Par: Gabrielle Lemire – Cheffe du pupitre Arts & Culture
En 50 avant Jésus-Christ, les Romains occupent toute la Gaule. Toute? Non. Il s’y trouve un petit village qui résiste malgré tout, complètement entouré de camps romains. On appelle ses habitants les Irréductibles. Grâce à leur potion magique, mais surtout grâce à leur colonne vertébrale, ils se tiennent debout pour revendiquer leurs droits.
Un jour, pendant que les Irréductibles s’attèlent à leurs 12 travaux (sans obtenir de points) en se battant pour les services en français; pendant qu’ils se regroupent en FESFO, REFO et en AFO; pendant qu’ils manifestent pour une Université franco-ontarienne; pendant qu’ils pansent leurs blessures infligées par les Ah, t’es un immigré du Québec!, un groupe de traîtres évolue au sein du village, préparant leur événement pré-jeux de la communication.
Chers traîtres, les Irréductibles vous encouragent à continuer de minimiser la valeur d’une culture avec laquelle vous avez ENFIN compris que personne ne voulait s’associer. Continuez de trasher des drapeaux et d’encourager le séparatisme des communautés de la francophonie canadienne à coup d’humour discutable et ce, au nom de l’Université d’Ottawa. C’est vrai que d’user d’oppression envers les nôtres constitue la meilleure technique pour faire briller la culture francophone dans nos institutions.
Merci de nous rassurer en exprimant de façon « sincère et sans réserve », nous dit le Département de communication, que votre intention ne fut jamais de « porter atteinte au droit et à l’intégrité des Franco-Ontariens ». C’est vrai qu’avec votre événement 100% québécois, vous ne faites pas d’oppression. Vous remplissiez de façon exemplaire la mission de l’Université que vous représentez, soit de vous engager « envers la promotion de la culture française en Ontario ».
C’est loin, notre village. Mais de penser que de publier de tels propos n’atteindrait pas les Irréductibles (les vrais, ceux qui lèvent les menhirs que des gens comme vous laissent tomber sur nous) montre un manque flagrant de jugement. La prochaine fois que vous oserez vous qualifier de « délégation » et de représenter une collectivité, apprenez à la connaître. Ce manque d’éducation provient évidemment d’une culture de discrimination préexistante et que vous perpétrez.
Tout de même, bravo d’avoir su vous démarquer, sans toutefois avoir surpassé la délégation de l’autre rive de l’an passé… Au moins, après avoir savamment fourni en 2014 une plateforme publique qui normalise l’emploi du mot « gay » de manière péjorative et la ridiculisation des enfants trisomiques et des Jeux paralympiques, votre organisation ajoute une corde à son arc en 2017 avec le doigt d’honneur mis en valeur sur cette même plateforme ET la discrimination contre un groupe minoritaire reconnu pour sa potion boostée à la fierté identitaire.
Non, je ne parle pas de vous, chers traîtres au sein de la délégation qui avez eu trop peur de vous manifester pour empêcher la publication de tels propos. Trop tard, qui se tait consent.
Pour ceux d’entre vous qui vous interrogez sur cette potion, cette fierté identitaire si caractéristique des Irréductibles, regardez autour de vous: nous nous ferons le plaisir de vous instruire sur nos druides, qui eux, ont la décence de représenter leur collectivité en étant « sensibles aux relations humaines », en « s’intéress[ant] de près aux phénomènes sociaux et culturels » et surtout en voulant « contribuer au mieux-être de leurs semblables ». En attendant la maturation de votre colonne vertébrale, pour faire partie de la solution plutôt que du problème, méditez sur votre prochain move, sur celui de l’organisation des Jeux et celui du Département que vous représentez. Un communiqué et c’est réglé? Le laxisme ne sera pas toléré.