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LE RETOUR DE CHAMPLAIN

Rédaction
4 décembre 2017

Labyrinthes

Par Frédérique Champagne

LE RETOUR DE CHAMPLAIN

Battant pavillon français, une frêle caravelle s’enfonce dans le soir tombé
Toutes voiles dehors sous le ciel embrasé, à l’heure fatale de succomber
En voguant douloureusement sur les flots chagrinés de mon dernier crépuscule
À l’autre bout du monde, coûte que coûte, du mauvais côté de l’aurore qui bascule

Déchirant l’horizon à toute vitesse, je souffre dans le noir debout tout seul
Du haut du Cap-Diamant assiégé, je vole à la mort dans tes yeux pleins de vent abrillés de neiges et de linceuls
Des ruines à la grandeur de mon âme, je me jette dans la saison rendue sans pain et sans armes, main dans la main avec le
jour qui me poursuit
Dans une dernière chevauchée au fil des pages, l’épée basse, sans voix, à court de temps, le visage couvert de nuit

1629! Ma vieillesse se meurt vaincue en anglais dans l’éphémère à court d’étoiles, sans astrolabe ni rayon de soleil ni cri d’appel à l’aide
1629! Je pleure des larmes d’ombres sous l’étendard noir des Kirke qui d’un océan à l’autre nous vainquent et nous possèdent
1629! Je t’envoie la main, déporté l’Albion sur la bouche, petite fleur de lys d’or couchée à terre aux pieds d’Étienne Brûlé,
Arrachée à ton mât, morte torturée sous des drapeaux de silence tachés de ciels en sang, cap sur l’horizon et Québec étoilé

Mais bientôt, je toucherai terre à nouveau et la langue disparue de l’ancienne Nouvelle-France renaîtra en écho sur tes lèvres
Où la mort passait déjà dans les pleurs des franco errants qui aujourd’hui se souviennent, agitent du vert et blanc et de la grande noirceur se relèvent
Alors, bravant le destin, mes mots perdus dans le vent, l’Union Jack, 1629 et le cours du temps, je marcherai droit à l’avenir
Avec dans mon cœur ton fantôme et ce long cri de courage qui, je le sais, durera toujours : « Revenir! Revenir! »

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