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Opinions

Réponse au Rédacteur : Pro-vie, pro-choix… mysogynie? Faites attention aux étiquettes!

Web-Rotonde
21 mars 2016

Dans l’article, paru dans La Rotonde, de monsieur Pilon concernant les motions potentielles de l’Assemblée Générale (AG) de la Fédération Étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), plus précisément dans la section « L’interdiction des groupes misogynes », on peut comprendre que l’AG n’a jamais assisté à une rencontre d’un club pro-vie ou, du moins, n’est pas familière avec le club des Étudiants pour la vie de l’Université d’Ottawa.

L’article explique qu’une motion a été proposée pour interdire la présence de groupes misogynes sur le campus en les qualifiant de « peste » qui tentent de « justifier leur sentiment de supériorité et les privilèges masculins » en employant, bien sûr, des « arguments superficiels aisément réfutables ». L’article fournit également un seul exemple, soit celui d’un club pro-vie (étiqueté de « misogyne ») à Mississauga. Ainsi, est-ce que l’AG faisait référence au club pro-vie de l’Université d’Ottawa en songeant à sa motion? Est-ce que ce sont tous les groupes pro-vie qu’on juge comme étant misogynes?

Eh bien, on pourrait tout aussi dire que la position pro-choix est misogyne! Pensez-y! Ce sont surtout les femmes qui sont compromises par l’avortement : qui souffre si la chirurgie est ratée? Certainement pas le chirurgien qui se lave les mains à la fin de sa journée. Non mesdames! C’est vous! L’avortement comporte de nombreux effets secondaires possibles à court-terme comme à long-terme : dépression, infections, hémorragies, cancers, infertilité et j’en passe! Vous n’avez qu’à visionner les vidéos du docteur Anthony Levatino qui font sensation sur YouTube : ce chirurgien traite des complications qui peuvent résulter d’un avortement et il s’y connaît. La position pro-vie cherche donc à protéger les femmes, tandis que ceux qui font la promotion de l’avortement encouragent des comportements misogynes en rendant les femmes plus vulnérables et les hommes moins responsables. Pourquoi s’inquiéter si on peut faire avorter?

Ce n’est pas tout! Les clubs pro-vie se battent, pour sauver (le nom l’indique) des vies humaines, ce qui comprend, croyez-le ou non, des femmes. Même que cela touche majoritairement les femmes, puisqu’on se rend compte qu’il y a souvent des avortements sélectifs. C’est-à-dire que nombreux sont les gens qui choisissent d’avorter non par souci de complications ou par manque de fonds, mais par sexe! C’est un garçon? On garde le bébé. Une fille? Vaut mieux s’en débarrasser et, oh! comme c’est pratique! l’avortement est légal au Canada! Le Canada est même l’un des trois seuls pays au monde (avec la Chine et la Corée du Nord) à n’avoir aucune restriction en lien avec l’avortement : on peut avorter à volonté; de la conception jusqu’à la minute qui précède la naissance. Oui oui, vous avez bien lu. Étonnant, n’est-ce pas?

En vérité, on voit alors que le fait de se positionner en tant que pro-vie ou pro-choix n’a rien à voir avec la misogynie : c’est une question de vie humaine. Le côté pro-vie cherche à protéger et soutenir les femmes, à parler au nom des 100 000 bébés avortés par année au Canada ainsi que pour défendre toute vie humaine, de la conception à la mort naturelle. Le côté pro-choix lui, préfère estimer « le choix », c’est-à-dire que les désirs de la mère (ou du père!) passent avant la vie de ce petit corps, doté de son propre ADN; ce petit être humain donc, qui grandit à l’intérieur d’elle.

Si le sujet vous intéresse, venez assister à un débat (en anglais) qui aura lieu le vendredi 1er avril à 19 h et se tiendra à Vanier 2095, où le côté pro-choix pourra proposer sa vision et le côté pro-vie approfondir ses « arguments superficiels aisément réfutables » que nous venons de présenter. Chacune des deux positions pourront s’exprimer librement, en accord avec cette fameuse Charte canadienne de notre cher pays démocratique, qui nous assure une liberté d’expression.

