Labyrinthes
Par Frédérique Champagne
LA CHUTE D’ORLÉANS
Sous le souffle éteint de la vallée morte
Éclatait, lugubre, le silence en pleurs
Sous le carillon sanglant que le vent apporte
Entraîné dans l’oubli et le dernier malheur
Seul contre le Destin et le Temps qui vole
Je déploie mes ailes rognées dans la nuit noire
À jamais prisonnier de l’ombre et du sol
La tête relevée vers l’agonie d’un soir
Pleurant l’aurore, les étoiles envolées
Et la France dans mon errance éternelle
De francophone blessé au temps écoulé
Debout dans le siège d’Orléans et l’épée
Encore haute dans la poussière, l’étincelle
Et un dernier vol d’aigle à l’accent frappé.
LE CHEVALIER DE LÉVIS
Devant les murailles en ruines et le ciel sombre,
S’agitait sans un souffle de vent des épées rougies, des canons brûlants, les flots déchaînés par la Mort
Face au Destin noir, dans la poussière aveuglante, le Saint-Laurent arrêté, Québec en larmes, le mauvais sort
Marchait Lévis, fin seul contre la nuit et l’ombre
Perdu dans les ténèbres, l’agonie et les décombres
Le vainqueur de Sainte-Foy pleurait la Nouvelle-France, errant vers le soleil, hurlant dans son cor
Et soudain trébucha dans les Plaines d’Abraham, ombres à la dérive, l’espace d’un suprême effort
Le mousquet fumant, l’étendard déchiré, blessé dans la pénombre
Fatalité! Fatalité! Le Chevalier galopait bride abattue vers la Capitulation, flamberge au vent
En route vers l’aube, le Temps, Montréal et les tourments
La tête encore haute sous les flammes et les cris
Puis, le héros brûla ses drapeaux et s’élança tout sanglant sous le ciel étoilé
Chevauchant à toute allure vers la défaite et la Mort, invoquant dans un murmure fier Monjoie et Saint-Denis…
Dans un dernier mot français déjà envolé, cap sur l’éternité!