Inscrire un terme

Retour
Éditorial

S’appliquer à apprendre

Web-Rotonde
27 octobre 2014

– Par le Comité Éditorial de La Rotonde – 

Les derniers événements qui ont créé une onde de choc d’ampleur internationale ont particulièrement ébranlé notre campus, situé à peine à quelques pas de l’endroit où a eu lieu la fusillade. La tragédie étant derrière nous, il est maintenant nécessaire d’entretenir une réflexion critique sur les répercussions du drame sur le quotidien de la vie étudiante. C’est dans cet esprit que nous invitons les membres de la communauté universitaire à adopter cette attitude qui se limite malheureusement trop souvent aux salles de classe.

Alors que certains n’aient pas vu leur journée être influencée par les événements, d’autres se sont vus confinés par les mesures de protection choisies par l’Université d’Ottawa (U d’O). Au delà de cette division qu’a créée l’institution par son manque de rigueur, qui est discuté dans cette édition, de ces deux scénarios naît un besoin de s’interroger sur les derniers bouleversements.

Ce qui semble être oublié quelque part dans la zizanie des évènements, c’est qu’en tant qu’étudiants, nous occupons une place centrale pour l’étude de ces faits et de leurs conséquences. Être étudiant, c’est avoir la possibilité d’aller au fond des évènements et de les regarder de façon critique.

Notre qualité d’étudiant nous donne des outils indispensibles, particulièrement dans de pareilles circonstances, pour repousser les préjugés habituels qui émergent après un acte politique d’une telle violence. Quelque que soit notre programme d’études, nous passons quasiment chaque jour à apprendre à tirer des conclusions hâtives, ainsi que de faire preuve d’objectivité. La collecte de sources d’informations fondées se trouve au cœur de l’attitude académique. Ce devoir est bien plus important dans le quotidien que dans la dissertation.

Loin de nous l’idée d’ignorer totalement les sentiments de crainte. Il s’agit plutôt de savoir distinguer notre désir impulsif de sécurité de la réflexion rationnelle au sujet de la violence.

Pour certains, le lien entre le tireur et des organisations internationales terroristes a été fait immédiatement, sois divulguer. Plus tard, des questions sur sa santé mentale ont été posées par différents médias. Dans les deux cas, ces hypothèses ne font qu’amplifier la stigmatisation de ces populations marginalisées.

Les conclusions préliminaires qu’ont tirées certains journalistes, qui se sont avérées tout simplement racistes et xénophobes, montrent la nécessité d’une approche centrée sur la réflexion rationnelle. De plus, la répartition géographique de ces médias est une preuve de plus quant à l’influence des idéologies et du contexte culturel sur des médiums qui se présentent comme objectifs. Pour tirer des conclusions justes, il faut se doter d’un regard aussi objectif que possible.

Au delà des réactions enflammées qu’on peut avoir sur des sujets dont on ignore presque tout, il est fondamental de ne pas s’arrêter aux premières impressions et de chercher à approfondir nos connaissances.

Comment peut-on assumer des revendications qui sont basées sur des demi-vérités, des stéréotypes, des on-m-a-dit-que? C’est au lendemain des moments de crises qu’il est essentiel de se rappeler que nous sommes ignorants de la majorité des informations qui entourent ces situations. Ajouter son grain de sel pour en faire une sorte de concours de popularité sur les médias sociaux n’est ni respectueux, ni représentatif de l’attitude intellective que devraient alimenter nos années universitaires.

C’est dans ce contexte que nous revendiquons, auprès de tous les membres de la communauté universitaire, une vigilance particulière quant aux conclusions qui seront tirées. En se réduisant au silence devant les petites constatations injustes marquant notre quotidien, on finit par naturellement accepter l’injustice. C’est suite à ce premier pas que les critiques contre les discours officiels s’effritent, et que l’injustice devient la norme.

Cette position est nécessaire, non seulement grâce à la méthode qu’elle encourage, mais aussi parce qu’elle a le potentiel de rassembler les communautés touchées par la fusillade. Ceux qui souffrent déjà des stigmas qu’alimentent des drames comme ce dernier, ont beaucoup à apporter aux discussions, autant à l’échelle du campus qu’à l’échelle nationale.

La remise en question est toujours suivie par des apprentissages qui doivent être, plus que jamais, réfléchis. S’appliquer à apprendre, rappellent les racines latines du mot « étudiant ». Dans cette situation ardue, La Rotonde vous invite à être pleinement étudiant(e).

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire