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Arts et culture

Francophones de l’Ontario, vous êtes Franco-Ontarien.ne.s

Culture
24 septembre 2018

Par Gabrielle Lemire, cheffe du pupitre arts & culture 

Pour savoir si vous êtes bel et bien franco-ontarien.ne, faites le quiz ci-dessous ! Si seulement un quiz pouvait régler le souci que pose l’identification franco-ontarienne… Ce n’est pas si simple de tracer les conditions qui différencient quelqu’un qui s’identifie à la culture franco-ontarienne d’un francophone qui réside en Ontario.

Avant tout, comment parler d’identification sans se pencher sur le concept de l’identité ? Dans les années 50, le sociologue germano-américain Erikson écrivait que ce n’est qu’en définissant et en construisant de façon dynamique son identité qu’un humain se développe pleinement. Eh bien, il faut croire qu’il en est de même pour un peuple. Au cours des années 60, le Québec en pleine révolution tranquille rejetait son identification à une culture canadienne-française pour lui préférer une identité québécoise. En voyant le Québec s’afficher comme peuple avec une culture spécifique qui la différenciait du reste des Canadiens francophones, les Franco-Ontariens ont dû eux aussi définir plus précisément leur identité. Celle-ci s’appuyait en grande partie sur le contexte de minorité linguistique dans lequel vit la population francophone de l’Ontario. Il faut dire qu’un poids démographique de moins de 5% (et toujours en décroissance) dans la province, c’est alarmant. La survie de la langue est urgente et ce, pour toute population en situation de minorité linguistique.

En contexte minoritaire

Non, on ne s’apprête pas à entrer dans le discours typique d’une des nombreuses associations qui représentent les Franco-Ontariens. On ne s’apitoiera pas non plus sur le sort de ceux en contexte minoritaire. Mais essayons plutôt d’imaginer ce concept comme une lame à deux tranchants, que dis-je, à trois tranchants. D’un côté, un militantisme est nécessaire à la survie de la culture et à la transmission de la langue. De l’autre, il y a de l’insécurité linguistique issue d’un contact avec la langue anglaise et le français institutionnalisé. Et finalement, entre les deux réside une certaine apathie, entre autres chez les Franco-Ontarien.ne.s en minorité linguistique au niveau provincial, mais qui, dans leur région et au quotidien, ne se sentent pas touchés par le contexte de la province.

Justement, on peut naître francophone, mais le simple fait de se retrouver en Ontario et de partager cette langue ne suffit pas à provoquer l’identification d’un individu à la culture franco-ontarienne. Il y a dans l’identification une dimension volontaire et individuelle : on s’identifie à un groupe parce qu’on perçoit des affinités entre notre situation et celle du groupe. De là émerge l’expression utilisée par Roger Bernard dans son essai sur l’identité franco-ontarienne : « On ne naît pas Franco-Ontarien, on le devient. »

S’identifier sans exclusivité

Il faut savoir que de s’identifier à un groupe n’exclut pas l’identification à un autre. On peut être Canadienne, immigrante, femme, Acadienne et Franco-ontarienne si l’on s’identifie à toutes ces réalités. Oui, oui, même si une personne n’est pas née en Ontario, elle peut s’identifier à la culture et se dire Franco-Ontarienne. Par contre, même si la communauté se veut inclusive, un travail reste à faire au niveau de la reconnaissance d’enjeux à la fois partagés (ou distincts)des autres groupes. Parlons des enjeux vécus par les nouveaux arrivants, les Québécois.e.s venu.e.s s’installer en Ontario et les francophiles, sur lesquels plusieurs s’entendent pour dire qu’on les oublie trop souvent.

La réalité reste que des enjeux tels que l’accès aux services et à l’éducation en français demeurent communs à tous les francophones en territoire ontarien. Mais, bien sûr, l’identification va beaucoup plus loin que la langue en tant qu’outil de parole; la langue véhicule tout un bagage, toute une culture qui remonte à l’installation de francophones en Ontario au XVIIe siècle. Et ça, c’est longtemps avant que l’idée du mot « Franco-Ontarien » ou d’un drapeau quelconque n’effleure l’esprit de la conscience collective. Ce militantisme caractéristique des Franco-Ontariens est inscrit dans leur ADN, qu’on le ressente ou non.

Franco-Ontarien ou pas?

L’identification est souvent moins prononcée ou naturelle chez certains individus francophones vivant en Ontario. Ceux-ci récoltent vraisemblablement ce que d’autres, plus militants, ont semé. Chaque jour, ils vivent, parlent et étudient en français, sans s’intéresser aux enjeux qui touchent la majorité des Franco-Ontariens. Il m’est arrivé d’être accusée d’imposer aux autres une définition de ce que n’est pas un.e Franco-Ontarien.ne. De l’imposer aux personnes de cette catégorie qui « ne [vivent] pas pleinement [leur] francophonie et ne se [battent] pas pour [leurs] droits ». Sachez que tout francophone qui s’identifie au terme Franco-Ontarien.ne peut exercer la liberté de faire partie de cette communauté. Souvenons-nous toutefois qu’une identification à cette culture ne restera possible que si l’on vit et que l’on exprime sa fierté, tout en appuyant les mouvements de lutte qui permettent aux Franco-Ontarien.ne.s de subsister.

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