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Arts et culture

Hubert Lenoir à l’Université d’Ottawa

Culture
25 mars 2019

Photo : Émilie Azevedo

Par Emmanuelle Gingras, cheffe du pupitre arts & culture 

Pour le mois de la francophonie, l’Université d’Ottawa présentait un mois bien fourni en termes d’événements culturels. Le 20 mars dernier, Journée internationale de la francophonie, le chanteur Hubert Lenoir venait présenter une performance plus grande que l’étriquée scène de l’Agora. Il s’agissait de son premier concert dans un contexte universitaire.

Le concert était gratuit, ouvert à quiconque ayant un lien avec l’Université : futurs étudiant.e.s, étudiant.e.s, diplômé.e.s, professeur.e.s et employé.e.s. C’était, malgré tout, une humble foule qui a accueilli le lauréat du gala de l’ADISQ en 2018.

Marie-Claude, une des membres du public, explique être venue voir Hubert Lenoir en raison de « son originalité, ses [bonnes] chansons » avant d’ajouter aimer son personnage. Toutefois, est-ce un personnage que nous présente Hubert Lenoir sur scène ? Le jeune artiste de 24 ans est en effet reconnu pour ses performances d’une grande extravagance.

Entrer en collision avec le public

Pierre-Luc Landry, étudiant en droit civil, a affirmé avant le spectacle en ricanant : « Je veux qu’il fasse des dommages matériels à l’Université ! » C’est en effet un spectacle avec de grands élans spontanés que proposait Hubert Lenoir mercredi dernier. À deux reprises, il a jeté son micro à l’autre bout de la scène. C’est sans oublier les multiples interactions brusques que celui-ci a eu avec son public. Quand l’énergie diminuait, celui-ci se jetait dans la foule qui le transportait ou s’infiltrait entre les gens pour débuter des mosh pits.

La proximité avec le public peut toutefois apporter quelques accidents, comme Hubert Lenoir confie à La Rotonde. Celui-ci affirme s’être fait un œil au beurre noir l’été dernier lors d’un festival après avoir reçu un coup de coude de la foule. Un événement redondant dont il se plaint le plus dans ses interactions avec le public : « Quand les filles m’embrassent sans mon consentement ! »

Entrait d’abord sur scène Lenoir avec son petit chapeau de pêcheur et une enfantine marinière pour s’en débarrasser presque aussitôt. Désormais habillé que d’un choker, d’un pantalon et d’eyeliner, Lenoir a présenté les classiques de son album Darlène, en plus d’une de son second groupe, The Seasons, pour enfin montrer certaines de ses nouvelles compositions.

C’est pendant presque une heure et demie que le chanteur a gardé le public en haleine ; les musiciens proposaient une variété d’effets sonores et interludes instrumentaux qui rendaient les temps morts rares. Sur scène : un guitariste, un clavier synthétiseur, un bassiste, un saxophoniste avec effets, percussions et son accompagnatrice vocale, Lou Adriane Cassidy, dont le premier album, C’est la fin du monde à tous les jours, a su agréablement surprendre la musique francophone cette année.

C’est un spectacle aux notes plutôt progressives frôlant le métal et le jazz dans une enveloppe pop que nous présentait les musiciens.  

Une performance des plus intimes fut présentée par Lenoir, faisant presque écho à un club échangiste si l’on considère les éclairages rouges qui tamisaient la scène presque tout au long de la performance, dont il a d’ailleurs lui-même fait la requête à l’éclairagiste en plein spectacle. C’est sans oublier les multiples interactions intimes qu’il avait avec quelques-uns de ses musiciens qu’il embrassait ouvertement.

« Je suis venu te dire que je ne changerai pas »

Pour Isabelle Bédard, membre de la foule étudiante en criminologie, tout est dans l’authenticité de Lenoir : « Il n’a pas peur d’être lui-même. Il n’a pas peur des gens et je l’admire quand même pour ça, c’est quelque chose que j’aimerais être meilleure à faire. J’aime sa musique, mais surtout lui ». C’est d’ailleurs ce sur quoi s’est prononcé le chanteur, après que La Rotonde lui ait demandé ce qu’il aurait à dire à tous les francophones dans le monde, en l’honneur de la Journée internationale de la francophonie : « Respectez-vous. Vivez pour qui vous êtes. J’ai pas vraiment d’appartenance à la langue […], mais dans la vie, t’es ce que t’es, t’es né de cette façon-là, que ce soit ton orientation sexuelle ou ta langue maternelle, pis il faut que tu sois fier de ça. Faut que tu te tiennes. Pis faut pas que t’essayes d’être quelqu’un d’autre. Faut comprendre ses origines. »

L’an dernier, le chanteur surprenait la foule lors d’une performance à La Voix avec un tatouage sur sa cuisse représentant une fleur de lys qui éjacule. Celui-ci expliquait à Tout le monde en parle : « C’est le Québec qui se reproduit, qui se répand, qui sème sa semence sur le monde ». Voilà pourquoi Hubert Lenoir a souligné à La Rotonde qu’il ne s’agit pas d’être attaché à ses racines en lien avec la francophonie : « J’aime pas le mot “racine” parce que ça te retient quelque part pis quelque chose qui bouge pas, pour moi, c’est quelque chose de mort. »

Lenoir affirme avoir apprécié sa première expérience de concert dans un contexte universitaire, et ce, en dépit du : « vous n’avez pas besoin de l’université pour accomplir de grandes choses ! », qu’il s’est plu à lancer au public en plein cœur de son concert.

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