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Éditorial

Quand Ottawa montre l’exemple

Web-Rotonde
6 février 2017

Éditorial

Par Frédérique Mazerolle — rédactrice en chef

Il va sans dire que les lecteurs et lectrices averti.e.s de La Rotonde savent très bien que celle-ci n’a jamais eu la langue dans la poche. Depuis ses débuts, sa relation avec les institutions de pouvoir, dont particulièrement l’Université d’Ottawa (U d’O) et la ville d’Ottawa, a fait couler beaucoup d’encre et aura coupé quelques ponts sur son passage.

Par contre, cette semaine, au lieu d’envoyer une tape derrière la tête à qui que ce soit, c’est plutôt un tape dans le dos que La Rotonde aimerait donner en retour à sa mère patrie, le Canada.

Quand l’international flambe

Clairement, le monde ne va présentement pas bien. On n’a qu’à ouvrir son ordinateur portable et à faire défiler furtivement son fil Facebook pour voir que le monde comme nous le connaissons est viré à l’envers. Sans vouloir trop en dire, l’homme à la peau de Cheetos aurait un rôle à jouer dans cette cacophonie.

Dans une ère où les moyens de transport et les destinations se font divers, les barrières entre les pays se font plus hautes.

Dans une ère où tous et toutes devraient vivre comme des égaux, on doit quand même toujours marcher dans les rues pour dénoncer le racisme, l’homophobie, le sexisme, l’islamophobie et la xénophobie.

Dans une ère où on est bien conscients des effets dévastateurs que peut avoir l’industrie pétrolière sur l’environnement et sur les populations autochtones et des Premières Nations, on continue de les chasser hors de leurs terres ancestrales à coup de signature d’ordre exécutif.

Dans une ère où l’on encourage la diversité culturelle et religieuse, les gens de la communauté arabo-musulmane doivent encore s’excuser chaque fois qu’un attentat dit terroriste a lieu. À. Chaque. Fois. Si l’on demandait aux Américain.ne.s de s’excuser pour les années et les années d’esclavages, ça serait moins drôle.

Alors que les gens perdent de plus en plus d’espoir dans la libéralisation de ce monde, on constate qu’il y a de moins en moins de leadeurs qui sont prêts à collaborer ensemble pour contrer le désastre américain. On a bien beau dire que l’on ne comprend pas comment Donald Trump a été élu à titre de président, mais dans le fond, la réponse, on la connait. C’est la peur. C’est l’intolérance. C’est la haine. C’est l’ignorance.

Le Canada à la rescousse

Pour ne pas dire que le Canada est exempt de tous ces vices, il faut tout de même admettre que celui-ci tente de faire son possible pour alléger les souffrances de populations marginalisées l’autre côté de la frontière. Pour ce qui en est des mêmes populations de notre côté, c’est une autre histoire.

Pour ce qui en est de l’Université d’Ottawa, celle-ci en a surpris plusieurs en offrant aux étudiant.e.s et aux universitaires la chance d’échapper aux griffes de la moumoute ambulante bon marché qui sert de président aux États-Unis en proposant des contrats de professeur invité et en allégeant les frais de scolarité pour ceux et celles touché.e.s par le décret antiimmigration pour les détenteurs de passeport de sept pays arabo-musulmans.

Est-ce que celle-ci ne devrait pas plutôt se pencher sur les besoins des étudiant.e.s racialisé.e.s, autochtones et des Premières Nations, parents, etc.? Bien évidemment. Est-ce que l’institution devrait aussi trouver des moyens concrets pour geler, voir diminuer les frais de scolarité pour ses étudiant.e.s actuel.le.s? Absolument. Cependant, l’heure est grave et d’autres groupes ont besoin de l’aide de l’U d’O.

Une chose est sure, c’est que les causes activistes des États-Unies trouvent leur écho au Canada.

Les partisan.ne.s du mouvement Black Lives Matter continueront de montrer que le racisme institutionnel des États-Unis découle au Canada et qu’il est primordial d’y remédier.

Les activistes environnementaux.ales se battront avec ferveur sur la colline du Parlement pour vous rappeler que les effets du changement climatique sont bien réels.

Les femmes d’Ottawa vous répondront qu’elles montreront ce que c’est d’être nasty et que vous n’avez encore rien vu.

Les Canadien.ne.s, peu importe leur héritage, leur couleur de peau ou leur religion, se feront geler pour commémorer les vies perdues aux mains des attentats et tentera d’alléger les plaies de la communauté qui doit toujours présenter des excuses, même dans la souffrance.

Ottawa, tu es loin d’être parfaite, mais tu pourrais être mille fois pire.

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