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«Culture du viol» à l’U d’O : Une nouvelle polémique éclate sur la toile

Web-Rotonde
7 avril 2014

cult– Par David Beaudin Hyppia –

La première partie de l’année 2014 a été grandement marquée par deux incidents, soit les conversations dégradantes à l’égard de la présidente de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) Anne-Marie Roy et les accusations de viol collectif qui ont été portées contre l’équipe masculine de hockey de l’Université d’Ottawa (U d’O). Ces deux incidents ont déclenché une vague de discussion concernant la culture du viol sur le campus.

Tout récemment encore, Michelle Putska, étudiante à l’U d’O, s’est fait traiter de plusieurs noms lorsqu’elle a commenté, dans la section « commentaires », sur la parution de la lettre de l’ancien joueur de hockey des Gee-Gees Pat Burns. Ces commentaires tels que « Sorry but pussy is not that important. », « Next time try thinking with the head and not with your vagina, fucking retarded bitch. » et « What you are doing is promoting the culture that men should just take legal inequalities because they are assumed guilty until proven innocent. You discount the ramifications of being the victim of false rape allegations — which I hate to burst your bubble, are almost worse than being raped. » suivent un article sur le site du Fulcrum et sont accessibles à tous.

Michelle Putska affirmait dans son commentaire : « I repeat that I understand he wasn’t involved but this kind of public whining perpetuates victim blaming in the sense that it makes the potential victim responsible for the consequences that befell others by coming forward. This is the kind of stuff that discourages women from coming forward with sexual assault claims. It’s the same kind of thinking of people who rush to feel sorry for the boys in the Stuebenville rape or the men who said sexually degrading things about Anne Marie Roy [sic]. To feel sorry for the impact on THEIR lives the incidents had rather than to look at the systemic problems that led to them and the impact on the victim. ». C’est justement cette partie de son commentaire qui semble avoir déclenché le tollé de commentaires sexistes et mysogines qui s’en suivirent. On peut aussi y lire plusieurs attaques envers le mouvement féministe.

Anne-Marie Roy, qui a été au cœur du scandale qui a déclenché les discussions sur la culture du viol sur le campus de l’Université d’Ottawa, a affirmé à plusieurs reprises que de tels comportements ont toujours eu lieu sur le campus, mais que cela passait souvent inaperçu. L’ampleur médiatique qu’ont prise les deux évènements ont permis de rejoindre plus que seulement les populations étudiantes déjà conscientisées à ce genre de problèmes.

Une question de langage

Dans l’entrevue que nous avions faite avec Mme Roy pour l’édition du 3 mars dernier, la présidente de la FÉUO explique que souvent, les hommes qui ne se sentent pas concernés « réalisent qu’ils avaient fait une bêtise, et n’ont surement pas pensé pourquoi ils avaient fait une erreur mais ils ont certainement pensé à leur réputation. » Mme Roy explique que « même pour les filles, c’est difficile de s’en sortir, c’est difficile de dénoncer ce genre de comportement. Très souvent aussi, les femmes se font répondre qu’elles dramatisent, qu’au fond, ce n’est pas si grave que ça. Dans une culture du viol, on ne laisse pas le choix à la victime de décider des limites de ce qu’elle trouve acceptable ou non. » Lors du premier groupe de discussion organisé par le groupe de travail contre la culture du viol, qui a eu lieu le 21 mars 2013 au Centre universitaire, les panelistes ont discuté de leurs expériences et de méthodes pour lutter contre les pratiques de la culture du viol dans la vie de tous les jours. La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants (FCÉÉ) a d’ailleurs produit une boite à outils en ligne pour ceux qui recherchent des trucs pour lutter contre les pratiques sexistes et homophobes. Il est possible de trouver le feuillet d’information sur le site de la FCÉÉ et aux bureaux de la FÉUO.

Pas un phénomène local

« La culture du viol est une culture qui banalise la violence sexuelle envers les femmes. Elle est très difficile à déloger car elle vise le corps et les attitudes des femmes. Cela se reflète dans le langage : putain, salope, etc. », a expliqué la professeure Christabelle Sethna, lors du groupe de discussion « Il n’y a pas de quoi en rire : Définir la culture du viol », qui a eu lieu le 25 mars dernier.

Mme Sethna est revenue sur les propos de la conversation dégradante à l’égard d’Anne-Marie Roy et les a comparés avec les paroles de la chanson Blurred Lines. M. Sethna a fait alors la comparaison des thèmes qui en ressortent démontre bien, selon elle, le caractère dégradant, irrespectueux et dirigé contre le sexe féminin que l’on retrouve dans la culture populaire : « Pis moi je vous avertis tout de suite… La présidente tri-fluvienne va me sucer sur sa chaise de bureau pis après ma la fourrer dans le brun sur le bureau a pat […] Someone punish her with their shaft. » La soumission sexuelle qui se retrouve dans ces mots se retrouve aussi dans les mots de la chanson dégradante, selon M. Sethna : « tu es la plus chaude des salopes du coin, je te demande une chose, laisse-moi être le seul maitre de ce cul, oh oui j’ai une salope mais elle ne l’est pas autant que toi, oh oui fait moi signe quand tu es libre, je vais te donner quelque chose d’assez grand pour remplir ton cul. »

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