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Arts et culture

L’art contemporain revisité

Culture
12 février 2018

Arts 

Par : Gabrielle Lemire

L’auditorium du Musée des Beaux-Arts du Canada (MBAC) s’est rempli d’adeptes d’art et de conservation le vendredi 9 février dernier à l’occasion d’un colloque sur l’art contemporain. Professeurs, étudiant.e.s, artistes et direct.eurs.rices de galeries ont pu assister à des panels sur la conservation de l’art et des perspectives historiques, de collection et de l’objet d’art. Le tout réunissait les conservateurs d’art contemporain et indigène et dix experts invités, qu’ils soient artistes ou conservateurs.

Nouvelles perspectives

Professeure d’histoire de l’art à l’Université de Montréal, Johanne Lamoureux a ouvert le premier panel avec l’encouragement d’une polyphonie au sein des musées, c’est-à-dire une multiplicité de voix provenant des conservateurs, du public et des artistes pour définir le musée.

À titre d’exemple, Lamoureux indiquait notamment des expositions où les visiteurs votent pour les œuvres qui seront admises dans une certaine collection, ou même des occasions « d’appropriation de la critique institutionnelle où des artistes remettent en question le musée ». Elle ajoute aux exemples de multiplicité des voix le Musée d’Orsay où une restauration d’œuvre mise à vue en plein jour a été effectuée dans la galerie. Après avoir longtemps été silencieux, les musées se vivent maintenant d’une multitude de façons différentes et permet une plus grande ouverture à l’art en communauté.

Une approche historique à redéfinir

Selon Lamoureux, on verrait de plus en plus de redéploiement anachronique dans les galeries, c’est-à-dire qu’au lieu de suivre une logique chronologique dans l’histoire de l’art lors de l’accrochage des tableaux, les conservateurs « brouillent les cartes ».  Le visiteur tombe alors sur des œuvres en rapport les unes avec les autres d’une perspective canonique (pertinence des enjeux connexes) plutôt qu’en ordre des périodes historique. Cette approche est de plus en plus prisée en salle de classe dans les universités.

« Longtemps, les conservateurs ont été les gardiens de l’interprétation autant que de la matérialité, de la valeur précieuse des œuvres », explique Lamoureux. Maintenant, il y a lieu de laisser libre cours aux nouvelles approches interactives et aux médiums numériques pour offrir une expérience mise à jour au visiteur.

Sous-représentation de la femme

L’artiste visuelle Landon Mackenzie aborde le problème de la sous-représentation de la femme en tant qu’artiste en galerie. Grâce à son prénom, Landon Mackenzie explique qu’au début de sa carrière, elle pouvait se faire passer pour un homme. Les conservateurs de musées prenaient alors pour acquis qu’elle était Monsieur Mackenzie et lorsqu’ils se rendaient compte de qui elle était, ils disaient souvent : « Mais tu produis tellement de belles œuvres pour une femme ».

Diana Nomiroff, professeure au département d’arts visuels de l’Université d’Ottawa et ancienne conservatrice senior au MBAC parlait également d’une représentation de l’artiste femme disproportionnée par rapport à celle des hommes dans les années 1970. Ce phénomène a poussé Nomiroff à intégrer aux salles un discours féministe pour une « forte représentation de la femme », sans toutefois créer une collection « token ». La conservatrice a vraiment tenté de dénicher les meilleures œuvres produites par des femmes et non de choisir les œuvres sous le prétexte qu’elles étaient créées par une femme.

Vers une réconciliation?

Lamoureux émet également un commentaire sur la nature politique de l’art contemporain en espérant ne pas découvrir dans vingt ans qu’une autre intention se cache derrière les efforts de réconciliation. L’artiste d’origine cost-salish lessLIE a quant à lui choisi de s’approprier le colonialisme et le capitalisme en tant que membre des Premières nations en modifiant le logo de la corporation Starbucks. Titulaire d’un baccalauréat en études des Premières nations, leeLIE a donc transformé le logo pour qu’il reflète les propriétés culturelles et esthétiques de l’art coast-salish.

Plus tard dans la journée, un panel sur la conservation de l’art indigène présidé par le conservateur Greg A. Hill abordait le thème de la réconciliation. Le paneliste Robert Houle, très ému en parlant des pensionnats autochtones, a conclu en demandant un musée des beaux-arts complètement indigène comme preuve de la bonne foi du gouvernement pour une véritable réconciliation.

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