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Opinions

Le mot de la fin de Clémence Labasse

Web-Rotonde
10 avril 2017

 

Trois ans. Trois ans dans le taudis du 109 Osgoode, c’est long.

Trois années à La Rotonde, c’est des nuits blanches passées à écrire, dessiner, designer ou juste râler sur les décisions prises la veille. Des langueurs, des frustrations, des colères. Un poing dans le mur, des souris dans les murs.

Travailler à La Rotonde c’est être confronté à l’imprévu jour après jour. C’est faire une entrevue avec un homme tremblant d’émotions, ou c’est se faire menacer de procès par la plus haute instance administrative de sa propre université.

Tu te réveilles Rotonde, tu manges Rotonde, tu te couches Rotonde. Tu mets parfois ta santé mentale à risque, diagnostique : Rotonde.

Et parfois tu essayes d’en sortir, de retrouver une sorte de vie normale. Mais tu as du mal.

Parce que malgré les épreuves, malgré l’épuisement, tu y crois à ce putain de journal. Ce minuscule journal, que plus personne ne croit, que plus personne ne lit. Toi, tu y crois.

Journaliste, on ne le nait pas, on le devient. Et moi, je pense l’être devenue un peu grâce à cette école. Car La Rotonde, à défaut d’être une école de l’excellence, reste une excellente école.

Peut-être mon passage à La Rotonde se perdra dans les archives, aux côtés des nombreux ex-fauteurs de troubles reconvertis maintenant en travailleurs anonymes. Mais je conserve secrètement l’espoir d’avoir rendu la vie à La Rotonde un peu meilleure que quand j’y suis rentrée, et d’avoir fait ma part pour déranger un peu le fucking establishment.

Juste ça est assez pour en valoir le coup.

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