Inscrire un terme

Retour
Arts et culture

Les cinéastes noir.e.s sous le feu des projecteurs !

Culture
25 mars 2021

Crédit Visuel : Valérie Soares – Photographe

Article rédigé par Anna Meurot – Journaliste

À partir d’aujourd’hui et jusqu’au dimanche 28 mars, le Festival du Film Black d’Ottawa (OBFF) présente une sélection d’œuvres cinématographiques produites par des membres de la communauté noire canadienne. À l’initiative de la Fondation Fabienne Colas, le projet offre à ces artistes une plateforme pour se faire connaître et s’exprimer. 

Andrea Este, Coordinatrice de l’événement, explique qu’Ottawa compte la troisième plus grande population noire du Canada, mais qu’il y a peu d’opportunités pour les artistes de cette communauté, que ce soit devant ou derrière la caméra. De son côté, Patrick Kabeya, qui présentera son film From Patrice to Lumumbaévoque l’importance de mettre en place un tel festival à Ottawa pour toucher un public diversifié. 

Au-delà du cinéma

Selon Kabeya, si l’intérêt pour ce type d’évènement se fait bien sentir en Europe, le public ottavien semble moins prompt à s’y engager. Il espère donc que cette initiative, qui offre pendant quatre jours l’accès à plus de 30 créations originales et une panoplie d’autres activités gratuites pour le prix de 29 dollars, saura sensibiliser les populations locales à l’art d’artistes canadien.ne.s noir.e.s.

Si l’OBFF offre une opportunité de découverte et d’inclusion « en exposant des histoires noires authentiques aux spectateur.rice.s de toutes les couleurs et de toutes les origines ethniques », Fabienne Colas ajoute que son support va au-delà du domaine cinématographique. En effet, Este explique qu’une partie du Festival, est intitulée Marché Noir du Festival du Film Black d’Ottawa, et propose une série de cinq discussions gratuites diffusées sur Zoom et YouTube sur inscription. 

Celle-ci souligne que les sujets abordés dans les échanges s’axent sur la recherche de solutions concrètes aux enjeux auxquels font actuellement face les communautés noires du Canada. Elle insiste sur l’importance de ces panels qui aborderont notamment les questions de la santé mentale et de l’entrepreneuriat en temps de pandémie. Deux des évènements de cette série seront offerts en français, dont l’un sera animé par des intervenant.e.s originaires de Gatineau. 

Par ailleurs, la Coordinatrice évoque l’opportunité qu’a constituée le passage du Festival en ligne par rapport aux éditions précédentes. Les discussions et des films de cette année pourraient d’après elle toucher des personnes au-delà des restrictions géographiques associées aux salles de cinéma traditionnelles ou aux cafés, habituellement choisis pour les discussions.

Changer la narration

Kabeya est, depuis trois ans, réalisateur de documentaires traitant de l’histoire africaine. Son premier film Congo, une tragédie politique a marqué son engagement dans le milieu cinématographique. From Patrice to Lumumbasa seconde œuvre, est cette année à l’affiche du Festival. Elle constitue selon lui un « devoir de mémoire » envers une figure majeure de la politique congolaise, Patrice Lumumba.

Adulé dans le foyer familial de Kabeya, l’artiste peint un portrait intime de ce militant pour l’indépendance du Congo, icône du panafricanisme des années 1950. À travers l’art, il souhaite « humaniser le personnage » et s’éloigner des innombrables documentaires qui se focalisent sur son assassinat et débattent de ses idées politiques. Le réalisateur a donc fait le choix de construire le film à partir de la dernière lettre que Lumumba a écrite à sa femme, Pauline.

Cet angle personnel et spécifique illustre un parti pris pour le réalisateur, qui espère pouvoir apporter à la génération actuelle un modèle de résistance et d’intégrité auquel il est plus facile de s’identifier. Cette mission est primordiale selon lui, car elle appelle la communauté noire et ses jeunes à « se lever et parler », comme Lumumba l’avait fait lui-même en se dressant devant le Roi belge pendant son célèbre discours du 30 juin 1960.

Sortir du silence

« Il faut que nous [la communauté noire] soyons celles et ceux qui racontent notre histoire. Il faut cesser de laisser les autres nous raconter, et se réapproprier cette narration. Au-delà de cela, nous devons tou.te.s participer à une créer une société unie, qui partage des valeurs d’amour », insiste Kabeya. 

Il espère que ses films ne seront pas visionnés uniquement par la communauté noire, mais par un public plus large afin que l’intérêt pour le récit noir puisse être partagé. Son souhait s’aligne avec l’objectif principal de l’OBFF, qui tend à mettre en lumière et inclure la diversité culturelle avec de nombreux événements organisés à travers le pays.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire