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L’alimentation chez les Premières Nations-Insécurité alimentaire en Ontario

Web-Rotonde
15 septembre 2014

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– Par Frédérique Mazerolle –

La publication partielle d’une étude s’étendant sur une période de dix ans, réalisée en collaboration par le professeur de biologie de l’Université d’Ottawa (U d’O) Laurie Chan, le professeur de nutrition de l’Université de Montréal (U de M) Malek Batal et l’Assemblée des Premières Nations, a révélé des résultats mitigés sur l’alimentation et la sécurité alimentaire des collectivités de Premières Nations en Ontario.

Première au niveau national

Le rapport de recherche, intitulé « Étude sur l’alimentation, la nutrition et l’environnement chez les Premières Nations », examine l’alimentation de Premières Nations habitant sur des réserves dans les diverses provinces du Canada. Tout récemment, le volet sur l’Ontario, qui comprend l’étude de 18 collectivités différentes réparties un peu partout dans la province, a été publié. C’est une première recherche de ce genre à l’échelle nationale.

Plusieurs universitaires se disent réjouis de voir en action une telle recherche. Marie-Josée Massicotte, professeure à la Faculté des sciences sociales de l’Université d’Ottawa, affirme qu’il faut souligner

« l’importance de telles études en partenariat avec les principaux intéressés, les Premières Nations, qui comprennent beaucoup mieux les problèmes et la complexité des enjeux multiples qui influencent et limitent les choix alimentaires de ces communautés ».

La recherche, qui est toujours en cours, a déjà obtenu des résultats pour la Colombie-Britannique, le Manitoba et l’Ontario. Les résultats pour l’Alberta et les provinces de l’Atlantique devront être dévoilés en automne prochain, alors que ceux pour la Saskatchewan et le Québec ne sont pas encore collectés et devraient être dévoilés dans les deux prochaines années.

Des effets sur la santé

« Il est très important de souligner notre partenariat avec l’Assemblée des Premières Nations », dévoile Malek Batal, professeur à l’U de M. « Non seulement c’est l’organisme qui représente l’ensemble des Premières Nations au Canada, mais elle a aussi assuré un lien direct entre les chercheurs et les Premières Nations ».

Dans le cas de l’Ontario, 18 collectivités ont été choisies de façon aléatoire pour dresser un portrait de la situation alimentaire. Suite à des études réalisées entre 2011 et 2012, les chercheurs en sont venus à la conclusion, comme pour les autres provinces observées, que les Premières Nations ne bénéficiaient pas d’une alimentation digne du calibre du Guide alimentaire canadien.

« En général, les problématiques observées dans les communautés de Premières Nations sont sensiblement les mêmes d’une province à l’autre. Par contre, il a été noté que la plupart des gens ciblés consommaient plus que la quantité recommandée de viandes et substituts, alors que les autres groupes alimentaires étaient délaissées », explique M. Batal.

Il a aussi noté que la consommation d’aliments transformés est en hausse, ce qui, selon M. Batal, entraine plus facilement des problèmes de santé, tels que le diabète de type 2 (un quart de la population ontarienne a été diagnostiqué) et la haute pression.

Un problème récurrent

L’une des parties les plus choquantes de l’étude porte sur l’insécurité alimentaire. Dans la recherche effectuée en Ontario, environ 29 % des ménages se disent anxieux face à leur situation alimentaire et à l’obtention de nourriture, comparativement à un taux de 9 % au Canada et de 8 % pour le reste de l’Ontario.

« Dans certaines communautés, ça peut aller jusqu’à 75 % », révèle le professeur de l’U de M. Certains enjeux peuvent être liés à cette problématique, soit le manque d’outils pour la chasse et la pêche traditionnelle et le manque de fonds.

Malgré certains résultats décevants de la recherche, M. Batal croit tout de même que les problèmes d’alimentation peuvent être résolus avec des méthodes simples. « On s’aperçoit que quand les aliments traditionnels sont consommés, les gens consomment plus de nutriments », explique-t-il.

Dans son ensemble, la recherche sur l’alimentation et l’insécurité alimentaire comporte certaines limites. « C’est une étude transversale, qui observe ce qui se passe maintenant. Alors, il peut être difficile pour nous d’expliquer la nature de ces enjeux », ajoute M. Batal. Le chercheur invite donc ses collègues universitaires des autres institutions à se pencher sur cette question, pour ainsi approfondir les connaissances à ce sujet.

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