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Santé mentale au travail : Quels sont les enjeux ?

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2 décembre 2019

 

Crédit visuel; Loïc Gauthier Le Coz 

Par Maeve Burbridge, Cheffe de la section Actualités

 

Le milieu du travail est un environnement qui peut favoriser une bonne santé mentale ou être largement défavorable à celle-ci. Comment faire la différence entre un milieu de travail exigeant et un milieu malsain ? Quels sont les droits des travailleurs en Ontario ? 

Les problèmes de santé mentale causés par le travail sont de plus en plus répandus chaque année. D’après la société Morneau Shepell, un travailleur canadien sur trois se sent plus stressé au travail en 2019 qu’en 2014. En 2019, l’Organisation mondiale de la santé a reconnu le burnout dû à la surcharge de travail comme une maladie légitime et distincte de la dépression et de l’anxiété.

Une fatigue excessive, des maux de tête, une motivation et une productivité ainsi qu’une précision réduite sont des symptômes qui annoncent l’épuisement professionnel. L’épuisement professionnel partage aussi plusieurs symptômes avec la dépression. 

Un environnement de travail qui mène à l’épuisement professionnel en est un qui peut occasionner une anxiété chronique, selon Katherine Lippel, professeure à l’Université d’Ottawa (U d’O) qui se spécialise en droit de la santé et de la sécurité du travail. Cette anxiété constante serait dûe à une surcharge de travail, des exigences qui dépassent la capacité du travailleur, l’anxiété de performance ou des sentiments de culpabilité quand vient le moment de demander une pause.

Trop motivé.e ?

D’après Mary Ann Baynton, de Workplace Strategies for Mental Health, organisation qui travaille avec les employeurs pour la création d’un environnement de travail sain, un travailleur qui veut atteindre ou surpasser les attentes de son employeur peut exhiber des attitudes malsaines. Travailler durant ses pauses, faire beaucoup d’heures supplémentaires ou refuser de profiter de ses jours de vacances peuvent être des exemples de ce genre d’attitude.

Baynton explique que nombre d’employeurs se réjouissent de ces comportements, croyant qu’il s’agit d’un signe d’amour de son travail et de motivation de l’employé.e. Ces comportements indiqueraient plus souvent une surcharge de travail ou la présence d’anxiété de performance chez le travailleur.

Même quand ces comportements témoignent simplement d’une forte motivation, ils ne sont pas forcément sains. « Notre volition de se dépasser et d’exceller dans notre travail peut nous conduire directement au burnout », explique Baynton.

Des affirmations telles que « j’ai juste besoin de finir ce projet et tout sera correct » ou « je suis stressé.e mais j’adore mon travail donc c’est pas important » peuvent caractériser le chemin vers le burnout.

Lippel informe que les personnes qui travaillent dans les domaines de la santé et de l’éducation sont à un risque plus élevé de souffrir de burnout. Toutefois, il y a des gens de tous les domaines qui en souffrent. D’après Baynton, même les étudiant.e.s universitaires et les élèves du secondaire peuvent expérimenter l’épuisement professionnel ou, dans ce cas-ci, scolaire.

La camaraderie pour un milieu plus sain

Du côté de l’employeur, Baynton raconte que plusieurs sont appelé.e.s à imposer des heures de travail raisonnables auprès de certain.e.s employé.e.s. « Lorsque nécessaire, il faut forcer des employé.e.s qui connaissent moins bien leurs limites à quitter le travail et rentrer chez eux », décrit Baynton.

Afin de réduire les chances d’épuisement professionnel ou l’anxiété excessive au travail chez les employé.e.s, Baynton suggère que les employeurs encouragent un esprit de camaraderie entre les employé.e.s. D’après elle, c’est le facteur qui a le plus grand impact sur la santé mentale des travailleurs.

Le sentiment d’isolement et d’anxiété risque d’accompagner un environnement de travail où l’amitié entre travailleurs est découragée.

Le santé mentale au travail, en Ontario

Baynton travaille pour fournir des stratégies aux employeurs qui désirent réduire l’anxiété de leurs employé.e.s au travail. Qu’en est-il des employeurs qui abusent de leur pouvoir pour faire en sorte que les employé.e.s se sentent obligé.e.s de se surmener ?

Dans ce cas-la, les travailleurs ontarien.ne.s n’ont pas grand pouvoir. Les droits des travailleurs en Ontario, tels que stipulés par la Loi sur les normes d’emploi, ne donnent pas le droit aux travailleurs de refuser un travail pour des raisons liées à la santé mentale. Le droit de refuser un travail n’est permis que par des raisons reliées à la santé physique.

En Ontario, ça reste à la discrétion de l’employeur de décider comment il ou elle veut gérer les demandes de réduction de charge de travail liées à la santé mentale. 

Sur ce point, Lippel expose que le Québec donne le droit au travailleur de refuser un travail afin de favoriser leur santé mentale depuis 30 ans.

Nombre d’autres pays offrent également ce genre de soutien comme les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande ou le Brésil. L’Ontario ne semble pas être présentement en marche vers une politique plus compréhensive vis-à-vis la santé mentale de ses travailleurs.

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