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Encéphalogramme plat !

Actualités
18 septembre 2017

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Par Nicolas Hubert

Après avoir passé mon été, mes vacances, entre la place de l’Université et sa rue éponyme, me délecter du luxe de flâner au calme ou de prendre un café et attraper un ascenseur à la Faculté des sciences sociales en à peine une minute, septembre me laisse un vague regret et une profonde incompréhension.

On y est. Ça sent la rentrée universitaire, les visages hâlés, la joie éphémère des retrouvailles, la frénésie sur la rue Université, la place qui trouve enfin une utilité et la difficulté à garer son vélo, que l’on aimerait également observer en plein cœur de l’hiver, prise de position d’un cycliste 4 saisons convaincu.

Ça sent la fébrilité des étudiant.e.s de première année, l’attitude presque blasée des survivant.e.s des examens des dernières sessions, le visage fatigué des doctorant.e.s qui ont survécu, ou non, à leurs examens de synthèse et qui attendent avec impatience les prochaines vacances pour récupérer. Ça sent aussi les BBQ promotionnels aux files interminables de personnes juste intéressées par de la bouffe gratuite, comment les blâmer.

Ça sent la rentrée universitaire, presque l’automne. Les premières feuilles tombent, avec elles l’oubli. Ça sent l’indifférence, qui se fraye un chemin entre une tête d’affiche misogyne pour célébrer la lutte contre la culture du viol sur le campus universitaire, une gestion néolibérale des ressources humaines menée d’une main de maitre par l’administration universitaire et la clientélisation croissante des étudiant.e.s. Cette dernière s’accompagnant de la dépréciation constante du savoir censé être transmis par l’intermédiaire du produit, pardon, des diplômes délivrés par l’Université.

Ça sentirait presque l’indignation, enfin en demie teinte, lorsqu’une fois n’est pas coutume un Vet’s tour ou autre sort d’entre les murs universitaires pour être relayé par la presse régionale et nationale. Il en est dépitant de constater à quel point nous sommes aveugles et insensibles à la violence quotidienne qui sévit au sein de notre communauté universitaire, pour voir finalement fleurir des vagues de soutiens et de dénigrement lorsqu’un phare externe guide nos émotions, notre ressenti de bon ton.

Ça ne sent plus rien, l’aseptisation. Une treizième année de hausse consécutive des frais de scolarité, le non-renouvellement de professeurs plébiscités par leurs étudiant.e.s ou piliers de leurs programmes, la fusion prévue de certains départements pour réduire le coût de la masse salariale, et donc de la qualité de l’enseignement, la volonté affichée par une certaine frange de la Fédération étudiante de mettre un terme au suffrage universel et rien. Rien, aucun étonnement partagé, aucune colère perceptible, pas le moindre indice de mouvements étudiants en perspective, pas la moindre contestation en vue.

Ça sent le calme plat dans l’effervescence superficielle des semaines d’accueil et des tasses promotionnelles bon marché. Dans l’attente qu’un influenceur ou un média vedette nous dise quoi penser et comment agir face à notre environnement quotidien, nous demeurons inertes, sans le moindre signe d’émotion cérébrale, de raisonnement affectif. Nous préservons seul.e.s une inclinaison tactile optimale pour performer au rythme d’une reprise de Carmen par Stromae… Prends garde à toi… Encéphalogramme plat.

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