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Sports et bien-être

Entrevue avec Johnny Berhanemeskel : « J’espère être le troisième qui ira jouer professionnellement »

Web-Rotonde
27 octobre 2014

– Par Moussa Sangaré-Ponce –

Johnny Berhanemeskel, cinquième au classement individuel du basketball masculin du Sport interuniversitaire canadien (SIC) pour la saison 2013-2014, est reconnu comme étant une vedette de l’équipe des Gee-Gees. Son cheminement résonne avec la montée du basket à l’Université d’Ottawa (U d’O) et c’est avec regret que les partisans devront le voir quitter le Gris et Grenat à la fin de sa dernière année. La Rotonde l’a rencontré pour en discuter.

Lorsqu’il était en 10e année du secondaire, l’équipe de basketball de Johnny Berhanemeskel s’est rendue en finale du championnat de la Ville d’Ottawa. Cependant, son équipe a perdu lorsqu’à la toute dernière seconde du match, l’équipe adverse a marqué un panier. Cet été-là, Berhanemeskel, qui n’a pas bien joué pendant le match, a tout lâché, incluant le soccer, un sport qui le passionnait, et a décidé de dédier tout son temps au basket. Malgré cela, il n’était pas un joueur très scruté au secondaire. L’Université d’Ottawa a été la seule équipe à approcher le jeune homme. Personne, y compris Berhanemeskel, ne savait ce qu’il allait devenir. « Je voulais seulement faire partie de l’équipe », se rappelle-t-il.

Aujourd’hui, Berhanemeskel est non seulement le visage du basketball à l’U d’O, mais probablement celui de tous  les Gee-Gees des deux dernières années. « J’essaye de ne pas penser comme ça », confie-t-il. Pour Berhanemeskel, son équipe et la quête d’un championnat national est tout ce qui compte. Cette mentalité, non seulement de sa part mais également du programme de basketball masculin, est très différente de celle des années passées. « Quand on se rapproche du championnat national, il ne faut pas se contenter de ce qu’on a accompli. Avant, on pouvait être les underdogs, mais maintenant, on est de l’autre côté de ça. On ne peut pas prendre de repos », affirme l’athlète. Bien qu’il ne faille pas oublier les exploits de Warren Ward, ancien et grand du basket à l’U d’O, il y a une corrélation entre la montée du programme de basket masculin et le développement de Berhanemeskel. Le programme et lui sont maintenant considérés parmi les meilleurs, sinon les meilleurs, au pays. Son talent n’est pas la seule chose qui a évolué lors des quatre dernières années, mais également la chimie avec ses coéquipiers. « D’un côté offensif, on peut passer sans regarder et les gars savent qui va être où sur le terrain. Ça rend le jeu amusant et plus facile. Avant, il n’y avait pas ce type de chimie et maintenant je suis très reconnaissant de ça », soutient-il.

Nommé à la deuxième équipe des étoiles du SIC était insultant pour beaucoup d’analystes, mais pas pour Johnny. « Des choses comme ça n’ont pas fait de moi la personne que je suis aujourd’hui. Ça me motive jusqu’à un certain point, mais tu vois un gars comme Warren Ward qui a été nommé à la deuxième équipe quand je pense qu’il a été le meilleur joueur au pays cette année-là. Des choses comme ça, ça ne me dit rien, j’ai vu des milliers de joueurs qui n’ont pas eu de considération juste. À la fin de la journée, si on est en bonne position et si on a une chance de gagner [le championnat], je serai tout aussi content », raconte-t-il. 

Moments mémorables

Berhanemeskel n’essaye pas trop de se concentrer sur le fait qu’il en est à sa dernière année pour le Gris et Grenat. Pourtant, il reflète quand même sur son passage à Ottawa. « Je vais manquer les gars et les choses qu’on fait à l’extérieur du terrain. Les souvenirs qu’on a ensemble, les bons comme les mauvais. Je vais tout manquer », avoue-t-il. Gagner la coupe Wilson, accordée au gagnant des Sports universitaires de l’Ontario (SUO), était un des moments qu’il tiendra toujours à cœur. « On a joué comme une équipe, surtout défensivement et sur les rebonds. Marquer le panier gagnant était spécial aussi », se remémore-t-il. Jouer au Centre Scotiabank (maintenant le Centre Canadian Tire) était aussi quelque chose de spécial ; cela donnait une chance au natif d’Ottawa de briller sur une grande scène devant tous ceux qui l’ont encouragé.

Étoile canadienne

Berhanemeskel a déjà vu deux de ses anciens coéquipiers, Warren Ward et Terry Thomas, signer des contrats professionnels après leur cinquième année d’éligibilité. Lorsque La Rotonde lui a demandé quels étaient ses plans pour l’année prochaine, Berhanemeskel a avoué qu’il espère faire la même chose. « J’espère être le troisième qui ira jouer professionnellement quelque part, mais je vais y penser quand ça serait le temps. J’ai d’autres choses à régler maintenant », souligne-t-il.

Cela est représentatif entre autres de la croissance de la popularité et de la qualité du basketball au Canada. Il est de moins en moins rare de voir des Canadiens devenir des vedettes ou des bons joueurs dans la National Basketball Association (NBA) et la National Collegiate Athletic Association (NCAA). Pour la première fois, un Canadien a été choisi avec le premier choix au repêchage de la NBA pour deux années d’affilée. Bien qu’il y ait encore plusieurs joueurs qui vont aux États-Unis pour poursuivre leur rêve de basketball, le basketball canadien est sur une montée et des joueurs comme Berhanemeskel sont la preuve qu’on n’a pas nécessairement besoin d’aller aux États-Unis pour jouer au basket. Bien qu’il reconnait être l’un des visages de cette nouvelle vague de joueurs qui jouent au Canada, il avoue qu’il y a encore du travail à faire avant que le niveau de basket du SIC soit comparable à celui de la NCAA. « Tout le monde doit construire la culture ensemble. Si tu joues maintenant au Canada, il faut s’exciter et saisir la chance. Selon moi, les gars au Canada ont plus de talent que ceux aux États-Unis. Maintenant, il faut les rattraper du point de vue athlétique ».

Humble malgré l’excellence

La saison dernière, Berhanemeskel a marqué 451 points, ce qui est un record pour le programme. Il détient aussi le record pour le plus de paniers de trois points marqués pour Ottawa. Après cette année, l’athlète entrera au temple de la renommée des Gee-Gees. Bien qu’il soit content d’être reconnu comme un des grands du Gris et Grenat, il hésite encore de se considérer à ce niveau. « C’est un honneur, mais il y a des gars qui ont fait des choses spéciales pour ce programme et je pense que c’est plus être au bon endroit au bon moment. Je pense toujours que Warren Ward est le meilleur joueur qui ait joué ici ».

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