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Défaire les mythes et comprendre la réalité des agressions sexuelles

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13 novembre 2017

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Par : Yasmine El Kamel-Journaliste

 

La juge en chef de la Cour Suprême du Canada, Beverly McLachlin, a récemment déclaré que les plaignantes d’agressions sexuelles « devaient avoir des attentes plus réalistes par rapport à un système de justice qui doit protéger de fausses condamnations ». En réponse à ses propos, l’Action ontarienne contre la violence faite aux femmes (AOcVF) lui a adressé une lettre ouverte dans laquelle il est rappelé que « les victimes ont également des droits qu’il faut respecter ». Nous revenons sur le sujet avec Maira Martin, directrice générale d’AOcVF.

La Rotonde : Que voulez-vous dire par « le secteur de la justice est imprégné par des mythes » dans votre lettre ?

Maira Martin : Je pense que beaucoup de gens ont en tête une « victime parfaite » : une femme qui va porter plainte immédiatement à la police, qui va pleurer, qui va être bouleversée suite à l’agression. On va aussi penser à un viol commis par un inconnu la nuit. Dans la majorité des cas, l’agresseur n’est pas un inconnu et les femmes ne vont pas aller porter plainte. Certaines vont même attendre très longtemps avant d’en parler.

LR : D’après vous, qu’est-ce que les professionnels du secteur criminel pourraient faire pour mieux comprendre la réalité des agressions sexuelles ? 

MM : Ce qu’il faudrait, ce serait comprendre ce que c’est une agression sexuelle, comprendre la réalité et puis surtout comprendre les impacts d’une agression sexuelle. Il faut comprendre aussi tout le traumatisme qui est dû à l’agression, qui explique aussi pourquoi elles ne vont pas en parler. Vraiment comprendre les impacts globaux qu’il peut y avoir sur une victime et comprendre aussi que les effets ne sont pas identiques sur toutes les femmes.

LR : Pourquoi est-ce important qu’une agression sexuelle ne soit pas vue comme « n’importe quelle autre infraction » ?

MM : C’est une agression qui touche très fortement à l’intimité de la victime. Il y a énormément de honte, de culpabilité, de stigmates qui lui sont associés. C’est extrêmement difficile pour une femme d’aller soit dire qu’elle a été agressée sexuellement auprès d’un ami ou de sa famille, ou même d’aller voir la police. Il ne faut pas se dire qu’aller porter plainte contre une agression sexuelle c’est aussi facile qu’aller porter plainte pour un vol de voiture ou autre. Il faut comprendre tout ce que ça représente pour la victime. Surtout quand c’est quelqu’un qu’elle connaissait, en qui elle avait confiance.

LR : Vous pensez qu’il n’y aurait pas eu de réforme sur le traitement des agressions sexuelles dans le système criminel canadien sans la vague de dénonciation sur les réseaux sociaux ?

MM : Oui. Je pense définitivement que le projet de loi 337 au niveau fédéral est dû au fait qu’on parle de plus en plus, dans les médias traditionnels et surtout sur les médias sociaux, des agressions sexuelles. Surtout le mouvement #AgressionsNonDenoncees qui a commencé après l’affaire Gomeshi. On voit vraiment que ce mouvement était en réponse au système criminel et au fait qu’il ne répondait pas adéquatement aux besoins des victimes. Donc je pense que c’est clairement tout ce qui se passe actuellement dans la société, tout le débat qui est vraiment ouvert sur les agressions sexuelles, qui a mené à cette loi.

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