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Arts et culture

La Faculté des arts et la francophonie : d’hier à aujourd’hui

Culture
16 septembre 2019

Crédit visuel : Andrey Gosse

Par Clémence Roy-Darisse – Cheffe de section Arts & culture

La Faculté des arts est la plus ancienne Faculté de l’Université d’Ottawa (Ud’O).  À l’occasion du numéro papier sur la francophonie, la section Arts et culture de La Rotonde trace un portrait de la baisse d’inscriptions des étudiant.e.s en arts, mais aussi sur la situation des étudiant.e.s francophones de celle-ci.

Selon la vice-doyenne à la gouvernance et aux relations extérieures, Sylvie Lamoureux, la Faculté des arts est comme un pont entre plusieurs programmes. Lamoureux partage que « la Faculté des arts retrouve sa place comme partenaire clé au sein de l’Ud’O ». Malgré cela, elle observe une baisse d’inscriptions comme toutes les facultés d’arts au Canada. Celle-ci serait dûe entre autre à la publicité grandissante des programmes de sciences et de technologie. L’incompréhension de la valeur d’un Baccalauréat en arts serait aussi en cause. De plus, l’Université dans son ensemble observe un déclin démographique puisque des parcours post-secondaires hors-universités sont normalisés.

Université « bilingue »

Bien que le bilinguisme soit une valeur centrale de l’Ud’O, les francophones demeurent une minorité. En 2018, selon le registre officiel de la Faculté des arts, le nombre total d’étudiant.e.s francophones inscrit.e.s dans la Faculté au programme de baccalauréat représentent 26,2%. En 2016-2017, seulement 68% des cours étaient offerts dans les deux langues.

Sur le campus, le milieu bilingue laisse place à certaines appréhensions. « Je pense qu’à l’Université d’Ottawa on trouve beaucoup d’insécurités linguistiques parce qu’on côtoie beaucoup de variété de français en même temps » explique Madame Lamoureux. L’expérience varie énormément selon le milieu d’origine. Elle explique que plusieurs étudiant.e.s, particulièrement ceux de milieux franco-minoritaires ou d’immersion, se font répondre en anglais. Lamoureux raconte que certains reçoivent aussi la remarque que leur « français est pas si pire pour un anglophone ». Ainsi, plusieurs étudiant.e.s sont tout simplement amené.e.s à parler anglais. Il existerait donc plus de francophones qu’on entend sur le campus.

Selon la vice-doyenne, il y aurait un manque de compréhension quant à la notion de cours bilingue et la qualité du français de ceux-ci pourrait être améliorée. L’anglais l’emporte très souvent sur le français. Elle affirme; « je suis toujours frustrée de voir l’accès limité à des ressources, y compris des articles scientifiques en français ». Lamoureux croit que les étudiant.e.s doivent aussi faire partie intégrante de la solution en engageant eux-mêmes leur processus de fouille pour des sources originales en français.

Présentement, l’Université emploie le système de bourses, notamment la bourse d’accès aux études en français afin d’augmenter la rétention d’étudiant.e.s francophones. Madame Lamoureux souligne qu’il existe d’autres bourses aussi, souvent méconnues de la population étudiante. Linda Cardinal, professeure et titulaire de la Chaire de recherche sur la francophonie et les politiques publiques, propose quant à elle de « développer des programmes de bourses ciblées » pour attirer les étudiant.e.s.

Son rapport, une responsabilité collective : plan d’action pour la francophonie à l’Université d’Ottawa, comprend trois objectifs principaux; « agir sur la gouvernance de la francophonie, renforcer la présence et le rayonnement de la francophonie sur le campus et mieux communiquer la mission francophone de l’Université ».

La situation des étudiant.e.s artistes francophones

« L’avenir de la francophonie en milieu minoritaire dépend des diplômé.e.s de la Faculté des arts qui ont une conscience socio-linguistique et qui croient dans un bilinguisme de haut niveau » croit Lamoureux. Selon elle, les étudiant.e.s font partie intégrante de la solution. Ils peuvent, par exemple, travailler à faire rayonner les arts dans les régions où l’accès à la culture est limité.

L’Université gagnerait davantage, selon la vice doyenne, à faire la promotion des vernissages et des événements artistiques des étudiant.e.s artistes francophones. Ceux-ci sont moins publicisés que leurs collègues anglophones.

Cependant, au sein de la Faculté des arts, certains programmes avantagent les francophones. C’est le cas du tout nouveau  programme de Baccalauréat en pratique théâtrale, qui, précise Lamoureux, existe particulièrement pour ces étudiant.e.s. Bien que chacun des programmes soient bilingues, les étudiant.e.s francophones en théâtre bénéficient des liens très étroits tissés avec la communauté théâtrale.

Les deux figures d’influence de l’Université sont conscientes qu’il reste beaucoup à faire institutionnellement pour améliorer l’expérience des étudiant.e.s francophones de la Faculté des arts. Cependant, ils leur revient aussi à eux de marquer leur place en osant parler en français peu importe l’accent et en créant partout sur le campus des oeuvres originales.

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