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Éditorial

« La Rotonde déteste les anglophones » est un fait alternatif

Web-Rotonde
30 janvier 2017

Éditorial

Par Frédérique Mazerolle — Rédactrice en chef

Contrairement à la pensée populaire et à ce que vous avez pu entendre par l’entremise de vos camarades de classe, La Rotonde, la chienne de garde de la francophonie sur le campus de l’Université d’Ottawa, ne déteste pas les anglophones. En fait, au cours des années, voire même des décennies, celle-ci s’est même créé des alliées dans la communauté des anglos du campus. Qui l’aurait donc cru.

Par contre, ce que La Rotonde n’aime pas, ou plutôt aime moins, c’est le dédain ressenti face au bilinguisme, plus particulièrement lorsqu’il est question des compétences linguistiques des étudiant.e.s se présentant aux postes de l’exécutif de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO). Avec la période des élections qui emboite le pas dès aujourd’hui, il faut en parler ouvertement, chers lecteurs et lectrices. Eh oui, on ne lâche toujours pas prise sur celle-là.

Avant de commencer à vous plaindre du radicalisme francophone dont fait preuve La Rotonde, il est important de noter que nous comprenons vos inquiétudes et votre frustration. En effet, il est bien dommage de voir que vous avez tant de potentiel et de qualités relevant du leadeurship étudiant qui ferait de vous un excellent candidat. Ah, si ce n’était donc pas de ce maudit test de « français »…

Ça sert donc à quoi, le bilinguisme?

Sur une note plus légère, ça pourrait être bien pire. Vous pourriez être obligé.e.s de quitter votre communauté, où vous pouviez alors parler librement dans la langue officielle de votre choix sans avoir à faire face à de nombreux obstacles, pour poursuivre vos études postsecondaires dans une institution postsecondaire dite bilingue. Wow, la chance! Pourtant, arrivé.e. sur les lieux, vous constatez assez rapidement qu’il sera bien difficile de naviguer le campus et les rouages de la politique étudiante dans la langue de
Molière. Vie sociale en français? Elle est bonne, celle-là.

Il va sans dire que le problème n’est pas uniquement lié à un seul coupable. D’une part, il serait injuste de tout simplement blâmer les étudiant.e.s élu.e.s aux postes de l’exécutif et du Conseil
d’administration de la Fédération étudiante, qui n’ont probablement que de bonnes intentions.

D’autre part, il serait injustifié de tout banalement pointer du doigt l’Institut des langues officielles et du bilinguisme (ILOB), qui donne si gentiment de son temps en offrant des tests d’aptitude dans les deux langues officielles aux candidat.e.s aux élections de la FÉUO.

Le problème, semblerait-il, serait bien plus large et complexe que l’on pourrait le penser.

Ce ressentiment envers la population estudiantine francophone sur le campus uottavien ne remonte certainement pas à hier. Dans les années 90, on parlait librement d’une « bilinguisation » des postes au sein de l’exécutif de la Fédération étudiante, comme s’il était question de problèmes d’importance capitale. « Ah le français, la langue du diable! Pourquoi donc devrais-je la maitriser? »

Une suggestion de réponse : pour s’assurer que les étudiant.e.s qui vous ont élu.e.s sont en mesure de vous consulter sur des questions de nature sensible, comme la violence sexuelle et les problèmes de santé mentale?

Pour faire passer vos messages quant à la mobilisation de la population étudiante contre la hausse des frais de scolarité?

Pour partager des détails quant au rapport des finances de la Fédération étudiante? À ce niveau-là, il faudrait peut-être travailler sur l’aspect de la transparence avant de se taper la question linguistique…

La réponse à cette question, on la cherche encore, semble-t-il.

Du côté de l’ILOB, tout n’est pas parfait non plus. On critique au passage leurs tests qui, selon les dires d’ancien.ne.s candidat.e.s, seraient du même calibre que celui d’un test donné à un enfant de prématernelle. Sans pour autant nécessairement vouloir dénoncer le travail de l’Institut, un renforcement de normes des tests de compétence, en français comme en anglais, semble être de mise dans les prochaines années. Les élu.e.s devraient être en mesure de nous parler avec fluidité de ce qui les passionnent et de leurs projets et aspirations durant leur mandat et non de nous décrire une photo où deux enfants sont en train de racler des feuilles.

In French, please!

Finalement, il est difficile de ne blâmer qu’une seule et unique personne à la tête de ce manque de reconnaissance de la population francophone sur le campus uottavien. Cependant, il est clair que la Fédération étudiante montre ses vraies couleurs en coupant délibérément le Gala de la francophonie de ses évènements, en engageant un directeur des élections aucunement bilingue et pour laquelle les réunions du Conseil d’administration ne méritent que près d’une dizaine d’interventions en français. Tout ça dans une université qui a d’abord été créée par et pour les francophones de la région de la capitale nationale. Cette population peut bien aujourd’hui ne former qu’un maigre 30 % de la population étudiante, mais elle est toujours aussi vibrante et mérite d’être entendue, non seulement durant la période des élections, mais pendant toute l’année.

La Rotonde ne déteste pas les anglophones.

La Rotonde déteste tout simplement la stigmatisation qui s’est créée autour des étudiant.e.s francophones, qui restent les éclopé.e.s de ce faux bilinguisme.

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