Inscrire un terme

Retour
Éditorial

Des pressions pour favoriser l’expression

Rédaction
20 novembre 2017

Éditorial

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

 

Il est difficile d’écrire sur un sujet redondant, une thématique qui se devrait inspirante, mais qui en fait se livre aux mêmes péripéties: attente, espoir et déception. Malgré ce constat pitoyable des Assemblées générales, la réflexion autour de leur esprit doit être poussée vers une optique plus large: celle de la liberté d’exprimer son opinion.

De l’espoir malgré tout ?

La dernière Assemblée générale (AG) de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) a été particulière compte tenu de la nature des discours et interventions tenus. Depuis la première AG, la participation étudiante pouvait se résumer aux interessé.e.s de la politique étudiante et aux ami.e.s s’étant fait promettre un verre après. Les discussions et les questions se concentrent principalement sur la non-participation des membres de la FÉUO, le quorum, le dépôt de motions et la publicité de l’événement.

Bref, aux AG, on ne parlait que des AG.

La donne a changé l’an dernier lorsque, pour la première fois, le quorum a été atteint. Certes, cela n’aurait pas pu être possible si le quorum n’avait pas été diminué, passant de 1% à 0.75%. Mais qu’avait de spécial cette Assemblée ? Et bien, deux motions qui avaient suscité de vifs débats et qui avaient permis de mobiliser les 288 étudiant.e.s s’étant réunis dans l’auditorium Marion.

Si les motifs de se présenter étaient encore centrés sur la Fédération en tant que telle, la présence d’étudiant.e.s voulant faire valoir leur opinion et exprimer leur position a fait ouvrir les yeux sur le potentiel que représentent réellement les AG.

Déjà là, les discours avaient sensiblement changé. On ne parlait plus que d’AG, mais surtout d’intérêts étudiants, d’intérêts collectifs au sens plus large que la clique de la politique étudiante.

Mardi dernier, la maturité des conversations et des enjeux soulevés faisait un intéressant contraste avec l’état archaïque de l’auditorium des anciens où s’est déroulé l’AG. Pourquoi parle-t-on de maturité des dialogues ? Et bien parce que, malgré l’occasionnelle question sur la publicité, on parlait d’enjeux réels pour la population étudiante.

Que l’on soit d’accord ou non avec la position de certain.e.s intervenant.e.s, il n’en reste pas moins que c’est une preuve que l’AG mature et qu’elle commence à devenir ce qu’elle était supposée être: un lieu d’échange pour les membres de la Fédération.

Exprimer et non imposer                                                                         

La liberté d’expression sur notre campus était le sujet phare de cette édition de Keeping up avec la FÉUO. Sans quorum, aucun débat formel entourant des motions déposées ultérieurement n’a pu être tenu. C’est alors dans la période de questions que plusieurs membres du public ont interrogé les membres de l’exécutif sur le respect de leur liberté d’expression et les raisons ayant motivé certaines actions de la Fédération.

La désinscription du club pro-vie Uottawa Students for Life a soulevé plusieurs accusations de violations de droits de liberté d’expression à l’égard de la FÉUO. Avec une présence étudiante plus accrue, le sujet aurait pu être examiné sous divers angles et cela aurait permis la mise en place d’opportunités de dialogue.

Malheureusement, la conversation se limitait à des questions sollicitant la participation constante de la vice-présidente aux affaires de l’équité, Leila Moumouni-Tchouassi, qui, doit-on le souligner, a maintenu sa position tout au long de l’Assemblée.

Anne-Marie Roy, présidente de la FÉUO lors de l’instauration des AG, avait déclaré en 2015 que l’objectif de cette institution est « l’engagement collectif » nécessitant une « responsabilité collective ». Agissant comme Chaire de l’AG le 14 novembre dernier, Roy, mieux que quiconque, pourra témoigner de l’évolution rocambolesque de la nature des discours et de l’atmosphère de l’AG.

Devant un enjeu collectif aussi important que la liberté d’expression, l’AG soulève plusieurs constats. Tout d’abord, l’institution est davantage utilisée comme un outil pour faire entendre sa voix et faire valoir son opinion sur des problématiques touchant les membres de la Fédération. Elle commence à réellement devenir ce qu’elle devait être, à l’exception du volet démocratique aux pouvoirs réels.

Par la suite, il en va sans dire que l’âge de la maturité approche pour les AG, avec des enjeux et des dialogues portant davantage sur la grande échelle des membres de la FÉUO. Cette tendance évolutive permettrait de pousser les débats à des niveaux où la grande population étudiante pourra débattre et se sentir impliquée dans le processus décisionnel.

Finalement, la liberté d’expression se doit d’être respectée. C’est ce qui permet de débattre pour créer du changement au sein des institutions. Mais cette liberté d’expression ne signifie pas que tous et toutes ont le droit d’avoir un public qui les écoutera. On ne peut imposer notre voix à des gens qui ne veulent pas l’entendre, d’autant plus si elle affecte péjorativement le sentiment de sécurité des membres de la communauté.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire