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Histoire d’une réfugiée nord-coréenne

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3 décembre 2018

Photo Emilie Azevedo 

 

Par Camille Ducelier, cheffe du pupitre actualités 


C’est seulement à l’âge de sept ans que son identité rattrape Alice Kim. Celle-ci s’adresse à ses parents et leur demande pourquoi ses camarades de classe la traitent différemment. La réponse de sa mère changera le cours de sa vie. « Alice, tu es nord-coréenne. »

Invitée par l’organisme HanVoice, qui milite pour le respect des droits humains en Corée du Nord, Alice a pu partager l’histoire de sa famille. Alice est née en 1995 dans la capitale de la Corée du Nord, et son père était un membre de la classe élite du gouvernement nord-coréen lorsque celui-ci est envoyé en Chine en tant que diplomate vers la fin des années 1990.

Alice raconte que son père désirait être artiste et que sa mère comptait être enseignante, mais le régime totalitaire nord-coréen en a décidé autrement. En effet, le père d’Alice s’est démarqué par sa facilité à apprendre de nouvelles langues, ce qui l’a directement placé dans la diplomatie. Quant à sa mère, celle-ci avait des capacités administratives qui l’ont dirigée vers une carrière de secrétaire.

Le père d’Alice est envoyé en Chine en tant que représentant diplomatique, mais les lois du régime stipulent qu’une famille de diplomate peut n’emmener qu’une personne pour l’accompagner. Dès lors, Alice, étant plus jeune, a suivi ses parents en Chine alors que la famille a dû laisser en Corée du Nord leur fille aînée, qu’ils ne reverront jamais.

Le père de famille commençait à douter de la compétence du dictateur nord-coréen, en présumant que ce dernier était responsable de la famine au pays. Il est à noter que la famine des années 90 en Corée du Nord a été particulièrement meurtrière ; on estime qu’entre 600 000 et 2 millions de Nord-Coréens ont perdu la vie à cause du manque de nourriture. Suite à ces accusations, la famille, ne pouvant pas retourner en Corée du Nord pour des raisons de sécurités, a rapidement dû fuir vers Macau, puis vers la Corée du Sud, en tant que réfugiés.

Les porte-paroles du groupe HanVoice estiment que la discussion sur les droits humains en Corée du Nord n’est pas représentative, puisque l’on entend rarement le point de vue des nord-coréens. Leur programme accueille ainsi un ou une nord-coréen.ne par année, pour que celui ou celle-ci raconte son histoire souvent troublante, et réussisse à toucher les Canadiens pour que ceux-ci se mobilisent et tentent de changer la situation alarmante des droits humains en Corée du Nord.

HanVoice discute présentement avec le gouvernement fédéral pour que celui-ci appuie un projet pilote qui permettrait aux Canadiens de parrainer des réfugiés nord-coréens. En ce moment, les Canadiens ne peuvent pas sponsoriser de réfugiés d’origine nord-coréenne, ce qui est un obstacle conséquent pour les organisations comme HanVoice qui tentent d’aider les milliers de déserteurs nord-coréens.

Par ailleurs, on estime qu’entre 150 000 et 200 000 Nord-Coréens sont emprisonnés dans des camps de concentration aujourd’hui. De plus, le pays sous un régime totalitaire a été nommé comme étant le pire en matière de trafic humain, et ce, pour seize années consécutives.

Bref, depuis son arrivée au Canada, Alice a de plus en plus de temps pour réfléchir à ses origines, et plus particulièrement à sa soeur ainée, qu’elle n’a jamais revue depuis son départ vers la Chine en 1997, et qu’elle souhaite à présent retrouver.

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