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Arts et culture

Panégyrique au printemps

Culture
27 mars 2017

Arts et culture

Par Myriam Bourdeau-Potvin – Cheffe de pupitre Arts et culture

MUSIQUE OTTAVIENNE

Les 24 et 25 mars derniers, le festival Doldrums soufflait six bougies en invitant comme à l’habitude les mélomanes locaux à dégourdir leurs sens suite à l’avènement du printemps. Au menu pour les deux soirées : des spectateurs et spectatrices friand.e.s de musiques hétéroclites et huit groupes locaux sélectionnés avec circonspection.

Changer son fusil d’épaule

Le terme anglophone « doldrums » désigne une zone de calme équatoriale, soit une région maritime où les vents sont particulièrement modérés. Ce mot avait d’abord été choisi par le fondateur et musicien d’Ottawa Lucas MacKenzie, expatrié à Toronto depuis maintenant trois ans. Ce sont Peter Zachar et Andrew Grosvenor qui ont pris le relai. Zachar se remémore les débuts de Doldrums avec un sourire : « À ce moment-là, il n’y avait pas grand-chose point de vue festival qui se passait l’hiver. Il fait seulement froid et tout le monde reste à l’intérieur. C’était une façon d’inviter les gens à venir voir des concerts de musique. » Passé d’une saison à l’autre, le festival Doldrums souligne maintenant l’arrivée officieuse du printemps.

Si les dates ont changées, la formule reste toujours la même : deux soirs, deux genres musicaux. « Même si les deux soirées sont différentes, elles restent constantes. La première soirée était un peu plus électro avec des synthétiseurs alors que la deuxième était plutôt rock. »

Veglione de synthés

La première soirée a été lancée par sbsst, alias d’Eric Moore, qui, accompagné uniquement d’une console électronique, a ravi les quelques participant.e.s anxieux et anxieuses de voir la scène étrennée. Ses mélodies lentes, qu’il qualifie comme étant de l’électro space-out, ont ensuite laissé place aux mélodies plus pop de Kate Schroder, membre entre autres du groupe Those Gulls. Ses rythmes entrainants ont par la suite été remplacés par ceux du groupe tout récemment formé Church of Trees, tout aussi pop mais au son moins particularisé. Ce duo composé de Felicity DeCarle et Bernard Frazer prouve que la musique électronique n’a pas d’âge : les élans dreampop de Frazer ne sont qu’embellis par le timbre modulé de DeCarle. Pour terminer, c’est Destroy Clocks qu’on a vu monter sur scène. Ce trio, constitué de Nicole Lefebvre, Kevin N. Hell et Tyler Black, n’a en commun avec les groupes précédents que le synthétiseur. De fait, ceux-ci créent des rythmes appesantis, vertigineusement progressifs au son de guitare lourdement distordu. Le pauvre Black était malade ce soir-là, mais le groupe a tout de même tenu à offrir quelques morceaux. C’est sous les cris de Hell, qui a conseillé à la foule de faire attention sur l’autoroute enneigée dans leur chanson « Highway Eyes », que s’est conclue la première soirée.

Garage, lofi et chœur

Mettant en vedette quatre autres formations regroupées sous la thématique rock, la deuxième partie de l’évènement a été tout aussi populaire que la première. Est d’abord monté sur scène The Vile Bodies, groupe composé d’un batteur, de quatre guitaristes et de quatre voix, qui donnent l’impression que les Beach Boys se seraient inspirés des Sex Pistols. Shadowhand a pris le relai avec des mélodies de dark soul frôlant le daze ambiant. La voix imprégnée de whiskey de Jamieson Mackay a immédiatement enivré la foule qui se ballote de gauche à droite aux sons languissants des acolytes du chanteur. Après coup, ce fut au tour de Prayer Wheels de monter sur le plancher de la scène en ouvrant avec un morceau instrumental. On a découvert avec stupéfaction que le « chœur » qui accompagne leur rock est finalement constitué de deux demoiselles. L’une d’elles, Mallory Giles, est aussi la frontwoman du groupe de rock-garage Nightshades, qui est venu mettre un point final au festival.

Tout compte fait, Zachar se dit satisfait de cette sixième édition de Doldrums : « Je pense que ça grossit chaque année! » Il se dit saturé d’entendre à répétition qu’Ottawa est une ville ennuyeuse et explique que « ce sont les gens qui ne vivent pas ici qui disent ça ».

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