis et collègues européens attendent jusqu’en 2028 après le pétrole canadien. » Ce projet est encore moins bienvenu depuis la sortie du dernier rapport du GIEC. Alors pourquoi ne pas arriver à un consensus et devoir repousser une décision qui paraît si évidente ?

Le problème serait-il aussi simplement l’offre des marchés, ou aussi la demande énergétique ? Si les deux éléments sont problématiques, quelle est la solution ? La demande ne serait-elle pas liée à des besoins que nous avons, et qui sont là en raison de la façon dont notre mode de vie est construit, et dont notre pays est fait ?

La COVID-19 et la guerre en Ukraine ne représentent pas toute l’actualité, mais démontrent bien une idée plus générale, qui va continuer de s’affirmer si nous n’agissons pas : il est temps de s’engager à être plus durable. Chacune de ses nouvelles illustre un comportement problématique. Cela va de notre consommation énergétique aux produits et services que nous consommons.

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