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Opinions

Retour sur l’Assemblée générale annuelle du RÉFO

Web-Rotonde
27 mars 2017

Opinion

Maxime Le 
Étudiant en sciences de la santé 
Université d’Ottawa

Pendant une fin de semaine, j’ai pu rêver. Rare soit-il de se retrouver en situation où tout le monde marque sa trace avec leur pinceau linguistique sur un canevas provincial. J’ai pu participer à l’assemblée générale annuelle du RÉFO, le Regroupement étudiant franco-ontarien.

Nous étions entourés de nouvelles affaires: de nouveaux ami.e.s, de nouvelles expériences, et de nouvelles découvertes. En plus, l’édifice hôte de notre forum était nouveau! Environ 50 Franco-ontariens étaient rassemblés dans l’agora de l’École d’Architecture MacEwen de l’Université Laurentienne, au cœur de Sudbury, entouré de murales artistiques et de culture.

J’ai pu approfondir mes connaissances sur les réalités des étudiant.e.s francophones dans la province, et j’ai pu voir que leurs attentes ne sont du tout pas rencontrées.

Trop souvent ai-je entendu que des programmes de langue française ont été coupés dans les universités dites « bilingues » et ont su déplacer plusieurs personnes voulant poursuivre leur éducation postsecondaire.

Une des histoires les plus récentes serait probablement celle de Marie-Pierre qui avait eu son programme de folklore et ethnologie annulé, et l’administration lui a indiqué qu’elle devrait suivre un cours en ligne ou compléter des cours en anglais afin de satisfaire aux cours nécessaires pour son bac. Mais elle ne voulait pas les poursuivre dans la langue de Shakespeare.

En ayant entendu des histoires comme celle de Marie-Pierre et des nombreux autres au forum, lors de l’assemblée générale annuelle du RÉFO, j’ai décidé de faire passer une proposition qui guidera l’organisation à se pencher sur une enquête qui évaluera l’impact des annulations des programmes francophones de sorte à quantifier le nombre de programmes annulés et le nombre d’étudiants affectés. C’est avec plaisir que j’indique que cette proposition a été acceptée.

Mais les injustices ne s’arrêtent pas juste là. Je pense à des étudiants francophones qui m’ont dit qu’ils aimeraient bien suivre des cours de langue – comme apprendre l’espagnol, l’allemand ou l’arabe par exemple –, mais que la langue de base et de référence pour enseigner était l’anglais.

Ici même à mon institution, à l’Université d’Ottawa, des exemples me viennent vite en tête par rapport aux injustices que font face les francophones. Il y a deux mois le Centre des droits des étudiants a dénoncé les pratiques de la faculté des sciences de la santé qui continue d’employer des professeurs unilingues anglophones en tant recteurs et doyens.

Sinon un de mes collègues en sciences infirmières me témoigne que les étudiants francophones choisissent souvent de prendre le test provincial d’infirmerie (NCLEX-RN) en anglais, puisque la version francophone est très pauvrement traduite, et les taux de réussite y reflètent justement. Il paraît que ce test est d’origine américaine, et que les étudiants se grattent la tête à essayer de déchiffrer ce que le charabia leur demande.

Dans la même veine, les francophones n’ont pas accès à des matériels scolaires ou de la pédagogie aussi riche que voulu. Évidemment les traductions existent, mais ceux-ci coûtent déjà plus cher que la version originale. Il est rare de retrouver des œuvres de qualité par et pour les francophones et largement utilisées. Trop souvent on a dit d’acheter la plus récente édition d’un manuel en anglais puisque la version française est hors date et la nouvelle version a été retardée.

Pour continuer, je me suis retrouvé bouche bée lorsqu’on a vu les comparaisons chez les provinces voisines, comme par exemple le Québec qui a une population anglophone moindre que la population francophone ontarienne, mais qui a quand même trois universités unilingues anglophones (Concordia, McGill, Bishop’s University). Plus encore, nous sommes plus de Franco-ontariens que de Franco-Néo-Brunswickois et ils ont le privilège d’aller à l’Université de Moncton – une université unilingue francophone.

La question demeure toujours : pourquoi n’avons-nous pas encore une université de langue française en Ontario ?

Bien sûr, nous avons des collèges francophones comme La Cité et le collège Boréal, mais il manque toujours une institution universitaire 100% francophone. Oui, nous pouvons étudier les domaines reliés aux métiers, mais il n’existe pas d’endroit où nous pouvons développer des compétences en recherche et enrichir notre parcours en académie tout en français. On dit parfois que l’Université de Hearst en est une, mais elle est cependant sans administration indépendante francophone – elle demeure toujours liée à l’Université Laurentienne.

OK, oui, des fois les universités qui se disent bilingues peuvent t’offrir cette opportunité, mais trop souvent est-ce que l’on entend que des étudiants ont un parcours scolaire très limité. Je donne l’exemple d’une étudiante internationale qui ne pouvait pas suivre un cours en français au deuxième semestre si elle l’avait souhaitée, puisqu’il était seulement offert qu’aux premiers semestres, et qu’elle avait un conflit à l’horaire lui empêchant. On lui avait expliqué qu’il manque de professeur pour l’enseigner à ce semestre. Pourtant, ses camarades dans le parcours anglophone avaient le choix de suivre le cours dans les deux termes. À cause de ça, elle devra graduer un à deux ans plus tard que prévu. Moi-même j’avais eu à suivre des cours en anglais pendant certains semestres si je voulais compléter mon bac à temps.

« Mais pourquoi ne vas-tu pas étudier au Québec ou en France ? »

Parce que j’aimerais bien avoir le choix de rester dans ma province natale et d’étudier en français. J’aimerais ça pouvoir avoir une communauté, un environnement et une culture en français ou cœur du grand Toronto. J’aimerais ça une direction par et pour les Franco-Ontariens et j’aimerais ça perpétuer la culture de l’Ontario français pour les générations qui suivent.

J’aimerais une Université Franco-Ontarienne pour les gens dont toute leur éducation préuniversitaire était faite en français afin qu’ils puissent continuer à apprendre dans leur première langue. J’aimerais une Université Franco-Ontarienne pour donner le choix aux gens d’avoir une éducation de qualité dans la langue dans laquelle ils ont grandi. J’aimerais une Université Franco-Ontarienne pour me permettre d’avoir une flexibilité, une indépendance, et une liberté quand ça vient à mes choix de cours ou mes choix d’études.

J’aimerais une Université Franco-Ontarienne, puisque pour 150 ans, ce fut un combat pour les francophones de maintenir leur culture en Ontario. Que ce soit par le règlement 17, ou garder l’hôpital Montfort d’ouvert… L’Ontario, c’est notre place – aujourd’hui et demain.

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