Inscrire un terme

Retour
Arts et culture

Danse : Le ballet pour raconter l’horreur du régime des pensionnats

Culture
1 février 2016

Par Yasmine Mehdi

Troublant, dur, hypnotisant, expressionniste, tout en restant simple. Bien qu’il soit difficile de trouver les mots justes pour qualifier le ballet Going Home Star – Truth and Reconciliation du Royal Winnipeg Ballet (RWB), il n’y pas de doute qu’il relève du chef-d’œuvre. C’est d’ailleurs un public en transe qui a assisté au lancement de la tournée nationale du RWB jeudi dernier au Centre national des Arts.

Un peu de contexte

L’idée d’un ballet au sujet du régime des pensionnats mijote depuis un moment déjà. Il y a plus de dix ans, l’aînée Mary Richard a suggéré au directeur artistique du RWB l’idée d’un ballet inspiré de l’histoire autochtone. Going Home Star est d’ailleurs dédié à cette grande activiste autochtone, décédée en 2010.

Si Mary Richard a apporté l’idée d’un ballet autochtone, c’est Tina Keeper, une autre militante autochtone, qui l’a fait évoluer en proposant la création d’un ballet inspiré de la Commission de vérité et réconciliation.

Basé sur un texte de Joseph Boyden, auteur canadien, et sur les histoires des survivants des pensionnats, le ballet se donne comme mission de sensibiliser le public à une partie sombre de l’histoire canadienne.

Racontant l’histoire d’Annie et de Gordon, deux autochtones devant faire face à des souvenirs douloureux, les thèmes de l’assimilation, de la toxicomanie et des agressions sexuelles sont décrits de manière particulièrement crue.

Un pari risqué, mais gagnant sur toute la ligne

Raconter une histoire autochtone par l’entremise d’une forme d’art occidentale peut sembler curieux. C’est toutefois ce mariage culturel qui a fait du ballet une réussite absolue. La musique choisie par le directeur musical, Tadeusz Bernacki, a aussi contribué à ce mélange en passant par le Lac des cygnes de Tchaïkovski aux chants de gorge inuits de Tanya Tagaq.

Véritable chef-d’œuvre visuel, le ballet brille par la simplicité des décors et des costumes. En utilisant des objets simples mais symboliques, le directeur artistique, André Lewis, a permis à son public de se concentrer sur l’histoire et sur la danse sans le saturer d’un décor trop chargé.

Si le symbolisme est l’une de grandes forces du ballet, il rend la lecture du synopsis obligatoire afin de comprendre l’histoire. En effet, puisque plusieurs retours en arrière sont mis en scène, il est particulièrement facile de perdre le fil et de rater des passages clés.

Ce petit détail n’a pas empêché des centaines de spectateurs de se lever et d’applaudir pendant de longues minutes. C’est donc défi relevé pour Going Home Star, qui a réussi à exprimer la profonde souffrance vécue par les Premières Nations tout en donnant un brin d’espoir à un public profondément ému.

 

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire