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Entretien avec Roya Shams : « Un simple sourire ne coûte rien »

Web-Rotonde
30 novembre 2015

Par Didier Pilon

Être une féministe en Afghanistan n’est pas chose facile – surtout lorsque l’on n’a qu’à peine 11 ans. C’est pourtant la vocation que s’est donnée Roya Shams. Toutefois, lorsque son père meurt aux mains des Talibans et qu’elle commence à recevoir des menaces de mort, Shams doit quitter l’Afghanistan. Réfugiée à Ottawa depuis 2012, elle poursuit ses études à l’Université d’Ottawa. La Rotonde s’entretient avec la jeune politicienne en formation.

La Rotonde : Comment ont été vos expériences avec le processus de parrainage?

Mon expérience a été très différente de celle des réfugiés syriens. J’ai été parrainé directement par Paul Watson et le Toronto Star, et j’avais déjà une bourse d’étude au collège d’Ashbury. Watson me connaissait parce que je suis une défenseure des droits des femmes – en particulier de l’accès à l’éducation – depuis que j’ai 11 ans. J’ai donc été dans les médias.

LR : En vous basant sur votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux personnes qui entament le processus de parrainage?

Je dirais aux réfugiés que je comprends très bien; ma famille est toujours en Afghanistan. C’est difficile et le parcours est parsemé de doutes. Les réfugiés ont beaucoup souffert. Nombreux sont ceux qui ont perdu un ou plusieurs membres de leur famille, souffrent de stress post-traumatique et bien d’autres conditions encore. C’est incroyable qu’on les fasse attendre si longtemps pour ce processus.

Pour les gens qui les accueillent, je leur conseillerais simplement de s’ouvrir à eux. Lorsque je suis arrivée au Canada, je n’avais que 15 ans et je ne connaissais personne ici. La famille qui m’a accueillie et la communauté en général a été si généreuse envers moi. Ça m’a vraiment amenée à être la personne que je suis aujourd’hui. Des fois, c’est vraiment les petites choses qui font les plus grandes différences : un simple sourire ne coûte rien et ça fait toujours du bien.

LR : Dans une entrevue avec le Toronto Star, vous confiez vous être sentie « perdue dans les corridors du collège Ashbury ». Avez-vous trouvé votre place à l’U d’O?

C’était vraiment difficile de s’adapter au contexte universitaire, mais l’Université d’Ottawa a été si généreuse envers moi. Ce n’est pas seulement la bourse qui paye mes frais de scolarité, c’est tous les individus qui m’aident de jour en jour. Ils me donnent de l’espoir en me disant que je ne suis jamais seule au combat. Bien sûr, il y a de bons et de mauvais côté à tout, mais je préfère me tourner vers les bons côtés.

LR : La première année à l’Université est toujours difficile. Réussissez-vous bien dans vos cours?

Oui, je réussis très bien. Je vais à tous mes cours parce que je suis quelqu’un de particulièrement visuel. Mais je veux aussi avoir toute l’expérience de la communauté étudiante et vraiment m’impliquer sur le campus. L’Université est devenue un troisième domicile pour moi, après Ashbury et bien sûr ma famille. Je m’implique dans quatre ou cinq organismes et j’essaie d’aider de mon mieux avec la crise des réfugiés. L’aide ne connaît pas de frontière, ni langue, ni couleur, ni religion.

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