Au plaisir,

– Les membres du comité exécutif des Étudiants pour la vie de l’Université d’Ottawa, qui, en passant, sont composés en grande majorité de (IL MANQUE UN MOT)

Réponse aux Étudiants pour la vie

En tant que Rédacteur en chef, il est déconcertant de voir que mes mots peuvent être lus, mais si peu compris. L’éditorial auquel les Étudiants pour la vie font référence dans leur lettre ne mentionne aucune des mille et une façons que le mouvement pro-vie enfreint les droits des femmes. À vrai dire, l’éditorial ne s’adresse pas du tout au mouvement pro-vie.

Malheureusement, les auteur.e.s de la lettre ne maitrisent pas plusieurs des termes qu’ils utilisent. « L’AG n’a jamais assisté à une rencontre d’un club pro-vie », disent-ils. Il est difficile de comprendre comment une assemblée pourrait assister à quoi que ce soit. « Est-ce que l’AG faisait référence au club pro-vie de l’Université d’Ottawa en songeant à sa motion? », demandent-ils. Pourtant, l’AG ne propose pas de motion. Les motions sont « songées » par des membres de la communauté étudiante. Cette motion en particulier, comme vous auriez pu le lire dans la dernière édition de La Rotonde, a été proposée par le Mouve­ment étudiant révo­lu­tion­naire (MÉR). Et non, le MÉR n’avait pas votre groupe en tête.

Retournons à l’édito : « Les groupes miso­gynes sont une peste qui proli­fère rapi­de­ment sur les campus univer­si­taires. Ils utilisent des argu­ments super­fi­ciels aisé­ment réfu­tables pour justi­fier leur senti­ment de supé­rio­rité et les privi­lèges mascu­lins. »

Nulle part dans ces mots ne trouvons-nous la moindre mention d’un groupe pro-vie. Nulle part dans la motion ne mentionne-t-on un groupe pro-vie non plus. N’auraient-ils pris que quelques minutes pour lire la motion, les Étudiants pour la vies auraient bien vu qu’elle invoque le groupe CAFE : « Canadian Association for Equality ». En effet, les groupes visés par la motion à l’AG sont d’abord et avant tout les groupes masculinistes. (Voir l’éditorial « Par-delà la masculinité » pour une réponse argumentée à leur dernière conférence.)

D’où vient la confusion alors? L’éditorial mentionne qu’il est illégal d’interdire un groupe simplement parce qu’on n’est pas d’accord avec ce qu’il propose. À titre d’exemple, j’ai fait référence aux démarches du UTMSU :

« En début de l’an­née 2016, le Syndi­cat étudiant de l’Uni­ver­sité de Toronto à Missis­sauga (UTMSU) a refusé de donner le statut de club à un groupe pro-vie. Depuis, une pour­suite en justice, menée par le Justice Centre for Cons­ti­tu­tio­nal Free­doms, a été déposée contre l’UTMSU. Le Centre postule que les actions du Syndi­cat sont une viola­tion de la liberté d’ex­pres­sion et d’as­so­cia­tion garan­tie par la Charte cana­dienne des droits et liber­tés. »

Finalement, j’aimerais souligner le manque alarmant d’intégrité intellectuelle de l’argumentation. Les questions rhétoriques, les formules sarcastiques, les hommes de paille, les pétitions de principe, les pentes glissantes, les expressions biaisées, bref, c’est toute une collection de sophismes.

La lettre propage aussi de la désinformation qui me peine de voir sur les pages de La Rotonde. L’avortement cause le cancer, prétendent-ils? C’est faux. Le Canada, la Chine et la Corée du Nord sont les 3 seuls pays à n’avoir aucune restriction relative à l’avortement? Encore faux. Combien de « bébés avortés » au Canada par année? Zéro. (Un bébé est né et ne peut être avorté.) Combien de vies de femme défendent les groupes pro-vie? Zéro. (Une femme est une adulte.)

Bref, les contraintes d’espace ne permettent pas de développer ici une critique du mouvement pro-vie. De toute façon, ce n’est pas le but de cette réponse. Plutôt, je souhaiterais simplement souligner l’importance de bien lire un éditorial avant d’y répondre. Lisez les articles aussi, vérifiez les sources, maitrisez les concepts. La Rotonde s’engage à faire place aux voix étudiantes, mais, s’il vous plait, faites votre part.

Salutations aux membres du comité exécutif des Étudiants pour la vie,

– Didier Pilon, rédacteur en chef

 

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