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Éditorial

L’épidémie de la fin de session

Web-Rotonde
28 novembre 2016

Éditorial

Par Frédérique Mazerolle

Si vous regardez autour de vous, vous verrez clairement que l’hiver est bel et bien arrivé dans la région de la Capitale nationale. La neige tombe, la slush s’accumule sur le pavé, les bottes Sorrel refont leur apparition sur le sol uottavien. Fait fretttttttttte.

Malgré la musique de Noël qui s’offre à vos oreilles dès que vous approchez le Centre Rideau et qui devrait, au minimum, vous donner un sourire en coin, vous et vos camarades arborez surement toutes et tous le même regard maussade, les mêmes cernes sous les yeux, la même tasse de café attachée à la main et vous avez probablement les mêmes tracas reliés à la fin du semestre et à la période des examens qui approchent à grands pas.

C’est la fin de session et vous êtes plus fatigué.e.s que jamais.

Pourtant, cet état d’esprit ne vous est pas étranger. En fait, c’est la même chose chaque année. Vous connaissez la routine, que vous répétez biannuellement (ou triannuellement pour les chanceux.ses qui prennent des cours l’été) avec brio. Café, nuit blanche, travail de session, café, nuit blanche, travail de session. Vous continuez de la sorte, en prenant une pause bien méritée pour avoir votre quotidienne crise d’anxiété, et vous recommencez. Coudonc, il ne manque pas des heures de votre journée?

Ce n’est pas normal de souffrir

L’heure est plus grave que vous ne le pensez. La maladie des examens se propage à une vitesse inquiétante. Se pourrait-il que cette attitude ne soit qu’un des symptômes d’une maladie beaucoup plus grave? Serait-ce un peu comme la grippe de la rentrée, que toutes et tous semblent attraper l’un.e après l’autre? À en regarder les passant.e.s sur le campus, il semblerait que ce soit bien le cas.

Il est bien difficile de ne pas être victime de cette maladie des examens. Étant étudiant.e. à l’Université d’Ottawa, vous êtes en plein milieu de l’épicentre de contagion. Les symptômes, malheureusement, ne sont jamais clairement énoncés dans votre syllabus de cours. La session commence, vous vous sentez bien, prêt.e.s à affronter tous les examens et les projets qu’on mettra sur votre chemin.

Les mois avancent et, sans vraiment que vous vous en rendiez compte, le mois de décembre arrive, puis boum! vous êtes surchargé.e.s de travail, et, au loin, vous entendez les trompettes des examens qui résonnent. À bien y penser, les syllabus seraient plus complets si on y ajoutait les symptômes suivants : all-nighters, dépendance non-fonctionnelle à la caféine, cramming (qui est devenu une nécessité pour les examens cumulatifs) et angoisse perchée sur votre épaule, 24h/ 24, 7j/ 7. Ah et puis bon, l’idée d’avoir plus d’heures dans une journée ne semble plus si alléchante finalement.

Vous mettrez votre vie en péril pour les prochaines semaines, parce que vous vous dites que les notes en vaudront la peine. Les examens sont à votre porte, la nausée achève et vous régurgitez finalement toute l’information emmagasinée dans votre coco sur un feuillet d’examen. Vous vous sentez mieux, ou pas, mais vous savez bien que ce ne sera pas la dernière fois.

Est-ce la fin de session ou la fin de ce gavage de données, de chiffres et de citations que régurgitez sans poser de questions sur vos feuillets d’examens? Peu importe, c’est la même chose à ce point-ci.

Diagnostic : la bureaucratie du savoir

Malgré la caricature (ou en est-ce vraiment une?) des sentiments ressentis durant la fin de session présenté ci-dessus, nous devons tout de même reconnaitre que les dangers associés au stress sont réels et que ceux qui en sont victimes sont principalement les étudiantes et les étudiants lors de la période d’examen. Pas besoin de vous faire un dessin, les nuits blanches, le café par intraveineuse et l’anxiété sont tous des éléments qui peuvent détruire un individu, qui lui n’était qu’à la recherche d’une bonne note.

Malgré les accommodements et les ressources disponibles pour celles et ceux qui désirent ardemment un délai pour terminer un travail de session ou encore un changement de date pour compléter un examen, les préjugés sont toujours aussi vivants, poussant les gens à ne pas parler à leurs professeur.e.s de leurs problèmes de santé mentale.

Et les braves étudiant.e.s qui décident de le faire devront tout de même faire face à la grosse méchante dans toute l’affaire : la bureaucratie de l’Université d’Ottawa, qui obligera le ou la professeur.e en question à vous pénaliser si vous n’êtes pas en mesure de leur donner un certificat médical dans un délai que l’institution juge raisonnable. Eh oui, tous les efforts mis dans un maudit cours que vous pourriez flunker en raison d’un déséquilibre chimique. C’est votre faute, clairement, vous auriez dû être plus prudent.e. Dommage qu’il n’existe pas un vaccin contre la bureaucratie du savoir…

Alors, pensez-y. Les professeur.e.s se doivent de vous donner une évaluation finale. Ne serait-ce pas génial si cette dernière n’était que symbolique, comme quand quelqu’un achète un bâtiment délabré pour un dollar? Pardon, ce doit être la fièvre de la fin de session qui fait délirer les idées.

Sur cette derrière note, allez vous coucher. Dormez bien et rechargez-vous. Il est clair que ce système sournoisement établi par l’établissement n’a pas été créé pour vous. La moindre des choses que vous pouvez faire en cette période pitoyable, c’est de vous donner le cadeau du sommeil.

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