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La FÉUO en route vers un régime autoritaire ?

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5 février 2018

Chronique

Par : Nicolas Hubert

Organisés les 31 janvier et 1er février, les débats entre les candidat.e.s aux élections générales de la Fédération Étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) ont été marqués par une organisation peu transparente et sous contrôle de l’exécutif sortant, des questions issues de la presse pré-approuvées et censurées, une prise de parole asymétrique en faveur du parti de l’exécutif et une volonté d’intimider les partisans de l’opposition.

Nous passerons outre le fait que les questions que nous avons dû adresser plus de deux semaines avant l’organisation des débats, sans même connaître les candidat.e.s, ont été sélectionnées, censurées dans un esprit de totale connivence avec l’exécutif sortant, cela n’est en aucun cas une surprise. Nous regrettons cependant que le même procédé ait été appliqué pour les questions du public, devant être rédigées au cours du débat et remises en avance à la FÉUO.

Il est également problématique que la présidence des débats soit confiée au président sortant de la FÉUO, Hadi Wess, ainsi qu’à la coordinatrice générale de la Fédération, Vanessa Dorimain. Notamment lorsque ces mêmes personnes doivent assurer le rôle de modérateur et faire respecter la bonne tenue de l’audience. Les limites de cette organisation ont pu se faire sentir dans la volonté de contenir l’enthousiasme des partisans de la plateforme Solutions.

Alors que l’exécutif sortant de la FÉUO a dénoncé une tentative d’intimidation, elle a au contraire procédé à une réelle intimidation à l’encontre du parti d’opposition. Spécifiquement en menaçant de recourir à la sécurité de l’Université pour sortir ses partisan.ne.s de l’audience. La différence avec les partisan.ne.s du parti Uni.e.s ? Le nombre et la ferveur. Aucune différence dans le comportement, seulement dans le volume sonore.

Outre les problèmes de forme constatés au cours de ces débats, cette organisation et ce comportement général de la part de la FÉUO révèlent un problème de fond particulièrement préoccupant. Par exemple, alors que chaque membre sortant de l’exécutif engagé dans les prochaines élections générales intervient au sein du débat en qualité de candidat, ils répondent également à leurs adversaires en tant que personnes sortant du poste.

Ce qui pourrait apparaître logique de prime abord relève cependant d’une prise et d’un temps de parole asymétrique. En effet, à chaque prise de parole d’un.e membre de Solutions, un.e membre d’ Uni.e.s intervient en tant que membre de l’exécutif pour contredire les propositions suggérées par le parti adversaire, avant de reprendre la casquette de candidat pour défendre leur propre campagne électorale.

Cette dynamique met particulièrement en exergue la gestion actuelle de la FÉUO, ainsi que la gestion proposée par Unies, au cœur de sa campagne électorale. Concevoir l’exécutif, et par extension la Fédération étudiante, comme « une famille unie ».

Il n’y a qu’à observer les points de rencontre de chaque partie pour voir en quoi cela est hautement problématique. Sur chacune des tables des partis, les partisans et soutiens s’activent pour faire la promotion de leurs plateformes. Cependant, adossés aux murs des bureaux de la Fédération, la grande majorité des partisans de campagne d’Uni.e.s sont des employé.e.s de la FÉUO.

La réponse serait qu’ils sont-ils libres de s’engager dans la campagne en tant que bénévoles. Mais en tant qu’employé d’une fédération, est-il déontologique d’y prendre part activement ? Chaque personne demeurant libre de voter. Mais la question serait, qui les a recrutés ? Si autant d’employé.e.s sont de fervents soutiens du parti de l’exécutif sortant, ne pouvons nous pas poser la question de savoir si être un partisan d’Uni.e.s était l’un des critères d’embauche de ces employé.e.s ? D’autant plus lorsque le responsable actuel des ressources humaines de la Fédération n’est autre que le véritable leader de ce parti et candidat au poste de président de la Fédération.

Cela ne serait-il pas une illustration de la volonté de gérer l’exécutif et la FÉUO comme une « famille » ? Et dans cette perspective, qui est le « chef de famille » ? Qui est la personne influente qui tire les ficelles en coulisse ? Et à quoi renvoie réellement cette manière de procéder ?

Rappelons que le patriarcat n’est pas exclusivement la construction d’une société dominée par un genre, le masculin, mais également une société dont l’organisation sociale et politique repose sur la conception de la famille, dominée par le patriarche, et dont l’application la plus extrême a trouvé ses racines dans l’Italie des années 1920.

Qui dit gestion familiale dit également népotisme. Ainsi ce mode de gouvernance revendiqué, où de fait les emplois et postes sont attribués au sein de l’organisation par affiliation, renvoie à une gestion purement patrimoniale de la chose publique.

De fait, cette perspective amène à regarder l’organisation de ces débats, et d’une manière plus générale des élections de la FÉUO, sous un autre angle. L’ensemble de ces dysfonctionnements et de ces arrangements en prend une autre ampleur. Il en ressort une gestion de la FÉUO comme une propriété de l’exécutif sortant, réduisant au minimum la pratique démocratique dans le seul but de son maintien au pouvoir.

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