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Éditorial

Le blues du mois de novembre

Rédaction
6 novembre 2017

Éditorial

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

 

La lassitude du mois de novembre et la grisaille le caractérisant si bien se sont installées tranquillement après l’effervescence de la fin d’octobre. Tandis que certains sont dans leur dernier sprint de la mi-session, d’autres tentent tant bien que mal de rattraper un retard dans leurs cours. Ça c’est l’image, l’apparence d’une population étudiante qui va bien. Mais il faut regarder plus loin.

L’épuisement professionnel de la population étudiante est trop souvent vu de haut et stigmatisé avec des stéréotypes et des rhétoriques dénigrant leur gravité. Notez bien ici l’utilisation du terme professionnel, parce que oui, les étudiant.e.s sont aux yeux de l’administration en train d’exercer un métier. Et s’ils exercent un métier leur causant un épuisement disproportionné, cet état devient professionnel. Fini le temps où ceux et celles aux études ne remplissaient pas les critères pour se voir diagnostiquer avec cette maladie.

Les obligations scolaires, financières et sociales pèsent lourd sur la communauté estudiantine, cela tout le monde en est conscient. Toutefois, le dialogue et les actions que devraient entraîner cette réalité font défaut compte tenu de l’étendue et la stigmatisation entourant le tout. Les mesures instaurées par l’Université reflètent en une certaine mesure le changement institutionnel que l’administration a décidé d’embrayer.

Les périodes d’examen sont les moments où le stress et l’épuisement sont à leur summum. C’est une réalité qui est banalisée par la philosophie qui est incrustée au sein de la communauté étudiante, celle où l’épuisement est une partie intégrante des examens et qu’il faut vivre avec. Pour que cette culture de la surcharge du stress évolue vers une approche plus adaptée, il est nécessaire de s’interroger sur ses sources et les moyens d’y faire face.

Il n’en reste pas moins que l’un des obstacles structurels empêchant la réception d’une aide adéquate est la stigmatisation entourant la santé mentale. Ces stéréotypes sont en partie perpétués par l’ambiance d’études sur le campus, mais surtout par les idéaux transmis. Cependant, ce ne sont que des perceptions qui faussent la perception de la réalité entourant la santé mentale des étudiant.e.s.

Encore une fois, il faut regarder plus loin.

Mais comment ? La documentation et la recherche entourant l’épuisement étudiant et les burn-outs est très limitée, au point où l’on se demande si le phénomène est reconnu par la communauté scientifique. Que ce soit les articles scientifiques ou les statistiques récentes, l’épuisement professionnel de la population étudiante manque cruellement de sources d’information. Comment peut-on, raisonnablement et sérieusement, s’attaquer à un problème si l’on en connaît pas les caractéristiques particulières ?

Ces sources d’information permettraient aux institutions post-secondaire de mettre en place des plans d’action et des ressources adaptées aux réels besoins de leur population et ainsi d’assurer des conditions favorables à l’épanouissement scolaire et personnelle de ses étudiant.e.s.

L’épuisement professionnel en milieu de travail a vu la rhétorique entourant son existence muter vers une reconnaissance formelle avec des services à l’appui. On parle par exemple de congé de travail en cas de burn-outs, ou la possibilité de consulter des professionnels.

Mais qu’en est-il au niveau universitaire ? Comme un ancien recteur avait confié à La Rotonde, « l’Université n’est pas un hôpital ». Toutefois, sa communauté fait face à des enjeux médicaux qui nécessitent des ressources à leur disposition, des ressources qui se doivent d’être de qualité et disponibles. Le remodelage du Service d’aide au succès scolaire (SASS) témoigne d’une brise d’optimisme, mais elle ne doit pas être le fer de lance d’une réforme consacrée à la santé mentale sur le campus de l’Université d’Ottawa.

Mais alors qu’est-ce que l’Université doit faire ? Et bien, nous sommes d’accord qu’elle n’est pas un hôpital. Toutefois, si elle est une école de haut niveau, ne doit-elle pas s’assurer que sa population étudiante soit en état de se démarquer ?

Et si elle est plutôt un écosystème social dont le but est de favoriser le partage d’idées, ses membres ne devraient-ils pas être disposés à débattre et converser ?

Et puis si l’Université d’Ottawa est un business visant à gonfler ses revenus et éponger ses pertes, ne faudrait-il pas qu’elle fournisse à sa clientèle un milieu propice à l’investissement et une expérience positive ?

Dans tous les cas, peu importe la manière dont vous percevez l’institution, investir dans la santé de la communauté universitaire est une priorité évidente qui, malencontreusement, est vue de haut. Que ce soit par l’entremise de comités spéciaux, de groupes d’action ou même des consultations à grande échelle, l’Université a les ressources et des méthodes pour aller chercher ces informations. La balle est donc dans le camp de la haute administration.

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