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Bureau des gouverneurs : Désyndicalisation, confidentialité, liberté d’expression : formalité administrative ou outil de musèlement?

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18 janvier 2016

Yasmine Mehdi

Que s’est-il passé au Bureau des gouverneurs (BdG) de l’Université Carleton pour attirer l’attention des journaux nationaux? Pour faire court, un professeur s’est indigné du manque de liberté d’expression au sein de celui-ci. Pourtant, l’histoire est bien plus complexe et les comparaisons avec l’Université d’Ottawa (U d’O) soulèvent des questions quant au rôle des professeurs siégeant au BdG.

Résumé de la saga Gorelick

L’histoire a débuté en septembre dernier, alors qu’un Code de conduite révisé a été présenté aux 33 membres du BdG de Carleton. Une nouvelle close figurait dans ce code, indiquant qu’il était inapproprié qu’un membre du BdG commente les décisions du Bureau, notamment sur les médias sociaux.

Tous les membres du BdG ont signé ce document à l’exception du professeur Root Gorelick, qui est également le seul à tenir un blogue commentant les décisions du Bureau.

Il n’en fallut pas plus pour qu’une véritable guerre débute, avec un communiqué publié par l’Université le 14 décembre condamnant « des déclarations inexactes et fausses [qui] ont été faites concernant les membres, les réunions, les discussions et les décisions du Bureau ».

Dans la même journée, l’Association canadienne des professeures et professeurs  universitaires (ACPPU) a publié un communiqué appuyant Gorelick, en plus de menacer de « censurer » Carleton en dissuadant les professeurs d’y enseigner ou d’y donner des conférences.

Dans une entrevue avec La Rotonde, Gorelick a expliqué son abstention : « Je n’abandonnerai pas les droits qui sont stipulés dans ma convention collective et qui sont garantis par la Charte. »

Une similitude, mais aussi une grande différence

Que Carleton demande aux membres de son BdG de signer un accord de confidentialité n’est pas exceptionnel ; c’est aussi le cas à l’U d’O. En effet, en vertu du Code d’éthique et de responsabilités de l’U d’O, chaque membre du BdG doit respecter la confidentialité de toute information et « ne doit pas divulguer volontairement ces renseignements […] à moins d’y être tenu par la loi ».

Geoffrey Greatrex, professeur et ancien membre du BdG, a rappelé que le Bureau étudiait des enjeux sensibles comme la gestion du fonds de pension ou la nomination du recteur : « Il y a de bonnes raisons pour lesquelles on pourrait demander la confidentialité », a-t-il conclu.

Or, un élément crucial oppose Carleton à l’U d’O : les professeurs siégeant à Carleton peuvent demeurer membres de leur syndicat, alors que les professeurs siégeant à l’U d’O ne le peuvent pas.

En effet, dans la convention collective entre l’U d’O et l’Association des professeurs de l’Université d’Ottawa (APUO), il est écrit que les syndiqués devaient éviter toute situation où ils entreraient en conflit d’intérêt, comme « la participation à un processus de décision, par la discussion ou le vote ».

Selon Jennifer Dekker, présidente de l’APUO, ce règlement est problématique puisqu’il mettrait les professeurs non-syndiqués dans une situation délicate : « Ils ne sont pas représentés donc ils pourraient être mis à pied à n’importe quel moment! »

En plus de renoncer au soutien de leur syndicat, les professeurs au BdG n’auraient pas accès à plus de deux comités, les autres leur étant fermés à cause de potentiels conflits d’intérêts. Un ancien membre du BdG ayant préféré rester anonyme a expliqué : « On tient pour acquis que du fait qu’on est professeur, on est en conflit d’intérêts, qu’on soit syndiqués ou pas. »

Cette source aurait par ailleurs suggéré à l’APUO de profiter des négociations de la prochaine convention collective pour proposer la protection de la syndicalisation des professeurs siégeant au BdG. Rendez-vous au printemps prochain pour voir si l’APUO défiera sa convention collective.

 

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