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Par Nicolas Hubert – Journaliste

Alors que l’Université d’Ottawa (U d’O) célèbrera dans les prochaines semaines la douzième année consécutive de hausse des frais de scolarité, sans aucune consultation auprès de la population étudiante, des sources ont confirmé que les hauts administrateurs de l’Université profiteraient de la session d’été pour valider une augmentation record de leur propre salaire en plus de diminuer les bourses d’admission accordées aux étudiant.e.s internationaux et internationales.

« On cherchait de l’argent, mais nous n’en avons pas trouvé »

Le lundi 3 avril, en ouverture du Sénat, le recteur de l’Université d’Ottawa, Jacques Frémont, s’excusait pour son retard en déclarant : « On cherchait de l’argent, mais nous n’en avons pas trouvé. » Hilarité généralisée dans la salle, moins dans les portefeuilles des étudiantes et étudiants qui devront une nouvelle fois affronter une majoration de leurs frais de scolarité.

Si le prochain budget de l’Université devrait officiellement être annoncé et ratifié dans les prochaines semaines, ce sont Carlie Boisvert, représentante des étudiant.e.s du premier cycle au Bureau des gouverneurs, ainsi que Robert Head, son homologue des cycles supérieurs, qui ont alerté les associations étudiantes de cette nouvelle hausse. 

Et le salaire des hauts administrateurs dans tout ça?

Patrick Charrette, directeur des communications institutionnelles de l’U d’O, répète pour sa part que l’Université « fait face à de sérieuses pressions budgétaires » et que « des actions doivent être prises afin de contrôler [les] finances ».

Cette argumentation est néanmoins rejetée par l’ensemble de la communauté étudiante. Head soutient d’ailleurs que le président du Bureau des gouverneurs Robert Head lui a directement déclaré que l’Université ajoutait désormais « automatiquement une augmentation des frais de scolarité lorsqu’elle planifie son budget pour l’année suivante ». Le représentant des étudiant.e.s diplômé.e.s a également soutenu qu’une augmentation des salaires des hauts cadres de l’Université était prévue entre la session d’été et la prochaine rentrée universitaire.

La Rotonde a tenté de confirmer cette information auprès d’Isabelle Mailloux-Pukinghorn, gestionnaire des relations médiatiques de l’Université. Mailloux-Pulkinghorn a expliqué qu’il était « prématuré de répondre à des questions concernant la rémunération future de cadres supérieurs » pour l’instant.

« Aucun dialogue préalable n’a eu lieu avec les étudiants »

Stéphanie Bacher, commissaire à l’équité de l’Association des étudiant.e.s diplômé.e.s (GSAÉD), décrie que cette hausse ait été présentée par la haute administration « comme étant inévitable ». Elle regrette surtout « qu’aucun dialogue préalable n’[ait] eu lieu avec les étudiants ».

« C’est définitivement frustrant, mais c’est aussi quelque chose d’habituel », constate pour sa part Francesco Caruso, le vice-président aux communications de la Fédération étudiante de l’U d’O (FÉUO).

« C’est une indication d’incompétence »

Ainsi, la GSAÉD soutient que « cette augmentation n’est aucunement la seule solution de l’Université », tandis que la FÉUO s’interroge sur les actions concrètes mises en œuvre par l’U d’O pour représenter ses étudiant.e.s auprès du gouvernement et débloquer les fonds nécessaires à sa mission.

« C’est quoi concrètement les besoins d’augmenter les frais de scolarité? Est-ce que c’est pour augmenter votre salaire de quelques milliers de dollars ou pour améliorer l’accès des services en français, par exemple? », s’indigne Caruso, alors que Head qualifie cette nouvelle augmentation « d’indication d’incompétence ».