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Locataires étudiant.e.s : Précarité, insalubrité et insécurité

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13 mars 2017

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Par Yasmine Mehdi – Cheffe de pupitre Actualités

Trouver un.e étudiant.e qui ne rencontre aucun problème avec son propriétaire peut s’apparenter à trouver une aiguille dans une botte de foin. Entre punaises de lit, moisissure, plomberie défaillante et chauffage non fonctionnel, les problèmes que rencontrent certain.e.s locataires peuvent être divers, mais sont tout aussi exaspérants. Le 10 mars dernier, le chapitre ottavien de l’organisme communautaire ACORN organisait une conférence de presse afin de présenter les résultats de son sondage auprès des locataires. Fait saillant : 85,5 % des 165 répondant.e.s ont indiqué rencontrer des problèmes dans leur logement.  

La conférence de presse s’est ouverte sur les témoignages de Margaret Alluker, de Gail Chaisson et de Declan Ingham, trois membres d’ACORN ayant rencontré de sérieux problèmes dans leur logement.

Margaret s’est en effet vue forcée de quitter son logement en 2014, après que la présence de cafards et les fuites d’eau à répétition soient devenues intolérables pour la mère de famille. « Les propriétaires ont besoin de prendre notre santé et celle de notre famille au sérieux », a pour sa part plaidé Gail alors qu’elle faisait état de problèmes semblables.

Les cas de Margaret, de Gail et de Declan ne seraient pas isolés, du moins à en juger par ce que suggèrent les résultats du sondage. Notons que la majorité des répondants, 36,4 %, avaient un salaire annuel entre 10 000 et 20 000 $. Par ailleurs, seul un cinquième a déclaré avoir porté plainte auprès de la Ville d’Ottawa, 28,5 % jugeant pour leur part que ça « n’en valait pas la peine ».

 

Ce que les répondants ont indiqué  

Problèmes quelconques dans leur logement 85, 5 %
Présence d’insectes 41, 2 %
Problèmes de chauffage 32.1%
Présence de moisissure 20, 6 %
Présence de souris ou de rats 15, 8 %

« Les étudiants sont particulièrement vulnérables parce qu’ils ont de faibles revenus et qu’ils ont très peu d’expérience. » – Declan Ingham

 L’histoire de Declan Ingham

Declan est étudiant en quatrième année dans le programme de science politique de l’Université d’Ottawa. En septembre dernier, lui et sa copine étaient à la recherche de leur premier appartement. Le rêve n’a toutefois pas tardé à tourner au cauchemar lorsque le couple s’est retrouvé au 170 avenue Lees.

D’abord ravis de trouver un appartement près du campus et au loyer mensuel de 1 000 $, ce n’est qu’après avoir déposé leur dernier mois de loyer que Declan et sa copine ont fait des recherches sur Internet pour découvrir que de nombreuses personnes déconseillaient vivement le logement en question : « Ils refusaient de nous rendre notre dernier paiement et nous n’avions pas les moyens de perdre cet argent. On a été obligés d’emménager. »

Très vite, le couple se rend compte que le problème de cafards dans l’appartement est bien réel. « On avait beau nettoyer tous les jours, ça ne changeait rien. On a fini par développer une peur d’aller dans la cuisine, parce que c’est là où il y en avait le plus. C’était déprimant et ça a exercé une grande pression sur notre santé mentale et sur notre couple », se souvient Declan.

S’en sont suivi trois mois de lutte auprès des petites créances, de la Ville d’Ottawa et de la Clinique juridique communautaire de l’Université d’Ottawa. Sans argent pour engager un avocat et travaillant tous les deux à temps plein, il n’y avait que très peu de lumière au bout du tunnel pour le jeune couple, surtout que son propriétaire refusait de les rencontrer pour discuter du problème et que la Ville ne donnait pas suite à ses demandes.

Ce n’est qu’au début du mois de novembre que Declan et sa copine ont finalement obtenu une résiliation prématurée de leur bail, après avoir réussi à attirer l’attention du conseiller municipal David Chernushenko, qui a été horrifié par leur histoire.

Aujourd’hui, bien qu’il ait finalement emménagé dans un appartement salubre, Declan estime que cet épisode lui a nui en tant qu’étudiant. Étudiant dans le régime CO-OP, il doit encore rattraper des heures de travail et a dû abandonner toutes ses activités parascolaires. « Les étudiants sont particulièrement vulnérables parce qu’ils ont de faibles revenus et qu’ils ont très peu d’expérience », estime-t-il.

Aux côtés d’ACORN, Declan milite pour que la Ville protège davantage les locataires en régulant les activités des propriétaires. Reste cependant à savoir si la municipalité sera ouverte à ces revendications alors qu’elle compte parmi les villes qui dépensent le moins pour veiller à la gestion des plaintes des locataires.

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