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Opinions

Francophonie un jour, francophonie toujours

Web-Rotonde
27 mars 2017

Opinion

Alexandre Henoud
Étudiant en traduction et en philosophie
Université d’Ottawa

Il ne suffit pas d’être Molière pour connaître la langue française mais l’idée qu’on en conçoit est à l’image de notre francophonie. Est-elle acquise ou innée? C’est à vous d’en décider. Pour le moment, concentrons-la sur ses racines, son histoire et son repère.

Elle prend donc racine sur les terres de la Gaule avec Lutèce comme point de repère. La culture gauloise se distingue de l’Empire Romain par ses coutumes, sa bravoure, sa cuisine, mais surtout sa langue ; la bande-dessinée Astérix et Obélix donne un aperçu parodique des Gaulois et des Romains. Vercingétorix, défenseur de son peuple, est devenu dans l’éducation républicaine française, depuis le XIXème siècle, l’exemple de résistance contre les peuples étrangers venus conquérir la France. L’histoire montre la victoire de Jules César contre le peuple gaulois sur le siège d’Alésia, en LII av. J-C.

Influencée par la langue latine, en grande partie, le français s’est entremêlé dans les termes romains ; par exemple, le mot tempus en latin est devenu temps en français. Bien que l’Empire Romain a pris de l’espace et du temps dans leur conquête, leur coutume n’a pas fait long feu. La culture judéo-chrétienne a pris le dessus pour : établir un salut commun sous un seul Dieu ; réconforter l’être humain montrant une vie après la mort ; localiser le cheminement du bien et celui du mal pour se sentir en paix, à soi-même, dès la fin de vie ; définir le péché comme une action proche du feu de l’enfer, à contrario de la bonté telle une foi approfondie menant vers les cieux. Du coup, l’être humain a été confronté par des chocs culturels visant à enrichir son vocabulaire dans les moments de bonheur et de malheur : c’est le cas du francophone.

Il est donc passé par de multiples obstacles lui permettant de toujours transmettre une langue qui est devenu théâtrale, rendu au bien du peuple, grâce à la Commedia dell’arte. Au Moyen-Âge, ce nouveau genre a été une forme artistique libre, déformant les tragédies grecques, rendant plus souples la gesticulation des protagonistes dont leur ridicule est devenu un pouvoir interpersonnel : le pouvoir des caricatures imitatives. Le francophone, dans ce style particulier, s’est retrouvé dans le socle d’une forme de liberté utile pour exprimer ses raisons et ses passions.

En tout temps et tout lieu, frayé d’embuches qu’il enjamba avec finesse, beaucoup ont utilisé d’autres registres littéraires pour valoriser les pensées de l’être humain ou pour le divertir sous toutes ses formes : la poésie avec les fameuse Fables (1668) de Jean de La Fontaine, mettant en scène les hommes politiques et les personnages sociaux de son époque sous forme animale pour imager leur comportement et leur façon de penser ; la philosophie avec Julien La Mettrie et sa « Mécanique de l’Éducation », tendance matérialiste du siècle des Lumières où L’Homme-machine (1748) a fait couler beaucoup d’encre sur la façon de penser l’être humain ; la musique avec Georges Bizet qui a composé son opéra Carmen (1875) décrivant l’amour tel un « oiseau rebelle » et un « enfant bohème » ; la politique avec Pierre Elliott Trudeau qui a été défenseur du multiculturalisme et du bonheur de l’être humain tels que le divorce, l’avortement et l’homosexualité, car l’« État n’a rien à faire dans les chambres à coucher de la nation », puis a aboli la peine de mort au Canada à la seconde moitié du XXème siècle.

Où est donc le point de repère du francophone? Il est bien là : présent à chaque débat culturel sociétal, militant des ferveurs de son identité planétaire, existant au quatre coins du monde pour ses déclarations humanistes, fleuron des libres penseurs de son histoire d’antan ; en un mot, le francophone a traversé tellement d’obstacles que le seul recueil de mots qu’il possède, se trouve au fond de son âme. Il n’a juste qu’à le libérer pour en extraire le jus de sa pensée et le nectar de son cœur, pour que les tripes de son organisme puissent réveiller en lui le blason de sa langue : le français.

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