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Fédération étudiante : Une poursuite pour diffamation sème la discorde au sein de l’exécutif

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10 avril 2017

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Par Yasmine Mehdi – Cheffe du pupitre Actualités

Tout a commencé le 5 mars dernier, lorsqu’une déclaration écrite par la vice-présidente aux affaires universitaires, Vanessa Dorimain, a été prononcée devant le Conseil d’administration de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa. Dorimain n’étant pas présente, c’est Faduma Wais, étudiante et employée de la FÉUO, qui a livré sa mise à jour par procuration. Lors de celle-ci, Wais a accusé Roméo Ahimakin, actuel président de la FÉUO, d’avoir exhibé des comportements violents et misogynes. Le 22 mars dernier, Dorimain et Wais, de même que quatre autres individus, recevaient un avis d’action signé par l’avocat d’Ahimakin. La cause de ce recours judiciaire? « Les déclarations mensongères […] ayant porté atteinte à la réputation de M. Ahimakin » La Rotonde tente de faire le point sur une affaire particulièrement complexe, où perceptions contradictoires se multiplient.

Qui sont les défendant.e.s?

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Si Dorimain fait l’objet d’une poursuite pour avoir entre autres qualifié Ahimakin de « personne violente et misogyne », Ellis et Wess sont pour leur part concerné.e.s puisqu’ils ont corroboré les propos de la vice-présidente aux affaires universitaires lors de la réunion du Conseil d’administration. Ellis y a en effet affirmé qu’Ahimakin avait adopté des « comportements misogynes » alors que Wess a soutenu qu’il était « extrêmement difficile de travailler » avec lui.

Antoun et Robertson sont quant à eux ciblés pour avoir diffusé ces déclarations, Antoun dans un vidéo Facebook en direct et Robertson dans un article publié dans The Fulcrum le 9 mars dernier.

La Rotonde a contacté toutes les personnes ciblées par la poursuite. À date de publication, aucun.e des défendant.e.s, à l’exception d’Antoun et de Dorimain, n’a donné suite à cette requête.

« Si le président Roméo Ahimakin n’a pas aimé ce que j’avais à dire, il aurait seulement dû me cibler dans l’avis d’action. Au lieu de cela, il a tenté de trouver une façon de réduire tout le monde au silence », a écrit Dorimain dans un courriel.

Notons que la principale intéressée a présenté des excuses partielles lors de la réunion du Conseil d’administration du 2 avril dernier, non pas pour ses propos, mais pour les avoir relayés par l’entremise de Faduma Wais : « Je pensais tous les mots que j’ai prononcés », a-t-elle affirmé.

De son côté, Michel Antoun, qui occupait par procuration le siège de représentant de la Faculté des sciences, déclare ne pas comprendre pourquoi il se retrouve embarqué dans cette histoire : « Je pense qu’il était de ma responsabilité de diffuser cette information pour des raisons de transparence. » Antoun soutient que son action ne ciblait aucunement Ahimakin et rappelle avoir diffusé l’ensemble de la réunion du Conseil d’administration. Le président de la FÉUO réfute ces propos et soutient que la caméra du téléphone d’Antoun était délibérément orientée vers lui lors de la lecture de la déclaration de Dorimain.  « Je n’ai pas les moyens d’avoir un avocat et cette situation est très stressante », soupire quant à lui Antoun.

Ahimakin sort du silence

Devant cette avalanche de reproches, Ahimakin justifie sa décision et rappelle les rapports tendus qui règnent au sein de l’exécutif depuis plusieurs mois. En effet, selon le président de la FÉUO, un premier rendez-vous entre un conseiller du Bureau des droits de la personne de l’Université d’Ottawa et les six membres de l’exécutif aurait eu lieu en novembre dernier. Le processus de médiation n’aurait cependant pas abouti, faute d’une volonté commune de l’exécutif.

Ahimakin raconte que les tensions n’ont fait que s’exacerber dans les mois qui ont suivi, citant les élections et l’affaire U-Pass comme des évènements clés. Il soutient avoir contacté le Comité disciplinaire à plusieurs reprises, avant et après le 5 mars, « preuves à l’appui » pour montrer qu’il était « attaqué du matin au soir » par ses collègues. Le Comité lui aurait cependant indiqué qu’il n’était pas en mesure d’intervenir dans ce conflit, d’où la décision d’Ahimkain d’opter pour l’avenue judiciaire.

L’actuel président le dit et le répète : les accusations de Dorimain seraient totalement infondées. « On ne peut accuser quelqu’un de quelque chose sans fournir de preuves! », s’exclame-t-il en critiquant par la même occasion le fait que le Conseil d’administration lui ait refusé un droit de réponse suite à la déclaration de Dorimain. « À aucun moment il ne me viendrait à l’esprit de manquer de respect à une personne, je n’ai pas été éduqué comme ça », plaide Ahimakin.

Immunité au Conseil d’administration?  

Une autre question se pose également suite à cette poursuite : les membres du Conseil d’administration de la Fédération étudiante devraient-ils bénéficier d’une immunité dans le cadre de leurs fonctions?

Louise Bélanger-Hardy, professeure à la Faculté de droit, section common law de l’Université d’Ottawa rappelle que l’immunité est reconnue dans les cours de justice ou au Parlement. « Il faudrait savoir s’il y a une immunité dans le contexte d’une réunion du Conseil d’administration », explique-t-elle en précisant que cette question serait laissée à l’interprétation d’un juge.

Reste à savoir si ce dossier aboutira bien devant les tribunaux, ou s’il trouvera une issue à l’amiable. Pour sa part, Ahimakin ne souhaite pas s’avancer sur ses attentes vis-à-vis des plaignant.e.s, mais estime que des excuses publiques lui sont nécessaires étant donné que « le mal a été fait en public ».

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