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Opinions

L’écho de la Colline n°11 : un résumé de la poli­­tique fédé­­rale

Web-Rotonde
13 février 2017

Benjamin Doudard
Étudiant en science politique et en communication
Université d’Ottawa 

Cela fait maintenant plus d’une semaine que la promesse quant à la réforme électorale a été rompue, et pourtant l’opposition néo-démocrate ne décolère pas. Jeudi dernier, une motion du NPD faisait l’objet des débats en Chambre et visait à obliger le gouvernement à reconnaître avoir « induit les Canadiens en erreur dans son programme et dans le discours du Trône » et exigeait que celui-ci présente « des excuses aux Canadiens pour avoir renié sa promesse ». Il va sans dire que cette motion a donné lieux à des discussions houleuses et passionnées. Celle-ci sera mise aux voix le mardi 14 février, toutefois, même si elle était adoptée, sa nature non contraignante n’obligerait pas le premier ministre à présenter des excuses.

D’ailleurs, bien que de nombreux élus libéraux aient publié des messages tentant de justifier la décision de leur gouvernement, celle-ci est loin de faire l’unanimité au sein du caucus libéral, et un député n’a pas hésité à faire part publiquement de sa frustration. Nathaniel Erskine-Smith a exprimé sa profonde déception dans une lettre d’opinion. Le député demande pardon et promet de continuer à militer pour une réforme électorale tant et aussi longtemps qu’il sera à Ottawa.

De plus, lors d’un récent débat à l’investiture pour sélectionner un candidat libéral pour l’élection partielle à venir à Ottawa-Vanier, qui a été tenu après l’annonce que la promesse serait abandonnée, plusieurs candidats potentiels indiquaient être en faveur d’une réforme électorale, y compris la candidate ayant remporté l’investiture, Mona Fortier. Celle-ci s’est dite « pour une réforme électorale » et désireuse de « poursuivre la discussion », selon les propos rapportés par TFO.

Finalement, il n’y a pas que les élu.e.s qui sont frustrés et déçus de la promesse brisée du premier ministre. Samedi, une manifestation se tenait sur la Colline du Parlement et elle aurait attiré quelques centaines de personnes venant de 27 villes du pays, selon Radio-Canada. De plus, une pétition en ligne demandant au gouvernement de mettre en place une réforme électorale a déjà récolté plus de 110 000 signatures.

Francophonie

La promesse avait été faite durant la campagne électorale puis réitérée dans le budget de 2016, et la mesure a été officiellement annoncée par les ministres de la Justice et du Patrimoine mardi dernier: Le programme de contestation judiciaire sera réintroduit et élargit par le gouvernement fédéral. En vertu de ce programme, les individus et les groupes qui estiment que leurs droits constitutionnels n’ont pas été respectés par les gouvernements fédéral ou provinciaux, ou encore par les institutions fédérales, et qui souhaitent contester devant la justice, pourront bénéficier d’une aide financière pour porter leur cause devant les tribunaux. C’est une somme de 5 millions de dollars qui sera allouée annuellement au programme, dont un minimum de 1,5 million ira envers les causes linguistiques. Cette annonce a de quoi réjouir les organisations de défense des minorités linguistiques, notamment la Fédération des communautés francophones et acadiennes (FCFA), qui souhaiterait toutefois voir ce programme faire l’objet d’un projet de loi, pour notamment rendre la tâche plus difficile à un prochain gouvernement de se débarrasser du programme à nouveau. Effectivement, le programme avait déjà existé dans le passé, avant d’être aboli par le précédent gouvernement conservateur en 2006.

Les courses à la chefferie

On se souviendra que parmi les cinq partis représentés en Chambre, seuls les libéraux et les verts ne sont pas à la recherche d’un nouveau chef. Pour les conservateurs, dont la course compte toujours 14 candidats, les débats se succèdent pour tenter de départager les leaders potentiels en vue de choisir un successeur à Stephen Harper, le 27 mai prochain. Plusieurs débats entre les aspirants à la chefferie ont déjà eu lieu, notamment à Moncton, Québec et Halifax, et un débat aura lieu à Montréal le 13 février, puis un autre à Ottawa le 24 février. Le dernier venu dans la course, Kevin O’Leary, homme d’affaires natif de Montréal, ayant fait carrière principalement aux États-Unis et connu pour sa participation aux émissions Dragons » Den ainsi que Shark Tank, a été la cible principale des attaques lors du dernier débat en date, ce qui laisse à croire qu’il constitue une réelle menace aux yeux des autres favoris de la course, notamment Maxime Bernier, Andrew Scheer ou encore Kellie Leitch. Une faiblesse pour le candidat vedette toutefois : son incapacité à parler français et le manque d’égard qu’il a eu envers le bilinguisme jusqu’à très récemment. Il dit maintenant apprendre la langue de Molière et la pratiquer en vue de pouvoir affronter Trudeau en français sur les questions de politique et d’économie, en 2019.

Du côté du NPD, toujours aucun candidat n’a officiellement annoncé son intention de se présenter, malgré qu’un premier débat soit prévu pour le 12 mars. Cependant, on pressent que Peter Julian, député de la Colombie-Britannique, devrait annoncer son intention de se présenter très bientôt. Des rumeurs circulent aussi quant à une candidature du député Charlie Angus de Timmins Baie-James dans le nord de l’Ontario, et le nom de Nathan Cullen circule également sur plusieurs lèvres. Nombreux sont ceux qui souhaiteraient voir Jagmeet Singh, un charismatique député néo-démocrate au niveau provincial et chef adjoint du parti, se lancer dans la course fédérale, pensant que cela pourrait permettre d’insuffler un peu d’énergie dans le parti, assez moribond depuis sa défaite électorale de 2015. 

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