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Pétition en ligne : À quand un procès contre Monsanto pour « crime contre l’humanité » ?

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7 décembre 2015

Par Boni Guy-Roland Kadio

Les pétitions contre la compagnie Monsanto ne sont pas rares. Une en particulier, lancée via un évènement Facebook, prend ces derniers mois de plus en plus d’ampleur. Signée à ce jour par près de 260 000 personnes, la pétition rédigée en français vise le démantèlement de l’entreprise et en appelle à son procès pour « crime contre l’humanité ».

« Nous, signataires de la pétition, demandons la fermeture définitive de Monsanto et que ses dirigeants soient traduits en justice pour crime contre l’humanité et pollution », peut-on lire sur Avaaz.org le site web sur lequel la pétition est relayée.

Créée par un certain Antoine V., la pétition adresse ses réclamations à Barack Obama, président des États-Unis, Ban Ki-moon, secrétaire générale de l’ONU, et François Hollande, président de la France. Les signataires accusent Monsanto d’« écocide », c’est-à-dire de préjudice à la vie humaine et de dévastation de la population de pollinisateurs.

Pourquoi Monsanto?

Monsanto est une entreprise américaine spécialisée dans l’agroalimentaire qui produit des herbicides et des semences. « Les pesticides de Monsanto tuent les abeilles, bouleversent les écosystèmes, polluent les rivières et les nappes phréatiques et sont à l’origine d’un certain nombre de cancers et de malformations », expliquent les représentants du groupe derrière la pétition « 10 millions de ‘J’aime’ pour un monde meilleur ».

Ce n’est pas la première fois que la compagnie fait face à des récriminations, souligne Marc Saner, professeur au département de géographie, environnement et géomatique de l’Université d’Ottawa. La première controverse remonte à la Guerre du Viêtnam, quand l’entreprise avait fourni l’agent orange à l’aviation américaine, produit qui, « encore aujourd’hui, cause des problèmes de santé au Viêtnam ». Dans les années 1970, la controverse éclate de nouveau, cette fois autour de la production d’un pesticide très toxique, le DDT qui « créée des problèmes de reproduction infantile », comme l’explique M. Saner. « Depuis, les régulations vagues autour de nombreux produits de Monsanto ont été dénoncées, notamment en ce qui a trait aux OGM. »

En réponse à cela, Trish Jordan, porte-parole de Monsanto Canada Inc. (Manitoba) se défend : « il n’est pas nécessaire de revenir sur le passé d’allégations qui d’ailleurs n’ont pas été prouvées. Ce n’est pas ce qu’est Monsanto aujourd’hui. » Il juge les accusations dans la pétition « ridicules » et « sans fondement », et soutient que « tout ce que Monsanto vend passe par un processus de régulation mondiale et d’approbation très long et coûteux ». Selon lui, Monsanto travaille au « développement durable, à aider les agriculteurs et la société ».

Au-delà des allégations, M. Saner pense que la solution pour s’assurer que Monsanto respecte vraiment les engagements environnementaux doit venir des gouvernements : « la solution est que le gouvernement fasse son travail, ce qui consiste non seulement à réguler, mais à se donner les moyens pour surveiller cette régulation ou amender ou faire de nouvelles régulations ».

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