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L’insécurité plane sur le système d’alerte à l’U d’O

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25 mars 2019

Photo Émilie Azevedo

Par: Viktoria Miojevic et Nicholas Packer, contributrice et contributeur

À peine un professeur a-t-il entendu le bruit d’un chauffeur erratique sur le campus, qu’il a conseillé à ses étudiant.e.s de rester à l’intérieur du pavillon. La communauté étudiante se questionne sur sa sécurité après qu’un conducteur de 36 ans au volant d’une fourgonnette volée ait percuté plusieurs véhicules sur le campus mercredi le 20 mars.

Un peu avant seize heures, au moment où les étudiant.e.s sortaient de cours, la fourgonnette a foncé sur la voie piétonne. Aucune alarme n’a retenti au moment des faits, ce qui pousse à se demander comment le coupable a pu traverser la rue piétonne University Private.

Campus sécurisé « par des gros pots de fleurs »

 

À 15h45, un premier appel est signalé au service de protection du campus. À 15h50, la sécurité arrive sur les lieux après les pompiers et la police. Un premier tweet publié à 16h32 par l’Université d’Ottawa indique : « Le campus est en sécurité suite à un incident survenu plus tôt cet après-midi ». À 16h46, un message est publié sur l’application d’urgence SecurUO :  « Tout est en sécurité suite à un incident de véhicule plus tôt ».

Jacques Frémont, recteur de l’Université d’Ottawa, qui s’est déplacé sur les lieux peu après l’incident, indique au micro du Fulcrum qu’il est content que l’Université « ait sécurisé le campus en septembre dernier avec de grands pots de fleurs. C’était le but pour prévenir un événement comme celui-ci ». Le campus est donc « sécurisé » grâce à de grands pots de fleurs en béton, qui n’ont d’ailleurs pas empêché la fourgonnette de passer. Christine, étudiante en sciences politiques et criminologie, l’une des premières à contacter la sécurité du campus, nous a relaté les faits.

La fourgonnette en provenance du centre-ville est entrée sur le campus par la rue Laurier. Christine l’a alors entendue percuter une voiture devant la bibliothèque Morisset. Le véhicule a ensuite frappé l’un des pots de fleurs en béton, qui l’a forcé à s’arrêter, puis est reparti rapidement sur la rue piétonne. À 15h45, l’étudiante s’est précipitée sur l’un des postes d’urgence permettant de contacter le service de sécurité du campus. L’appel de signalement a duré moins d’une minute. Aucune consigne précise ne lui a été transmise, mais elle a été informée qu’une équipe allait être envoyée. Bien que le service de protection soit arrivé sur les lieux cinq minutes après les services d’urgence afin de sécuriser la zone, il faut s’interroger sur la possibilité qu’une fourgonnette s’immisce sur un campus universitaire en plein jour sans que rien ne puisse l’arrêter.

Système d’alerte défaillant

Cet incident conteste l’efficacité de l’application SecurUO, l’une des deux ressources dévouées à la communication de sécurité entre les étudiant.e.s et l’institution, la seconde étant le compte Twitter uOttawaAlert, qui n’a rien publié depuis le 11 octobre 2018. Richard Mankin, étudiant en droit, demande par le biais d’un tweet : « Quel est l’intérêt d’avoir une application d’alerte de sécurité si vous n’allez pas la mettre à jour quand il y a un problème de sécurité ? »   

Dans un communiqué diffusé par le recteur, on assure que dès qu’elle a « été informée de la situation, l’Université a mis en marche son protocole de communication d’urgence ». Christine s’interroge sur l’absence d’« un code rouge ou quelque chose qui signale pour que les gens aillent à l’intérieur ». Bien que l’Université d’Ottawa encourage en cas d’urgence à « miser sur Alerte uOttawa », les portables des détenteurs de l’application sont restés silencieux jusqu’à 16h46 où l’assurance que « tout est en sécurité suite à un incident de véhicule plus tôt » leur a été communiquée.

La communauté étudiante s’est immédiatement tournée vers les réseaux sociaux et les discussions avec d’autres étudiants pour combler le manque d’information de la part de l’institution. Un communiqué officiel n’a été transmis par courriel que 24 heures plus tard. Mankin, déplore ce manque de communication qu’il qualifie « [d’] étouffé derrière les posts Twitter et la notification de l’application ».

La Rotonde n’a pas pu en apprendre plus du côté de l’Université qui n’accordait pas d’entrevues à cet effet. Isabelle Mailloux-Pulkinghorn, gestionnaire par intérim des relations avec les médias, a toutefois insisté sur les conclusions heureuses de l’événement et rappelle l’importance de télécharger l’application SécurUO.

Il est évident que la possibilité d’une urgence avait été anticipée par l’Université. Cependant, une fois mis à l’épreuve, le système d’alerte et les précautions en place pour empêcher l’accès des véhicules ont semblé contenir des failles. L’information propagée via les étudiant.e.s sur les réseaux sociaux a devancé les procédures de communication d’urgence de l’Université. Cette dernière se doit d’être à l’affût de tout signalement d’incidents sur le campus. Reste en suspens la question de l’absence de toute alarme sur les lieux ainsi que celle des communications officielles destinées aux étudiant.e.s, qui n’ont été reçues que le lendemain.

Le conducteur a été arrêté et fait désormais l’objet de huit chefs d’accusation.

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