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Arts et culture

CasinOh la la

Culture
16 octobre 2017

Par: Gabrielle Lemire, Cheffe Arts et culture

Le spectateur peut entrer dans le cabaret à une condition: il doit laisser son quotidien et les fléaux de la société à la porte. Du 13 septembre au 14 octobre, la suite du Cabaret Oh la la était présenté au Théâtre de l’Île à Hull. Le rire était au rendez-vous et La Rotonde aussi, qui a eu l’occasion de s’entretenir avec Marie-Eve Fortier, comédienne, et qui contribue également à la conception et à la mise en scène du Cabaret Oh la la!.

La Rotonde: Qu’est-ce qui fait que le Cabaret Oh la la!, la suite se démarque du spectacle de l’an passé?

Marie-Eve: On a eu plusieurs défis cette année. Premièrement, l’année dernière, c’était plus un spectacle de variétés: quatre tableaux différents avec une énergie différente. Les chansons n’avaient pas nécessairement de lien entre elles, donc cette année on avait envie d’avoir une histoire et de se rapprocher un peu plus d’une comédie musicale que d’un cabaret de variété.

Mathieu Charette, le metteur en scène, voulait élever un peu le spectacle en intégrant plus de mashups. Cette année on peut avoir un morceau dans lequel on a quatre pièces musicales. [L’an dernier], la balance anglophone au niveau du ratio de chansons n’était pas super efficace, mais cette année on l’a resserré pour avoir un ratio vraiment égal.

Cette année, je me suis beaucoup plus impliquée au niveau du conseil dramaturgique, c’est-à-dire qu’en créant l’histoire, quand [le metteur en scène] n’était pas certain de son idée, il m’expliquait ce qu’il avait en tête et je décortiquais ce qu’il me disait pour qu’il puisse prendre une décision.

« Le Cabaret Oh la la!, c’est un moment de pur plaisir et de non-complication. »

LR: D’où vient le concept du spectacle du Cabaret Oh la la! ?

M-E: Ce qui est beau avec la création du cabaret, c’est qu’il y a toujours un endroit où les artistes se retrouvent pour créer. On avait Victor Hugo qui lisait son journal dans les petits restaurants… Notre groupe, on se retrouve au karaoké de la Brasserie de l’île et Sylvie Dufour [la directrice artistique du Théâtre de l’Île] était venue nous voir à plusieurs reprises. C’est comme ça qu’elle a créé le Cabaret. Le Cabaret Oh la la!, c’est un moment de pur plaisir et de non-complication, ce n’est pas de la grosse dramaturgie qu’on va chercher là.

LR: Est-ce pour des pièces comme le Cabaret que tu as décidé de te lancer dans le théâtre au départ?

M-E: J’ai été chanceuse: j’ai accroché rapidement. Quand j’étais petite, j’ai eu des parents qui m’ont fait participer à plein d’activités extraordinaires. Dès que j’ai eu quatre ou cinq ans, le théâtre m’a tout de suite accrochée et je savais que c’était le mien. C’était un peu une vocation.

« On finit tous par chercher un sens à l’existence. Pour moi, le théâtre m’en donne beaucoup. »

Je savais en sortant du secondaire que j’étais trop jeune pour aller faire des études tout de suite. Je suis allée en littérature, ce qui m’a donné énormément de culture générale. Après, je suis rentrée en 2005 au collège Lionel-Groulx et j’ai fait des études de quatre ans dans le programme d’interprétation.

J’ai gradué en 2009 et, à l’époque, je suis tombée amoureuse d’un Franco-Ontarien qui m’a fait découvrir les communautés francophones hors du Québec. J’ai déménagé ici [dans la région de la Capitale]. C’est clair que les « musicals », d’intégrer la musique au théâtre c’est définitivement une des choses que j’aime énormément.

Ce qui m’a toujours attiré au théâtre, c’est la faculté d’être capable de porter la parole et de la donner à ceux qui ne l’ont pas. J’ai fait des pièces qui m’ont vraiment chamboulée. De savoir que toi, tu portes la parole de personnes qui ont essayé de faire une différence dans la vie, c’est vraiment spécial. C’est comme si ça donnait un but à la vie. On finit tous par chercher un sens à l’existence. Pour moi, le théâtre m’en donne beaucoup.

LR: Comment décrirais-tu la réalité d’une comédienne francophone dans la région?

M-E: Moi je suis chanceuse, je suis occupée. Je suis capable de vivre de ça entièrement, sans un emploi qui n’est pas dans mon domaine. Je fais à peu près cinq productions par année, ce qui est extraordinaire. D’avoir cinq rôles par année c’est vraiment spécial, ce ne sont pas tous les comédiens qui ont ça donc je suis vraiment chanceuse. À ça viennent s’ajouter différents contrats, comme des contrats d’animation et je fais aussi beaucoup de travail de voix, par exemple, à Radio-Canada le matin, c’est moi qui fais les indicatifs. Je fais aussi des costumes. Ce qui me plaît dans ce métier-là, c’est que je suis un peu hyperactive, je ne peux pas rester en place. J’ai besoin que ça bouge beaucoup.

« J’ai fait des pièces qui m’ont vraiment chamboulée. »

Comme quoi il faut aimer avoir une vie pleine de rebondissements pour devenir comédien.ne. Se produire en tant qu’artiste dans le milieu francophone de la région de la Capitale représente un défi pour plusieurs: il faut savoir s’adapter et avoir une certaine initiative pour établir son réseau.

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