Inscrire un terme

Retour
Éditorial

Une université francophone dans le six

Rédaction
5 septembre 2017

Éditorial

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

 

Synonyme d’étudiants et d’étudiantes fébriles de retourner aux cours universitaires, ou d’en faire l’expérience pour la première fois, la rentrée est à la fois une période de retour aux habitudes et une de découvertes. Sachez, fidèle, et nouveau, lectorat, que La Rotonde ne fait pas exception au phénomène.

Certains membres du comité éditorial de l’équipe précédente, totalisant un total général de deux, sont de retour cette année. Ce nombre augmente à une magnifique somme de trois si l’on ajoute le retour d’un illustrateur devenu directeur artistique.

Certains membres du comité éditorial de cette année, soit, hum, le reste, feront leurs premiers pas au sein de cette institution formatrice au rythme de production tumultueux. Recevoir l’emploi un dimanche, recevoir ses sujets à couvrir le lundi, les remettre le jeudi et recommencer le cycle de production cette même journée, c’est la semaine qu’ils viennent de surmonter.

Mettez-vous dans leur peau. Vous entrez dans un nouvel environnement. Vous devez vous habituer à voir votre travail être scruté à la loupe. La pression entourant sa qualité pèse sur vos épaules. L’institution auquel vous faîtes maintenant partie tourne la page sur une période marquée par la controverse et les justifications. Vous voulez prouver que le projet que vous venez de joindre a sa raison d’être.

Tout le monde a déjà ressenti ces émotions. Imaginez-vous à leur place.

Et bien, c’est aussi exactement de cette manière que se sentiront les quelques 350 étudiant.e.s qui entameront en 2020 l’aventure de la première université unilingue francophone d’Ontario.

Les étudiants porteront l’Université

L’Université de l’Ontario français. Tel sera le nom de l’institution qui occupera les locaux de l’actuel Collège Boréal, établissement postsecondaire situé dans la région de Toronto.

Les clients de ce nouvel acteur universitaire, soit les étudiants et leurs parents, seront ceux qui auront à justifier leur investissement, tout en diminuant la perception de risques auprès de potentiels étudiants clients. Pourquoi des risques, demandez-vous ?

Et bien tout d’abord, le Conseil de planification pour la nouvelle université francophone propose un projet expérimental avec une manière d’enseigner atypique. Tel que rapporté par Étienne Fortin-Gauthier de TFO, les habituels départements seront remplacés par des programmes généraux : pluralité humaine, environnements urbains, économie mondialisée et cultures numériques.

En gros, les premiers étudiants de cette université devront prouver le potentiel académique du projet tout en étant les sujets d’une pédagogie universitaire atypique, caractérisée par des programmes d’études floues.

Ajoutez à cela la pression auxquels les étudiants, mais aussi la vingtaine de membres du personnel, devront faire face afin de prouver que les décennies de revendications n’ont pas été en vain. De par plusieurs indicateurs, tels les résultats scolaires, l’Université franco-ontarienne devra non seulement prouver sa place dans la cour des grands, mais surtout attirer le bassin pour lequel elle fut créée.

75 % des étudiants franco-ontariens poursuivent leurs études postsecondaires dans la langue de Shakespeare, au lieu de celle de Molière. Cette statistique, parmi une multitude d’autres, a été un des fers de lance des mouvements citoyens et politiques qui réclamaient la création d’une université franco-ontarienne. L’espoir entourant cette dernière est que sa présence suffira à diluer considérablement ce taux.

On était dû pour l’avoir.

Que l’on remette en question la pédagogie qui sera appliquée, la pression à laquelle seront soumis ceux qui embarqueront dans le projet en 2020, ou même l’emplacement de l’université, sont une chose.

Mais remettre en question la création de l’institution en est une autre.

On était dû pour l’avoir.

Les quelques universités bilingues ontariennes le sont plus de jure que de facto, et la minorité linguistique francophone est, malgré elle, le critère d’obtention de ce titre d’université bilingue. Prenons l’Université d’Ottawa comme exemple. La culture du bilinguisme y est plus synthétique que la supposée transparence de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (oui, c’est dit).

Un peu ironique comme situation étant donné qu’elle se situe au cœur de la Capitale Nationale, symbole et reflet de la dualité linguistique canadienne…

Dites comme ça, soudainement plusieurs choses commencent à avoir du sens.

Mais bon, n’entamons pas un débat de droits linguistiques et d’identité canadienne aujourd’hui.

Dans les prochains jours, semaines, mois, beaucoup d’encre coulera sur le dossier de cette nouvelle université, et comme vous l’avez deviné, La Rotonde ne fera pas exception à la règle.

Mais lorsque vous lirez les textes de nos journalistes, rappelez-vous que tous comme les futurs étudiants de l’Université de l’Ontario français, ils sont là parce qu’ils croient dans le projet et ils prennent réellement à cœur ce qu’ils font.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire