Inscrire un terme

Retour
Actualités

Mois de la francophonie | Francophonies états-unienne et du Grand Nord : peu discutées, tout aussi vibrantes

Web-Rotonde
23 mars 2015

– Par Alex Jürgen Thumm –

Dans le cadre du Mois de la francophonie, après s’être penchée sur des communautés à l’est et à l’ouest du pays, La Rotonde pose son regard sur la situation des francophones au Yukon, au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest.

La Franco-Yukonnie

Malgré ce que présente le terrain aujourd’hui, les Francophones étaient les premiers Européens à s’installer au Yukon, territoire canadien nordique avec une population de plus de 33 000 habitants. Il s’agissait de voyageurs canadiens-français et métis qui travaillaient dans la traite des fourrures, bien avant la ruée vers l’or du Klondike. Après la fin de celle-ci, il y avait certes une forte émigration francophone, mais le français s’est préservé tranquillement.

Enfin, en 1979, l’Association franco-yukonnaise (AFY) est formée et continue à être au cœur de la vie francophone au Yukon. Avec un personnel de 23 employés, elle travaille à animer une vie culturelle et politique forte avec une programmation artistique, des fêtes et spectacles annuels, et même une messe hebdomadaire.

Au Canada, le Yukon se classe au 3e rang pour son taux de bilinguisme, après le Québec et le Nouveau-Brunswick. Treize pourcents de la population du territoire parle français, 1,2 % de plus qu’il y a cinq ans. Les Francophones eux-mêmes y représentent 3,69 % de la population totale.

L’AFY occupe le Centre de la francophonie à Whitehorse, un lieu social ouvert tous les jours aux francophones et francophiles pour socialiser, écouter la musique française et simplement accéder à Internet. L’AFY n’y est pas non plus le seul organisme. On y trouve Les EssentiElles, un organisme féministe qui représente les besoins des Franco-Yukonnaises, ainsi que le journal bimensuel l’Aurore boréale, qui existe depuis plus de 30 ans.

Plus de 200 élèves fréquentent l’école francophone à Whitehorse. À côté de l’établissement se situe la Garderie du petit cheval blanc avec un personnel majoritairement francophone, mais qui représente la francophonie entière. La population étudiante de l’école a tellement augmenté que le gouvernement du Yukon a récemment annoncé son intention de construire une école secondaire pour céder l’ancien immeuble à l’école primaire.

Depuis que le Franco-Yukonnais Daniel Saint-Jean a reçu une contravention uniquement en anglais en 1984, la qualité des services en français est devenue le sujet de beaucoup d’attention. Le gouvernement territorial a créé la Direction des services en français (DSF) pour coordonner l’effort. En 2007, le gouvernement du Yukon a proclamé le 15 mai la « Journée de la francophonie yukonnaise » et en 2014, il a lancé le logo Bonjour Yukon, « conçu pour faire connaître les endroits où les gens peuvent obtenir des services en français ». Les employés bilingues ou multilingues d’au moins une épicerie majeure à Whitehorse portent un badge pour l’indiquer aux clients.

Selon toutes les indications, la population francophone est en pleine croissance. Il y a toujours de plus en plus de services en français, ce qui semble attirer de plus en plus de francophones de manière permanente. L’AFY a établi le site web www.direction-yukon.ca pour promouvoir l’immigration francophone dans le territoire.

Qu’est-ce qui les attire au Yukon? C’est la nature, l’esprit communautaire, la tranquillité et la qualité de l’air selon les personnes interviewées sur le site web. En effet, l’Organisation mondiale de la santé reconnaît Whitehorse comme ayant l’air le plus pur au monde.

La Franco-Ténoisie

Les Franco-Ténois maintiennent également une présence visible aux Territoires du Nord-Ouest, une juridiction avec 11 langues officielles, dont le français. 2,5 % de la population de 40 000 habitants ont le français comme langue maternelle. Leur histoire est différente qu’au Yukon. Même si des francophones y habitent depuis longtemps, ce sont les industries minière et pétrolière qui y attirent les francophones, surtout québécois et acadiens, et ce, depuis environ 1951, selon le gouvernement fédéral.

Les Franco-Ténois sont très dispersés, habitant Yellowknife, Fort Smith, Inuvik, Hay River et Norman Wells. Le territoire compte donc deux écoles francophones : l’une dans la capitale, l’autre à Hay River. Yellowknife est néanmoins le centre des activités et les Franco-Ténois ont un réseau diversifié d’associations regroupées par la Fédération franco-ténoise. Celle-ci a créé le Centre d’accueil d’Immigration francophone aux Territoires du Nord-Ouest pour faciliter l’arrivée et l’immigration. Le territoire a une radio communautaire française et un journal hebdomadaire de langue française, L’Aquilon, fondé en 1986.

Les services gouvernementaux et juridiques en français ne sont pas aussi développés qu’ils ne le sont au Yukon, mais le territoire maintient un Secrétariat aux affaires francophones pour donner un coup de main à cet égard.

La Franco-Nunavoisie

Les premiers francophones au Nunavut sont venus comme baleiniers au XIXe siècle, mais les Franco-Nunavois d’aujourd’hui sont largement issus d’une migration beaucoup plus récente. Selon le recensement de 2006, 1,3 % (ou 376) des habitants du territoire le plus jeune du Canada sont francophones. Si ce chiffre paraît médiocre, il faut simplement le mettre en contexte : l’anglais n’est la langue maternelle que de 26 % des Nunavois. Quarante-cinq personnes sont germanophones, et 20 sont Italiens. 7,9 % des Nunavois n’ont aucune connaissance ni de l’anglais ni du français.

N’empêche que les Franco-Nunavois ont bâti une communauté relativement forte et hautement visible. En effet, le français est l’une des trois langues officielles au Nunavut, territoire inuit fondé en 1999 en se séparant des Territoires du Nord-Ouest. Même avant l’indépendance du territoire, l’Association des francophones du Nunavut existait. Fondée en 1981 « après qu’un groupe de fervents du hockey décidèrent de former un groupe en bonne et due forme pour pouvoir rediffuser les parties des Canadiens de Montréal ». Elle opère au Franco-Centre à Iqaluit, où vivent la majorité des Franco-Nunavois.

Aujourd’hui, on y retrouve plusieurs associations francophones, dont une troupe de théâtre, une station de radio communautaire et une école francophone. En outre, il y a le Résefan, le réseau santé en français au Nunavut, qui étudie les besoins des Franco-Nunavois en bien-être et y répond avec des activités et des services en français. Enfin, il y a le Carrefour francophone, qui intervient comme « chef de file en matière de développement économique » pour que les francophones « puissent contribuer pleinement à la croissance économique du territoire ». Au fond, il s’agit d’une agence d’embauche, de recrutement et d’entrepreneuriat francophone au Nord.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire