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Éditorial

Lever sa voix pour prendre sa place

Rédaction
25 septembre 2017

Éditorial

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

Le 25 septembre est une journée au goût contradictoire. D’un côté, les célébrations et les rassemblements de communautés franco-ontariennes célèbrent haut et fort leur fierté et leur culture. De l’autre, un goût amer laissé par la constatation de l’absence d’engouement quotidien et régulier.

La journée du 25 est considérée comme étant celle où les franco-ontarien.ne.s s’unissent pour clamer à voix haute leur identité socio-culturelle. À l’Université d’Ottawa, l’administration a prévue trois journées où, sur le campus, plusieurs événements sont prévus dans le cadre de cette célébration.

Mais bon, à moins que vous ne les ayez cherchés ou que vous soyez tombés dessus par hasard, chances sont que vous n’aurez été mis au courant de leur existence qu’en tombant dessus en direction de vos cours. Notons au passage l’absence d’événements prévus par la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) dans le contexte de cette journée. On n’a même pas daigné inviter un artiste francophone dans le cadre du Festival ELE, qui s’achève juste avant la Journée des Franco-Ontariens.

N’est-ce pas un peu inquiétant quand l’on considère que le président de la FÉUO, Hadi Wess, est aussi le représentant des étudiant.e.s francophones auprès de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants. Compte tenu de ce rôle, on se serait attendu à une présence plus vocale sur l’enjeu.

Radi Shah­rouri, réceptionniste de la FÉUO et repré­sen­tant de l’Uni­ver­sité d’Ot­tawa au Regrou­pe­ment étudiant franco-onta­rien (RÉFO), fait lui aussi pâle figure dans l’aspect vocal. Il n’est pas ici question de leurs efforts à consulter des organismes et membres de la communauté, mais plutôt de l’absence de leur voix contestataire et de leur présence publique en tant que porte-paroles de la communauté étudiante francophone.

Il faut oser prendre la parole

Pourtant, s’il y a bel et bien une chose que l’on sait, c’est que notre voix est notre meilleur outil. C’est bien beau de consulter et de discuter, mais il faut ensuite franchir un autre cap, celui de faire entendre sa voix haut et fort.

Il n’y a pas meilleur contexte que celui présentement pour illustrer l’importance d’être vocal. Après des décennies de revendications par la communauté franco-ontarienne, la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, a présenté des excuses officielles pour le Règlement 17, loi qui avait interdit l’enseignement du français dans les écoles de 1912 à 1927.

Ces excuses sont arrivées en février 2016. Depuis, le gouvernement provincial semble enchaîner les annonces concrétisant plusieurs requêtes de la communauté franco-ontarienne. En mars 2017, il y a eu l’annonce que la chanson Notre place devenait l’hymne officiel des Franco-Ontariens. Il y a aussi eu l’annonce de la création d’un ministère des Affaires francophones et, plus récemment, la décision du gouvernement d’aller de l’avant avec le projet d’université franco-ontarienne.

Ces projets ne sortent pas de nulle part. Toutes les mobilisations franco-ontariennes des dernières années ont sans aucun doute influencées ces décisions, de là l’importance de faire entendre sa voix.

Oui, le 25 septembre est une journée permettant l’expression de la fierté et de la culture franco-ontarienne. Mais la prise de parole des représentant.e.s de la communauté ne doit pas être limitée qu’à dire quelque mots lors d’un barbecue. Leur voix doit être entendue à l’année longue.

Venir en aide à la culture

Il est d’autant plus crucial que ces acteurs se fassent entendre si l’on constate que l’état du milieu artistique et culturel franco-ontarien est en détérioration. Un manque de financement, à la fois pour les centres et les artistes, mène à un épuisement des ressources disponibles.

Dans son livre blanc sur les arts et la culture francophone en Ontario, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) prévient que ce manque de subventions sera dangereux à long terme.

Encourager des artistes de ce milieu en leur donnant du temps de scène lors d’événements serait déjà un bon début pour certaines organisations. La relève artistique franco-ontarienne doit recevoir l’appui de ses représentant.e.s, que ce soit sur les campus ou dans des regroupements. Pour qu’une culture s’épanouisse, sa relève ne doit pas se sentir découragée et contrainte à changer de carrière dû à un manque de ressources et d’appui.

C’est bien beau de mettre #OttawaBilingue sur vos publications, de publier des vidéos supportant le mouvement, d’ajouter une banderole avec le slogan sur votre photo de profil. Sauf que vous ne le faites que lorsque c’est populaire. Après ça, plus rien, jusqu’au 25 septembre où vous déciderez de porter du vert en agitant un drapeau franco-ontarien en carton de l’an dernier que vous venez de sortir de sous votre lit.

Si vous êtes en position de porte-parole, et bien sachez que c’est un mandat continuel. Il y a des gens qui ont réellement besoin de vous, que ce soit la relève culturelle ou les étudiant.e.s franco-ontarien.ne.s.

Ne vous contentez pas de faire le minimum car vous ne pouvez pas vous permettre d’adopter une attitude de complaisance face à cet enjeu. Mais plus important que vous, la communauté franco-ontarienne ne peut pas vous le permettre, et se le permettre.

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