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Éditorial

Réévaluer l’examen

Web-Rotonde
8 décembre 2014

– Par le comité éditorial –

Entre deux marathons d’étude, ce qu’implique l’évaluation avant et après l’examen est rarement réfléchi. Lorsqu’on pense « examen », on se voit seul face à sa copie. Tout ce qui importe est de noircir les bonnes cases. On présente l’examen comme irréprochable, et l’on demande aux étudiants d’être à la hauteur de cette perfection. Mais il est impératif de repenser cette image.

L’examen n’est pas parfait et peut être contesté. Présenter l’évaluation comme quelque chose d’incontestable n’est qu’une source d’angoisse et de stress. Alors que l’évaluation est réduite aux diktats de la mécanique universitaire, elle devrait plutôt se rapprocher, dans la mesure du possible, d’un dialogue entre étudiants et professeurs. Non seulement cette façon de faire serait plus juste, elle enlèverait aussi un poids qui pèse sur les étudiants.

Dans un système universitaire dans lequel la différence entre une moyenne de 8.4 ou de 8.5 est critique, l’examen devient forcément quelque chose de transcendant. La note est tellement importante qu’on ne peut pas s’opposer à la manière dont elle est constituée. Elle détermine si les bourses seront renouvelées, si une candidature aux études dites « supérieures » sera acceptée, etc. Mais réduire l’évaluation à cette simple décimale ramène à l’étudiant comme client. La structure ne nous pousse pas à apprendre pour soi-même, mais plutôt à mémoriser la matière pour la régurgiter, en échange d’un peu de reconnaissance et l’immanquable opportunité de devenir un bon carriériste.

Dans un premier temps, cette structure nous amène à revendiquer une plus grande promotion de la santé, autant physique que mentale, dans la période de l’examen. Le plagiat, qui est cible de campagnes de sensibilisation incessantes, indique que bien plus de sensibilisation pourrait être fait.

Pourtant, plusieurs ressources sont offertes aux étudiants. Mais un atelier sur la gestion du stress est insuffisant, puisqu’il ne remet pas en question pas le statut de l’évaluation, élevé au rôle d’une grande vérité transcendante. Or, ce n’est pas le cas. Les évaluations arbitraires et non représentatives du contenu du cours suivi devraient être dénoncées.

Il est nécessaire de souligner que les évaluations ne sont pas parfaites. Remettre les pendules à l’heure enlèverait aussi un peu de pression aux étudiants. L’examen, dans sa forme actuelle, ne fait que perpétuer le rapport de force entre étudiants et enseignants. L’enseignant nous pousse à mémoriser une connaissance et on ne doute plus. Toute la pression qui accompagne les examens plonge les étudiants dans une profonde léthargie dans laquelle leur seul devoir est de cocher la bonne case. Mais il ne devrait jamais y être réduit.

Se soumettre à une façon d’évaluer et se discipliner à la méthode de l’enseignant sans la réfléchir réduit l’exercice critique. Bien que soutenir qu’on n’a pas bien réussi à cause que l’examen était inapproprié soit souvent mal perçu, il faut oser élever la voix.

Dans un deuxième temps, nous nous interrogeons aussi sur l’orientation des ressources autour de l’examen. La vaste majorité des campagnes de promotion sont orientées sur la préparation aux examens. Mais si l’examen est inéquitable, que se passe-t-il après?

Une fois l’examen complété, suite au difficile marathon d’étude, les recours semblent incertains. Or, ils existent et les étudiants devraient être mieux informés quant à leur présence. Dans cette période où toute l’attention des étudiants est orientée vers l’étude, l’administration devrait mettre les bouchées doubles pour que les ressources soient accessibles.

Tous devraient savoir qu’ils peuvent revoir leur examen et que ce dernier peut être révisé. Ce n’est pas un privilège, mais un droit.

L’évaluation comme on la connait n’incite pas à étudier pour la connaissance, mais seulement pour la reconnaissance. Après quelques cafés, boissons énergisantes et autres stimulants, lorsque la motivation se dissipe, il est difficile de se convaincre qu’on peut également étudier pour le plaisir d’apprendre.

Une meilleure promotion de la santé et des recours des étudiants après les évaluations nous permettrait de repenser l’examen. Les étudiants peuvent témoigner de leurs apprentissages autrement. Tous gagneraient en adoptant une approche qui ne contraint pas les étudiants à apprendre pour une seule journée, mais plutôt à apprendre pour mieux comprendre. C’est un premier pas vers une éducation plus accessible.

 

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