Inscrire un terme

Retour
Opinions

L’écho de la colline n°9 – Un résumé de la poli­­tique fédé­­rale

Web-Rotonde
5 décembre 2016

Benjamin Doudard
Étudiant en science politique et en communication 
Université d’Ottawa

La semaine dernière n’aura pas été des plus reposantes pour le gouvernement de Justin Trudeau. Attaqué sur plusieurs fronts à la fois, il aura eu à défendre – une fois de plus –  les collectes de fonds partisanes menées par des députés libéraux, la déclaration à l’égard du décès de Fidel Castro, l’achat d’avions de chasse de remplacement pour l’armée, mais surtout, les décisions rendues mardi sur les projets d’oléoducs dans l’Ouest canadien.

Oléoducs : une épine dans le pied pour le gouvernement – Justin Trudeau devait bien s’y attendre en prenant le pouvoir l’an dernier : le dossier de l’extraction des ressources pétrolières et surtout son acheminement par oléoducs allait lui causer bien des maux de tête. Au Canada, c’est un enjeu politique où il est à peu près impossible de trouver le consensus.

Cette semaine, le gouvernement a rendu sa décision sur trois projets qui demandaient l’approbation du fédéral. Un d’entre eux a été rejeté, soit le projet Northern Gateway de la compagne Embridge. Les deux autres, soit le projet Canalisation 3 ainsi que le projet Trans Mountain de Kinder Morgan, ont été acceptés par le gouvernement libéral. Par la même occasion, le premier ministre a annoncé l’imposition d’un moratoire sur le transport d’hydrocarbures par navires sur la côte nord de la Colombie-Britannique.  Avant l’annonce, quelques députés libéraux de la Colombie-Britannique s’étaient pourtant opposés publiquement au projet de Kinder Morgan, avançant que le gouvernement n’avait pas le « permis d’acceptabilité sociale » pour donner son approbation afin que le projet aille de l’avant, ce qui n’aura visiblement pas été suffisant aux yeux du premier ministre.

Du côté de l’opposition officielle, on se réjouit de l’approbation donnée pour les deux projets. Les conservateurs rappellent toutefois que l’annonce du premier ministre n’était seulement qu’une conférence de presse, et qu’il faut encore que les projets se concrétisent. Ils dénoncent également le rejet de Northern Gateway et le fait que cela se traduise par des emplois potentiels qui ne seront pas créés, notamment pour les Premières Nations, qui n’ont d’ailleurs pas été assez consultées, selon l’avis de la chef conservatrice.

Pour le NPD, la réaction est sans équivoque : le premier ministre a « berné les Britanno-Colombiens » en 2015, en laissant croire qu’il n’approuverait pas le projet de Kinder Morgan tel qu’approuvé par le même « processus d’évaluation boiteux des conservateurs ». De plus, les néodémocrates accusent le PM d’avoir tant parlé de l’importance de relations de nation à nation avec les Premières Nations, mais de ne pas les avoir « consultées sérieusement ». La chef du Parti vert, Élizabeth May, a quant à elle déclaré être prête à aller en prison s’il le fallait, afin d’empêcher la construction de l’oléoduc Trans Mountain.

Les choses se sont envenimées au courant de la semaine après que le ministre des Ressources naturelles, Jim Carr, eut affirmé devant des gens d’affaires que le gouvernement pourrait être amené à utiliser ses « forces de défense » si les choses devaient dégénérer, ce que les nombreux opposants au projet ont compris comme une menace de faire intervenir l’armée.

Cela amène à dresser des parallèles avec la situation actuelle qui se déroule de l’autre côté de la frontière américaine, à Standing Rock dans le Dakota du Nord, où depuis plusieurs mois, des centaines de manifestants bloquent la construction de l’oléoduc Dakota Access. Bref, dans un dossier dans lequel il n’y avait aucune issue parfaite, le gouvernement a tenté de jouer ses cartes du mieux qu’il le pouvait.

Le rapport du comité spécial sur la réforme électorale est déposé – Autre dossier épineux pour le gouvernement : la réforme électorale, un élément important de la plateforme libérale lors de la dernière élection. On se souviendra que Justin Trudeau avait fait la promesse que l’élection de 2015 serait la dernière disputée sous le système électoral majoritaire uninominal à un tour (first past the post). Or, depuis, les propos du premier ministre ont laissé sous-entendre qu’il n’était plus tellement intéressé à changer un système qui l’avait, après tout, porté à la tête d’un gouvernement majoritaire.

La semaine dernière, le comité spécial sur la réforme électorale, composé de députés des 5 partis de la Chambre, déposait le rapport tant attendu. À retenir de ces quelques centaines de pages : le comité recommande la tenue d’un référendum ainsi qu’un système électoral comprenant de la représentation proportionnelle (pas un système purement proportionnel, toutefois). Les députés libéraux, qui étaient minoritaires au comité, préconisent cependant le statuquo, avançant que les choses se sont passées trop vite au sein du comité et qu’il faut réfléchir davantage avant de changer le système. Parmi les autres conseils du rapport du comité figurent les recommandations de ne pas mettre en place le vote obligatoire ni le vote en ligne.

À la période des questions, jeudi dernier, la ministre des Institutions démocratiques, Maryam Monsef, a répondu aux questions de l’opposition sur la réforme électorale en critiquant le travail du comité, qui aurait échoué à son mandat de trouver une solution pour remplacer le système électoral actuel, à son avis. Vendredi, elle s’est excusée pour ses commentaires, après que les membres du comité se soient insurgés de cette insulte de la part de la ministre.

3 nouvelles en bref

Le Canada devrait décider sous peu où il compte déployer ses forces de maintien de la paix, ce qui comprendrait des forces terrestres et aériennes, selon le Toronto Star. À en croire les rumeurs qui courent, c’est le Mali que le gouvernement aurait en tête. Une telle mission ferait suite à une promesse du premier ministre de réengager le Canada dans des missions de maintien de la paix.

Une candidate à la chefferie du parti conservateur, Kellie Leitch, est loin de faire l’unanimité avec ses positions bien tranchées. Cette dernière, qui propose notamment de faire passer un test de « valeurs canadiennes » aux immigrants, de démanteler la SRC/CBC, et qui a fêté la victoire de Donald Trump aux États-Unis, fait face à un mouvement de contestation dans sa circonscription. À Simcoe-Grey, le mouvement #NotMyMP (pas ma députée) commence à prendre forme, comme le rapporte le magazine MacLeans.

Le Canada pourrait bien adopter une troisième langue officielle, outre le français et l’anglais. En effet, La Presse Canadienne a appris que la ministre responsable des personnes handicapées, Carla Qualtrough, étudierait la possibilité de désigner la langue des signes comme nouvelle langue officielle. La Nouvelle-Zélande, l’Écosse ou encore la Finlande font partie des exemples cités desquels le Canada pourrait s’inspirer.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire